L’euro au plus haut depuis juin, le seuil de 1,30 dollar à l’horizon

 
 
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Le symbole de l’euro devant le siège de la Banque centrale européenne à Francfort en 2005 (Photo : John MacDougall)

[22/11/2006 23:12:32] NEW YORK (AFP) L’euro a grimpé mercredi au plus haut depuis début juin face à un dollar fragilisé par les perspectives économiques et monétaires aux Etats-Unis, et les cambistes voient poindre le seuil de 1,30 dollar, qui inquiète certains responsables politiques en zone euro.

L’euro a atteint mercredi 1,2957 dollar vers 15H30 GMT, un niveau pas vu depuis le 5 juin. Il valait 1,2943 USD vers 22H00 GMT. Le seuil de 1,30 dollar n’a pas été franchi depuis avril 2005.

La pression sur le billet vert s’intensifie à mesure que se dessine le point final du cycle de resserrement monétaire américain. La Réserve fédérale (Fed) n’a plus modifié son taux directeur depuis un dernier relèvement à 5,25% en juin.

“Les craintes d’un ralentissement prononcé de la croissance américaine ont ressurgi vendredi dernier suite à la publication d’une forte chute des mises en chantier en octobre”, ont souligné les analystes d’Ixis CIB.

“La dégradation de l’immobilier pourrait se répercuter sur les autres secteurs d’activité qui demeurent pour l’heure solides (…) et cela a renforcé les anticipations de baisse des taux directeurs en mars 2007”, ont-ils ajouté.

Pour Marios Maratheftis, de la banque Standard Chartered, les fondamentaux économiques, en particulier la divergence de taux d’intérêt entre les Etats-Unis, où les taux stagnent, et la zone euro, où ils restent sur la pente ascendante, plaident pour un euro à 1,30 dollar à courte échéance.

Si tel devait être le cas, l’euro pourrait évoluer bientôt à la fois au-dessus de 1,30 dollar et de 150 yens, deux seuils qui font grincer des dents les exportateurs de la zone euro.

La nouvelle serait fraîchement accueillie en France, où la croissance a stagné au troisième trimestre, en même temps que les exportations ont reculé pour la première fois depuis six trimestres. Plusieurs hommes politiques ont récemment critiqué la politique de la Banque centrale européenne (BCE), réputée promouvoir un euro fort.

Mardi, la ministre française du Commerce extérieur, Christine Lagarde, a estimé que la BCE “pourrait faire plus” pour la croissance et critiqué à demi-mot l’orthodoxie monétaire de la banque.

“Un euro à 1,30 dollar n’est pas une nouvelle désastreuse”, a relativisé Jonathan Loynes, du cabinet Capital Economics. “L’euro est déjà à un niveau historiquement haut et les exportations européennes ne se portent pas si mal que cela”. Le prix moyen d’un euro est en effet de 1,2510 dollar depuis deux ans, contre 0,90 dollar lors de sa mise en circulation début 2002.

“Un mauvais chiffre ne fait pas une tendance et la stagnation de la croissance française n’a pas changé le sentiment des marchés”, a jugé Stuart Bennett, de la banque Calyon.

Mercredi matin, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a d’ailleurs estimé que le taux de change actuel de l’euro n’était pas un handicap pour l’économie européenne.

“Je ne vois pas une situation où nous commencerions à souffrir d’un taux de change qui serait dommageable”, a-t-il estimé. Il a cependant déploré une baisse “trop sévère” du yen, qui évolue à ses plus bas historiques face à l’euro.

Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, reste inflexible face aux critiques, répétant que la mission de son institution n’est pas de soutenir la croissance mais d’assurer la stabilité des prix.

Le yuan chinois valait 7,8647 yuans pour un dollar au terme des échanges sur le marché interbancaire, contre 7,8710 yuans pour un dollar mardi.

 22/11/2006 23:12:32 – © 2006 AFP