Arcelor Mittal : Lakshmi Mittal prend totalement le pouvoir

 
 
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Roland Junck (G) et Lakshmi Mittal en conférence de presse à Madrid le 13 septembre 2006 (Photo : Javier Solano)

[06/11/2006 17:26:37] PARIS (AFP) A peine quatre mois après le rachat d’Arcelor par Mittal, Lakshmi Mittal s’est installé seul aux commandes du groupe lundi, une nouvelle étape dans sa prise de pouvoir qui contredit les principes d’une fusion toujours présentée comme étant entre égaux.

Le groupe a annoncé la nomination de M. Mittal comme président de la direction générale du numéro un mondial de l’acier, en remplacement de l’ancien dirigeant d’Arcelor Roland Junck.

L’homme d’affaires indien cumulera sa nouvelle fonction avec celle de “président” du conseil d’administration.

Le conseil a voté à l’unanimité dimanche pour cette décision, qui prend effet immédiatement. Elle devra être entérinée par les actionnaires, a précisé au cours d’une conférence de presse Joseph Kinsch, “chairman” du conseil d’administration. La famille Mittal, qui détient 43% du capital ne participera pas au vote, a-t-il ajouté.

“Cela a été de mon initiative, cela doit être clair”, a dit M. Junck. “Je suis arrivé à la conclusion que la structure n’était pas la plus adaptée pour le futur de ce groupe”, a-t-il expliqué.

Ce changement “est dans l’intérêt des actionnaires, (…) dans l’intérêt de l’organisation, rien de plus”, a commenté M. Mittal.

Cette annonce inattendue n’a pas plu aux investisseurs. Le titre Arcelor Mittal a perdu 0,54% à la Bourse de Paris, à 32,91 euros, dans un marché en hausse de 1,24%.

Elle intervient alors que Mittal Steel ne possède pas encore 100% des actions d’Arcelor. Son OPA court jusqu’au 17 novembre. Les deux groupes devraient être totalement fusionnés, “fin avril ou en mai”, a indiqué M. Kinsch.

Cette désignation de Lakshmi Mittal à la direction opérationnelle marque une nouvelle étape dans sa prise de contrôle du sidérurgiste.

A l’origine, il avait affirmé ne pas vouloir assurer de rôle exécutif et avait à dessein choisi un ancien d’Arcelor pour la direction générale, afin de rassurer ceux que son OPA inquiétait.

M. Junck reste membre de cette direction, en charge notamment des ressources humaines, du marketing et de la Chine, et “agira comme conseiller” de M. Mittal. Plutôt discret pendant la longue bataille entre les deux groupes, il avait remplacé en août à la direction opérationnelle du groupe Guy Dollé, un fervent opposant à Mittal.

Cette réorganisation intervient au moment où le groupe doit régler plusieurs problèmes délicats: lancement d’une offre sur les minoritaires de sa filiale au Brésil, qui pourrait lui coûter près de 3 milliards d’euros, et casse-tête juridique de la propriété de Dofasco.

Ce sidérurgiste canadien avait été racheté en janvier par Arcelor, à l’issue d’une bataille avec l’allemand ThyssenKrupp. Par la suite, Mittal Steel s’était entendu avec ce dernier pour lui revendre Dofasco en cas de succès de son OPA sur Arcelor. Une promesse difficile à tenir car Arcelor a protégé Dofasco par un montage juridique.

Le gouvernement luxembourgeois, qui détient 2,7% du capital d’Arcelor Mittal, a apporté son soutien à la désignation de M. Mittal, estimant qu’elle est “dans l’intérêt de la société”, dont le siège restera dans ce pays.

Au contraire, les syndicats CGT et CFDT ont dénoncé une “prise de pouvoir complète” de l’homme d’affaires indien sur le groupe qui contredit ses “promesses” passées.

Par ailleurs, Arcelor Mittal a annoncé lundi de bons résultats et confirmé ses prévisions pour l’ensemble de l’exercice. Au troisième trimestre son bénéfice net a grimpé à 2,18 milliards de dollars, après 1,8 milliard au deuxième trimestre.

 06/11/2006 17:26:37 – © 2006 AFP