Le yen sous pression à cause de l’argent bon marché au Japon

 
 
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Un homme d’affaires passe devant un tableau des changes à Tokyo, le 8 juin 2006 (Photo : Kazuhiro Nogi)

[07/09/2006 09:15:46] TOKYO (AFP) Le yen, qui a récemment atteint un plancher record face à l’euro, devrait rester encore longtemps sous pression en raison des coûts très peu élevés du crédit au Japon, qui incitent les banques et les spéculateurs à emprunter dans l’Archipel pour investir ailleurs.

Depuis le début de l’année, la devise nippone a cédé quelque 7% face à la devise européenne. Elle a atteint fin août un niveau historiquement faible, dépassant pour la première fois la barre des 150 yens pour un euro.

Le taux de change réel du yen –c’est à dire corrigé de l’impact des variations des prix– est, pour sa part, au plus bas depuis plus de vingt ans.

Malgré l’évidente bonne santé de la deuxième économie mondiale, le yen aura peu de chances de se redresser significativement tant que la différence entre les taux d’intérêt au Japon (0,25%), dans la zone euro (3%) et aux Etats-Unis (5,25%) restera aussi importante, avertissent les cambistes.

Ces écarts entre les taux encouragent en effet le “carry trade”, pratique qui consiste à emprunter de l’argent pas cher au Japon, à le changer en euros ou en dollars, et à l’investir là où il rapportera beaucoup plus.

Le “carry trade” avait connu une pause cet été, lorsque la banque centrale nippone avait mis fin à sa politique de taux zéro en vigueur depuis 2001.

Ce relèvement historique du loyer de l’argent avait alors fait croire au marché que d’autres hausses étaient imminentes, et que l’époque bénie de l’argent facile était désormais pratiquement enterrée au Japon.

Peine perdue: le “carry trade” s’est à nouveau accéléré depuis le 25 août, date de la publication d’un taux d’inflation beaucoup plus bas que prévu en juillet dans l’Archipel (+0,2%, alors que le marché attendait +0,5%).

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Un quartier d’affaires de Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Ce chiffre surprenant, dû principalement à une révision de la méthode de calcul de l’indice des prix à la consommation, a fortement diminué les chances d’un nouveau relèvement de taux par la Banque du Japon (BoJ) avant quelques mois. Dans la zone euro, en revanche, la plupart des analystes s’attendent à une poursuite du processus de resserrement monétaire dès l’automne.

“La faiblesse du yen va persister car les fonds spéculatifs et les banques étrangères, qui pensent désormais que le différentiel de taux d’intérêt restera élevé, vendent massivement la devise japonaise pour faire du carry trade”, explique Takeshi Makita, économiste au Japan Research Institute.

Alors que l’économie japonaise se porte de mieux en mieux et qu’apparaissent des risques de surinvestissement et d’inflation, la Banque du Japon devrait cependant recommencer en 2007 à resserrer le crédit, prédisent les économistes.

Mais le symbolique taux directeur de la BoJ a encore de la marge avant de se rapprocher de ceux de la Banque centrale européenne et de la Réserve fédérale américaine.

En attendant, nombreux seront les emprunteurs qui continueront à piocher allégrement dans les réserves d’argent bon marché japonaises.

“Les taux au Japon resteront très faibles par rapport aux autres grandes économies pendant encore au moins un an et demi. Actuellement, dès que quelqu’un veut investir quelque part, il a tendance à lever des fonds au Japon et cela ne devrait pas beaucoup changer”, affirme Yujiro Goto, économiste chez Nomura Securities.

“La solide croissance de l’économie japonaise et les relèvements de taux progressifs attendus pourraient empêcher le yen de chuter davantage, mais l’impact restera limité”, prédit-il.

 07/09/2006 09:15:46 – © 2006 AFP