Scania : les grands actionnaires rejettent en bloc l’offre de MAN

 
 
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Photo de camions du conglomérat allemand MAN prise le 15 septembre 2006 à Hanovre (Photo : Jochen Luebke)

[18/09/2006 16:11:48] FRANCFORT (AFP) Le conglomérat allemand MAN, qui propose 9,6 milliards d’euros pour acquérir Scania, a essuyé lundi une fin de non-recevoir des deux grands actionnaires du fabricant suédois de camions, Volkswagen et la famille Wallenberg, qui va sans doute le contraindre à revoir son offre.

Après une semaine de spéculations, MAN a abattu ses cartes lundi: il a proposé en numéraire et en actions près de 442 couronnes suédoises (48 euros) par action Scania, soit au total quelque 9,6 milliards d’euros.

Avec Scania, le groupe bavarois veut se hisser au premier rang du marché européen des poids lourds, devant le germano-américain DaimlerChrysler et le groupe suédois Volvo.

L’offre est toutefois mal engagée. Certes, MAN a déjà récupéré les 5,18% des droits détenus par le français Renault, une information confirmée par ce dernier en fin d’après-midi.

Mais c’est bien tout. La direction de Scania a réagi froidement. “Après avoir étudié sérieusement l’offre, le conseil d’administration a décidé à l’unanimité de ne pas la soutenir”, a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Puis ce fut au tour de la famille Wallenberg, qui détient directement et indirectement 29% des droits de vote. La proposition de MAN “ne reflète pas la juste valeur ni le potentiel de Scania”, a-t-elle fait savoir lundi, via sa holding Investor.

Enfin, Volkswagen a bouclé la boucle. Le numéro un européen de l’automobile a plus d’une fois réaffirmé le caractère “stratégique” et “l’intérêt industriel” de sa participation dans Scania, dont il détient 18,7% du capital et 34% des droits de vote, a-t-il réagi dans un communiqué.

“Une acceptation de l’offre de reprise sur Scania présentée aujourd’hui par MAN ne représenterait pas cet intérêt industriel”, estime le groupe, dont le patron, Bernd Pischetsrieder est aussi président du conseil d’administration de Scania. “C’est pourquoi le groupe Volkswagen refuse d’accepter l’offre et ne cède pas sa participation”.

MAN, qui a conditionné le succès de son OPA au rachat de 90% du capital et des droits de vote, n’a donc pour le moment aucune chance, à moins de réétudier son dossier.

Le patron suédois de MAN, qui s’est exprimé avant l’annonce de Volkswagen, avait tenu à faire bonne figure. “Nous sommes conscients d’avoir un projet industriel très solide et nous pensons que les actionnaires vont comprendre au final que notre combinaison est la plus intéressante”, a déclaré Haakan Samuelsson au cours d’une conférence de presse à Stockholm.

En terme de parts de marché, un mariage MAN-Scania donnerait naissance au numéro un européen des poids lourds de plus de 16 tonnes, et au numéro deux pour les autocars, selon les chiffres de la Fédération des constructeurs automobiles allemands (VDA). Il se placerait par ailleurs au troisième rang mondial.

Lundi, les analystes exprimaient leur foi dans un projet intéressant sur le plan stratégique et géographique, MAN se concentrant sur l’Allemagne et Scania sur les régions scandinaves et la Grande-Bretagne.

Mais ils s’inquiétaient des risques de surenchères. “Avec le refus des Wallenberg, les chances de succès de MAN sont plutôt faibles (…) On peut donc penser que le groupe va devoir relever son offre” ou en modifier les conditions en abandonnant l’objectif d’obtenir 90% du capital, notait Björn Rosentreter, d’Independant Research. Le rejet de VW ne faisait que renforcer cette analyse.

“Il y a un risque de dérapage”, renchérissait Robert Heberger de Merck Finck, soulignant le prix élevé de Scania, et les perspectives moins favorables du marché des poids lourds, qui vient d’atteindre un pic après quatre ans de forte croissance.

L’action MAN a payé le prix de ces craintes et chuté de 5,30% à 60,61 euros à la clôture de la Bourse de Francfort, tandis qu’à Stockholm, Scania a bondi de 5,77% à 449 couronnes ou 48,82 euros, un cours déjà supérieur à l’offre de MAN.

 18/09/2006 16:11:48 – © 2006 AFP