Nouveaux retards à l’horizon pour l’A380 d’Airbus

 
 
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Des salariés du groupe aéronautique Airbus montent à bord d’un A380 pour un vol test, le 4 septembre 2006 à l’aéroport de Toulouse-Blagnac (Photo : I. Gousse)

[20/09/2006 17:09:58] PARIS (AFP) Airbus devrait prochainement annoncer des retards supplémentaires dans le calendrier de livraisons de son avion géant A380, en raison de difficultés industrielles persistantes sur ce programme, que l’avionneur européen espère résoudre en mobilisant des experts en électricité.

Ce serait la troisième fois qu’Airbus décale le calendrier de livraisons de son programme-vedette, estimé à quelque 12 milliards d’euros, qui affiche déjà plus d’un an de retard.

“Une division par deux des livraisons l’an prochain semble logique, au vu des difficultés industrielles liées à l’adaptation des câblages électriques aux variantes demandées par les clients”, a confié mercredi à l’AFP une source interne au constructeur aéronautique.

Selon une autre source, la direction a commencé à informer les représentants syndicaux de “cette tendance de nouvelle réduction des livraisons”.

Airbus avait déjà prévenu en juin que les livraisons de son avion à double pont, d’une capacité comprise entre 555 et 840 sièges, seraient réduites à 9 contre 25 initialement prévues.

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Un des Airbus A380 destinés au test de confort des passagers décolle de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, le 4 septembre 2006 (Photo : Eric Cabanis)

Selon le quotidien Les Echos mercredi, le nouveau calendrier “impliquerait des retards supplémentaires d’au moins six mois pour les premières compagnies clientes”.

“Une revue interne et une analyse exhaustive de la situation sont en cours, et ne sont pas terminées”, a seulement indiqué une porte-parole de l’avionneur, en rappelant que les conclusions seraient présentées au conseil d’administration d’EADS (maison mère d’Airbus) le 29 septembre.

Dans cette attente, la direction du constructeur a repoussé un comité européen d’organisations syndicales prévu les 26 et 27 septembre à Toulouse, a-t-on appris de source syndicale.

Le directeur général du britannique BAE Systems, Mike Turner, dont l’entreprise s’apprête à céder à EADS ses 20% dans Airbus, avait agité le chiffon rouge il y a une semaine en déclarant qu’il serait “surpris s’il n’y avait pas de nouveaux retards”.

Les problèmes de production invoqués par Airbus en juin ont plongé la société et EADS dans une crise sans précédent, entraînant des remaniements à la tête des deux groupes. EADS, dont Airbus représente 80% des recettes, prévoit un manque à gagner de deux milliards d’euros d’ici 2010.

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Fiche technique de l’Airbus A380

Depuis, le nouveau patron d’Airbus, Christian Streiff, a changé le chef de programme A380 et, de sources internes, il a décidé la mise en place immédiate d’une “plateforme électrique” dans ses usines toulousaines.

Cette plateforme, présentée fin août au comité d’entreprise, regroupera entre 250 et 300 spécialistes français et allemands afin “d’échanger les expériences et les méthodes, pour aider les collègues allemands dont les tronçons d’avions sont les plus touchés, à sortir de l’ornière”.

En attendant, les compagnies clientes, déjà en négociations pour obtenir des indemnités de retard, s’inquiètent pour leur programme de vol.

Air France, qui misait sur de premières livraisons à l’été 2008, “a été informée comme les autres compagnies” par Airbus “d’un nouveau programme de livraison” et dit attendre plus de précisions. Selon Les Echos, la compagnie française pourrait repousser l’exploitation de l’appareil à l’été 2009.

Emirates, plus gros client de l’A380 avec 45 commandes, espère encore recevoir “deux à trois Airbus A380 en 2007”, à partir du mois d’octobre.

Au moindre décalage, Singapore Airlines, la compagnie de lancement de l’A380, risque quant à elle de ne faire voler l’appareil qu’en 2007 et non à la fin 2006 comme prévu.

En regard des difficultés de l’A380, la santé de la famille de moyens courriers (A318, 319, 320 et 321) reste resplendissante. Elle a valu une belle consolation à Airbus avec la commande annoncée mercredi soir par la compagnie allemande Lufthansa de 30 avions de cette famille et de cinq bi-réacteurs long courrier A330.

L’action EADS a aussi terminé en légère progression à la bourse de Paris (+0,35% à 22,80 euros), après une chute de 4% à l’ouverture.

 20/09/2006 17:09:58 – © 2006 AFP