Brésil : Lula coupe court aux spéculations sur un relâchement budgétaire

 
 
SGE.HFY08.311006183233.photo00.quicklook.default-245x174.jpg
Le président brésilien Lula, le 30 octobre 2006 à Brasilia (Photo : Evaristo SA)

[31/10/2006 18:37:23] SAO PAULO (AFP) Le président Lula a coupé court aux spéculations sur un relâchement de la rigueur budgétaire et de la maîtrise de l’inflation après l’éclosion d’un débat sur une accélération de la croissance économique afin de résorber la pauvreté.

Au lendemain de sa réélection triomphale avec 60,8% des voix, le président Lula a réaffirmé lundi soir dans des entretiens séparés avec quatre chaînes de télévision les fondements de sa politique économique.

Dimanche, au soir de sa réélection, le président Luiz Inacio Lula da Silva avait promis que la croissance atteindrait 5% l’an prochain. Le Brésil, à la traîne des autres pays émergents, a connu une croissance poussive de 2,3% l’an dernier.

Déclarant qu’il gouvernerait en priorité pour les pauvres, Lula avait estimé que “les bases étaient jetées pour que le Brésil connaisse un saut qualitatif extraordinaire” qui le placera “parmi les pays développés”.

“Nous ne changerons pas l’objectif de taux d’inflation qui est fondamental pour aider les pauvres”, a précisé lundi soir Lula à la chaîne de TV Record. La banque centrale table désormais sur un taux d’inflation de 3,4% cette année, inférieure à l’objectif du gouvernement de 4,5%.

“Nous allons poursuivre une politique budgétaire responsable, conserver un objectif d’inflation et oeuvrer en faveur de la croissance économique”, a-t-il dit.

Au milieu de spéculations sur la composition de sa future équipe économique, le chef de l’Etat a désavoué les déclarations de son ministre des Relations institutionnelles Tarso Genro.

Ce dernier avait annoncé dimanche la fin de “l’ère Palocci”, en référence à la politique de rigueur monétaire et budgétaire appliquée par l’ancien ministre des Finances Antonio Palocci, en étroite collaboration avec le président de la banque centrale Henrique Meirelles.

Sous la houlette de ces tenants de l’orthodoxie monétaire, les taux d’intérêts étaient montés à 19,75% en septembre 2005 avant de baisser de six points à 13,75% actuellement.

“Les bas indices de croissance économique et la préoccupation névrotique de l’inflation, sans penser à la distribution du revenu et à la croissance, c’est terminé”, avait assuré Tarso Genro.

Réaffirmant qu’il était seul maître à bord, le président Lula a défendu la politique suivie. “Si le Brésil peut croître et se développer davantage, c’est le résultat d’une politique économique sérieuse que nous avons mise en oeuvre durant le premier mandat”, a-t-il dit à la chaîne Globo.

“La politique économique du gouvernement est (…) surtout déterminée par moi”, a-t-il indiqué.

Le président a par ailleurs réaffirmé à son poste le ministre actuel des Finances. Guido Mantega “est mon ministre des Finances tant que j’en déciderai ainsi”, a-t-il dit, mettant un terme aux rumeurs de remplacement.

Lula n’a pas soufflé mot du président de la banque centrale, accusé par les milieux industriels d’avoir eu la main trop lourde en matière de taux d’intérêts. Paulo Skaf, président de la puissante Fédération des industries de l’Etat de Sao Paulo (FIESP), a demandé lundi le départ de M. Meirelles.

Lundi, la Bourse de Sao Paulo avait perdu 1,09% en clôture à 38.900 points, à la suite d'”appréhensions” des opérateurs de marché sur la composition du futur gouvernement. Mardi l’indice boursier Ibovespa regagnait 0,26% vers 12H00 locales.

Un débat récurrent oppose au sein du gouvernement les “développementistes” parmi lesquels se rangent les ministres Tarso Genro, Guido Mantega, et Dilma Rousseff, bras droit de Lula, partisans d’accélérer les investissements et la baisse des taux d’intérêt, et les adeptes d’une politique plus graduelle, accompagnée d’une réduction des dépenses courantes.

 31/10/2006 18:37:23 – © 2006 AFP