Les sociétés d’assurances et le mépris de la loi

 
 

assurance150.jpgUn chauffeur de taxi qui va souscrire un contrat
d’assurances dans une société tunisienne se voit refuser sa demande au
prétexte que ces sociétés ont dépassé le quota qui leur a été alloué. Le
problème est tellement ancien, connu par tous les chauffeurs de taxi et
louages (taxis grandes distances) qu’il est totalement inutile de l’aborder
de nouveau.

Il semble que cette politique ait été étendue à d’autres catégories de
véhicules : les camionnettes ! Désormais, les agences d’assurance ne les
assurent plus et renvoient les clients vers le siège où l’on est à jour
question quota.

La mesure est valable pour toute souscription de nouveau contrat que ce soit
pour un véhicule neuf ou d’occasion. Et si vous êtes déjà client, que vous
avez vendu votre camionnette et que vous voulez transférer ce contrat sur le
nouveau véhicule acquis, on vous dit que le transfert est interdit. On
accepte, à la limite, de vous rembourser le reliquat de vote ancien contrat
(s’il reste plus que trois mois), mais il est hors de question de transférer
le contrat d’assurances d’un seul client d’un véhicule ancien vers un
véhicule neuf.

Il se trouve que ces mesures sont totalement hors la loi et contraires aux
réglementations du code du commerce qui interdit le refus de vente ou encore
la vente conditionnée (qui serait appliquée également chez certains
assureurs). L’ODC fait (comme d’habitude) le silence radio et refuse
d’obliger les assureurs à assumer leur rôle. Car ce qui motive les décisions

de ces assureurs, c’est qu’ils accusent des pertes énormes à
cause des chauffeurs de taxi et des camionnettes, responsables, selon eux,
de la majorité des accidents.
Il y aurait également du trafic et des accidents fictifs.

Enfin, nul ne nie le montant exorbitant des pièces détachées. Seulement
voilà, il y a lieu de s’interroger sur le rôle d’un assureur ? Y a-t-il un
assureur dans le monde qui refuse de faire son travail sous prétexte que le
nombre d’accidents est élevé sur une niche particulière ? Mais passons.

Suite à de longues discussions entre le ministère des Finances (autorité de
tutelle) et la Ftusa (Fédération des assureurs), on a fini par trouver cette
porte de sortie des quotas. Il faut dire que le ministère des Finances a
tout fait pour trouver cette solution mi-figue mi-raisin qui ménage la
chèvre et le loup. Mais la solution prouve déjà ses limites puisque le
citoyen se trouve renvoyé d’une compagnie à une autre à la recherche de
celle qui n’a pas atteint son quota. Il pense aller dans une agence
régionale et résoudre son problème de contrat, mais on le renvoie vers le
siège (et la majorité des sièges des assureurs se trouvent au centre ville)
avec tout ce que cela cause en pertes de temps, d’énergie et d’argent.

Le problème souvent évoqué par les assureurs est la question des primes qui
ne couvrent pas le risque. Autrement dit, on veut que l’autorité de tutelle
les autorise à pratiquer les prix qu’ils désirent ! Ceci peut sembler
logique dans une économie libérale et ouverte.
Seulement voilà, la logique exige aussi que les assureurs fassent bien leur
travail et limitent leurs dépenses avant de penser à la solution facile
d’augmenter les primes (comme si elles n’avaient pas augmenté suffisamment
ces dernières années).

Quand on nous dit qu’il y a des accidents fictifs commis par des assurés
pour obtenir réparation aux frais de la princesse de leur véhicule,
l’assureur se doit obligatoirement de bien faire son enquête avant de passer
aux remboursements. Exiger par exemple le témoignage de personnes ayant
assisté à l’accident. Dresser une liste noire de ces personnes qui essaient
d’arnaquer les assurances et leur imposer (via la Ftusa) des tarifs élevés
pour leurs tentatives d’arnaque. Pourquoi faut-ils que les bons conducteurs
paient toujours et éternellement pour les autres ? Si les sociétés
d’assurances sont incapables d’enquêter sur les accidents qu’elles
reçoivent, ce n’est pas à leurs clients de payer cette incompétence !

L’autre point lié à la gestion de la société est relatif aux ressources
humaines de ces propres entreprises. Au lieu des salaires élevés, des primes
et des confortables marges bénéficiaires que reçoivent les agents
généraux, on peut penser à une petite réduction de ce côté afin d’équilibrer
les budgets. On peut également penser à utiliser les nouvelles technologies
pour réduire certains frais (pourquoi par exemple exiger de développer des
photos argentiques au lieu de se suffire de photos numériques ?).

Taper éternellement sur le client, lui imposer son diktat en profitant de
l’absence de compagnies étrangères sur le terrain et l’absence de réaction
de l’ODC n’est pas digne d’un
pays comme le nôtre. Nos avancées sont nombreuses, il faut que ce secteur
soit également touché par ces avancées.


R.B.H.