Le dollar dopé par l’atterrissage en douceur de l’économie américaine

 
 
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Des billets en euros et en dollars dans un bureau de change

[10/10/2006 17:57:37] NEW YORK (AFP) Le dollar évolue à ses plus hauts niveaux depuis trois mois face à l’euro et depuis dix mois face au yen, profitant des signes de plus en plus apparents d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine qui éloigne le spectre d’une récession.

L’euro a reculé mardi jusqu’à 1,2515 dollar, soit son plus bas niveau face au billet vert depuis le 19 juillet. Le dollar est aussi monté jusqu’à 119,78 yens, un niveau plus vu depuis le 14 décembre 2005.

Cette résistance du billet vert apparaît comme la conséquence des anticipations des investisseurs et économistes, de plus en plus nombreux à écarter le scénario d’un atterissage brutal de l’économie américaine, au profit d’un ralentissement plus en douceur.

“La force du billet vert est due au fait que l’économie américaine semble en meilleure forme que prévu”, résume Robert Brusca, de FAO Economics.

L’économie américaine va connaître une période de croissance faible sans tomber dans la récession, a aussi estimé mardi l’institut de conjoncture privé, Conference Board.

“Les marchés sont désormais convaincus désormais que la Réserve fédérale américaine (Fed) aura seulement à baisser ses taux de façon modérée, en dépit du ralentissement brutal du marché de l’immobilier” selon Julian Jessop, économiste chez Capital Economics à Londres.

Or ce scénario, “où les taux d’intérêt ne devraient pas trop baisser, mais suffisamment pour permettre une forte croissance, apparaît comme un facteur de soutien au billet vert”, a-t-il ajouté.

Les dernières publications macro-économiques aux Etats-Unis ont, en effet, écarté le spectre d’une récession aux Etats-Unis.

Les chiffres de l’emploi, vendredi, ont fait état de 51.000 créations d’emplois en septembre alors que 120.000 étaient attendues, mais la baisse du chômage a rassuré les analystes.

“De nombreux analystes tablent désormais sur un maintien des taux d’intérêt à leur niveau actuel à court terme alors qu’ils pariaient avant cette publication sur une baisse”, souligne David Gilmore, de Foreign Exchange Analytics.

“En outre, plusieurs membres de la Fed adoptent toujours un ton belliqueux sur l’inflation, laissant penser que la banque centrale pourrait même relever encore ses taux”, actuellement fixés à 5,25%, poursuit-il.

L’analyste citait notamment Janet Yellen, qui siège au Comité monétaire de la Fed (FOMC). Celle-ci a affirmé lundi que les perspectives d’évolution de l’inflation aux Etats-Unis restaient encore très incertaines et conduisaient à une grande vigilance en la matière.

De même, le Conference Board a estimé mardi que la Fed, au lieu de baisser ses taux, risquait d’avoir encore à les remonter.

Et même si en zone euro, la Banque centrale europénne (BCE) devrait procéder à de nouvelles hausses de ses taux d’intérêt, actuellement fixés à 3,25%, “le différentiel ne se resserrera pas suffisamment pour ne pas continuer à profiter au billet vert”, estime Rafaël Martorell, de BNP Paribas.

Quant à la Banque du Japon (BoJ), elle a laissé inchangé début septembre son principal taux directeur à 0,25%.

“De nombreux investisseurs, qui avaient anticipé un affaiblissement du dollar, s’aperçoivent aujourd’hui que cela ne s’est pas produit et se décident à liquider leurs positions longues en euro, en achetant de la devise américaine”, souligne aussi M. Gilmore, qualifiant cette attitude de “défensive”.

Les analystes prévoient cependant que le dollar devrait se stabiliser et ne pas dépasser le seuil de 1,24 dollar pour un euro.

“Si le ralentissement du marché de l’immobilier s’avère plus important que prévu (…), la Fed aura sûrement à baisser davantage ses taux, ce qui serait négatif pour le dollar”, prévient aussi M. Jessop, économiste chez Capital Economics à Londres.

 10/10/2006 17:57:37 – © 2006 AFP