Fret postal : La Poste et la SNCF s’allient pour faire face à la concurrence

 
 
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La présidente de la SNCF Anne-Marie Idrac (g) et le président du groupe La Poste Jean-Paul Bailly lors d’une conférence de presse, le 20 novembre 2006 à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

[20/11/2006 18:15:27] PARIS (AFP) La Poste et la SNCF ont décidé de créer un opérateur commun de fret postal à grande vitesse en France et en Europe, une façon de donner un nouvel élan au secteur en difficulté du transport de marchandises et un moyen de faire face à une concurrence de plus en plus âpre.

Les bases de cette future société commune ont été présentées lundi par la SNCF et La Poste: il devrait être opérationnel fin 2008 avec pour but de tripler l’offre de fret ferroviaire à grande vitesse.

“A terme, l’objectif de cette filiale est de faire passer le trafic de 56.000 tonnes par an à environ 150.000”, a déclaré Jean-Paul Bailly, PDG de La Poste lors d’une conférence de presse, en présence d’Anne-Marie Idrac, présidente de la SNCF et de François Loos, ministre de l’Industrie.

Aujourd’hui, 12% du courrier est acheminé par avion, 3 à 5% par train et le reste par route, a précisé Gabrien Hentzen, responsable du programme fret à grande vitesse à La Poste.

Selon Mme Idrac, “l’environnement est favorable au développement du fret ferroviaire en général et de fret à grande vitesse en particulier” en raison de “l’évolution du prix du pétrole, l’engorgement des infrastructures” qui peuvent freiner le fret aérien et routier.

La création de ce futur opérateur ferroviaire “s’inscrit dans une volonté stratégique de développement de l’activité de la SNCF dans le fret”, a insisté la présidente de la SNCF, dont la branche marchandises est en difficultés, touchée de plein fouet par l’ouverture à la concurrence des lignes nationales depuis mars.

Pour rogner des parts de marché, la SNCF et La Poste prévoient notamment la création d’une plate-forme TGV à l’aéroport de Roissy près de Paris, qui permettra de relier Strasbourg, Dijon, Rennes, Lyon, Bordeaux via Poitiers et Lille.

Le futur opérateur, dont les modalités exactes vont être étudiées par une filiale commune d’ingénierie, détiendra à terme dix rames de TGV postal, qui permettront 20 liaisons quotidiennes contre trois rames (détenues par la Poste) et huit liaisons actuellement.

Aujourd’hui, La Poste paie à la SNCF des “prestations de service”, comme le conducteur par exemple, qui représentent une part infime du chiffre d’affaires total du fret SNCF (2,1 milliard en 2005), a expliqué un porte-parole de la SNCF.

Ce “partenariat public-public”, selon le terme de Jean-Paul Bailly, permettra aussi à La Poste de se préparer à la libéralisation totale de son secteur en 2009. Il s’inscrit dans le cadre de sa stratégie “Cap Qualité Courrier”, lancée en 2004, un investissement total de 3,4 milliards d’ici 2010 et dont le premier objectif est la rapidité.

La Poste vise 90% des plis en tarif rapide arrivés à destination à J+1 en 2010, un niveau déjà atteint par ses concurrents allemand Deutsche Post et néerlandais TNT.

Dans un deuxième temps, à partir de fin 2010, l’opérateur s’étendra en Europe, vers Amsterdam, Cologne, Londres, Bâle, Turin ou encore “l’arc méditerranéen, Espagne/France/Italie” notamment via des alliances avec les opérateurs ferroviaires locaux.

La concurrence dans le domaine du fret à grande vitesse s’était déjà manifestée en juin avec un projet similaire de réseau de fret TGV européen au départ de l’aéroport de Roissy à l’horizon 2009-2010, soutenu notamment par les entreprises Fedex, WFS,et Air France Cargo mais aussi La Poste.

Interrogé sur ce point, Jean-Paul Bailly a botté en touche, répondant que les projets n’avaient “pas tout à fait la même dimension”.

 20/11/2006 18:15:27 – © 2006 AFP