Petite révolution dans le monde du logiciel avec l’alliance Windows-Linux

 
 
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Le PDG de Novell Ron Hovsepian (g) et celui de Microsoft Steve Ballmer, lors d’une conférence de presse à San Francisco le 2 novembre 2006 (Photo : Monica M. Davey)

[03/11/2006 08:12:23] NEW YORK (AFP) Le géant mondial des logiciels Microsoft, créateur de Windows, et la société informatique Novell, du camp adverse de la norme Linux, ont décidé de s’allier pour rendre compatibles leurs systèmes d’exploitation, une petite révolution pour l’industrie du logiciel.

L’annonce a été faite jeudi soir aux Etats-Unis, par les deux sociétés, qui se sont engagées à collaborer sur le plan commercial, technique et des brevets: Microsoft et Novell vont chacun promouvoir le système d’exploitation de l’autre et vont sortir “une série de solutions communes”.

“C’est un événement énorme pour le marché du logiciel”, a jugé Carmy Levy, analyste du cabinet spécialisé Infotech Research.

“Quand la plus grande compagnie de logiciels du monde veut nouer une alliance stratégique avec une petite compagnie qui défend la philosophie opposée, celle de “l’open source” (logiciel libre), c’est le signe que le monde du logiciel a fondamentalement changé”, a-t-il ajouté.

De fait, ce partenariat réunit deux idéologies rivales du logiciel: celle des solutions sous licence, qui s’est imposée avec Microsoft, qui équipe aujourd’hui 90% des ordinateurs dans le monde avec son système d’exploitation Windows, et celle du logiciel libre, incarnée par Linux, qui défend la liberté d’accès, d’utilisation et de modification de son programme informatique.

Pour Microsoft comme pour Novell, qui distribue un logiciel fonctionnant sous environnement Linux, Suse Linux, cette initiative répond à une demande des clients.

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Le PDG de Microsoft Steve Ballmer, lors d’une conférence de presse à San Francisco le 2 novembre 2006 (Photo : Monica M. Davey)

“Nous avons parlé avec beaucoup d’observateurs de cette industrie, et tout le monde est d’accord pour dire que nous avons besoin de construire une interopérabilité, un pont” entre les systèmes logiciels concurrents, a rapporté le PDG de Microsoft Steve Ballmer.

“Notre motivation pour cet accord a été que les consommateurs ont besoin de se consacrer aux possibilités accrues permises par la compatibilité, pas de perdre du temps sur la façon de faire fonctionner des environnements informatiques différents”, a ajouté Ron Hovsepian, le patron de Novell.

“Nos deux groupes incarnent depuis longtemps des positions fortes dans cette industrie (…) et nous avons besoin aujourd’hui de donner à nos usagers une passerelle et de la tranquillité d’esprit”, a-t-il ajouté.

“Cet accord va effectivement créer une passerelle entre le monde du logiciel commercial, occupé par Windows, et celui du logiciel libre, plus spécifique”, estime M. Levy. “Les deux technologies sont complémentaires, mais cet accord va apporter un changement moins au grand public qu’aux entreprises, dont beaucoup ont besoin des deux environnements”, ajoute-t-il.

Lors d’une conférence de presse, un cadre de la banque d’affaires Goldman Sachs, cliente de Microsoft et de Novell, a d’ailleurs expliqué son soulagement à avoir bientôt un environnement logiciel unique, plus simple d’utilisation.

“C’est une évolution logique qui répond à une tendance de fond, la compatibilité”, souligne Carmy Levy, citant les assistants numériques personnel du groupe Palm fonctionnant aujourd’hui avec le produit concurrent Windows.

En avril, Microsoft et son rival Apple avaient aussi fait un pas en ce sens, grâce au programme “Bootcamp” permettant de faire cohabiter Windows avec le système d’exploitation Mac OS sur les ordinateurs Mac d’Apple. L’argument était d’offrir aux usagers à la fois Windows et Mac, aux fonctionnalités historiquement incompatibles.

L’ouverture de Microsoft vers le monde du logiciel libre reste sous conditions.

“L’accord prévoit une couverture légale dans l’accès à nos brevets respectifs”, a expliqué Bernard Ourghanlian, directeur technique de Microsoft France. Ce qui veut dire que “Microsoft n’ouvre pas ses brevets à toute la communauté Linux, et cela va mettre les autres acteurs du logiciel libre sur la défensive”, explique Carmy Lévy.

En tout cas, “l’accord apporte une bonne image à Microsoft, critiqué pour sa position de monopole dans cette industrie”, selon ce dernier.

 03/11/2006 08:12:23 – © 2006 AFP