Record du yuan chinois, le marché parie sur une fluctuation bientôt accrue

 
 
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Un vendeur propose de la monnaie chinoise, le yuan, le 17 mai 2006 à Singapour (Photo : Roslan Rahman)

[04/09/2006 15:00:54] LONDRES (AFP) Le yuan a atteint lundi son plus haut niveau depuis l’abandon par la Chine du système d’indexation au dollar en juillet 2005, alors que la pression monte en faveur d’un élargissement de la bande de fluctuation de la devise.

“La Chine donne l’impression d’être plus flexible sur le yuan et les discussions sur un élargissement de la bande de fluctuation vont bon train sur le marché”, explique Divyang Shah, économiste au cabinet IDEAglobal.

Le yuan a atteint 7,9385 yuans pour un dollar lundi sur le marché interbancaire, contre plus de 7,95 yuans vendredi, soit un nouveau record depuis sa réévaluation de 2,1% en juillet 2005.

Le cours pivot fixé quoditiennement par la Banque centrale de Chine a lui aussi battu un record à 7,9499 yuans pour un dollar lundi, contre 7,9590 yuans vendredi.

La monnaie chinoise a ainsi varié de jusqu’à 0,14% au cours des échanges de lundi, ce qui reste inférieur aux + ou – 0,3% autorisés par la Banque centrale.

Le yuan avait déjà battu record après record la semaine dernière, les économistes estimant qu’à défaut de réévaluer d’autorité sa monnaie, la Chine pourrait autoriser une variation quotidienne plus ample de sa monnaie.

“L’attention s’est beaucoup focalisée sur un élargissement de la bande (de fluctuation) ou une appréciation accélérée du yuan, qui devrait continuer à progresser avant les réunions du FMI et du G7”, estime Callum Henderson, économiste à Standard Chartered.

Le marché s’attend en effet à ce que de nouvelles pressions pour une plus grande flexibilité du yuan ressortent de la réunion des ministres des Finances des pays du G7 le 15 septembre à Singapour, et de celle du FMI et de la Banque mondiale le 20 septembre.

Le directeur du Fonds monétaire international (FMI), Rodrigo Rato, a déjà appelé jeudi dernier la Chine à faire preuve, dans son intérêt et celui du monde, de “plus de vigueur” dans l’application du régime des taux de change dont elle s’est dotée l’an dernier.

Le 21 juillet 2005, Pékin avait abandonné le lien fixe (peg) qui reliait le yuan au dollar pour l’arrimer à un panier de devises plus étendu. Cette réforme a permis au yuan de s’apprécier de 4%, mais l’Union européenne, le Japon et surtout les Etats-Unis jugent que cela ne suffit pas à éliminer l’avantage compétitif indu que la faiblesse du yuan octroie aux exportations chinoises.

Le large excédent commercial chinois est d’ailleurs l’une des causes majeures de tensions entre Pékin et Washington, les Etats-Unis souffrant beaucoup de la concurrence chinoise. Ainsi, il est probable que le nouveau secrétaire au Trésor américain, Henry Paulson, appelle Pékin à relever la valeur de sa devise lors de sa première visite officielle dans le pays à la mi-septembre.

Des sénateurs américains, Charles Schumer et Lindsey Graham, sont allés plus loin en menaçant de faire voter une loi imposant une taxe douanière de 27,5% sur les produits chinois si le yuan ne n’appréciait pas d’ici au 30 septembre.

L’autre argument en faveur d’une réévaluation du yuan est qu’elle pourrait épargner une surchauffe de son économie à la Chine, qui irait ainsi vers un modèle de croissance reflétant davantage sa demande intérieure.

 04/09/2006 15:00:54 – © 2006 AFP