GB : polémique sur la taxe de succession, gonflée par l’immobilier

 
 
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Une maison à Londres (Photo : Andrew Stuart)

[22/08/2006 13:32:18] LONDRES (AFP) Comme pour l’impôt sur la fortune en France, la forte hausse des prix du logement au Royaume-Uni accroît le nombre de contribuables assujettis à la taxe sur la succession et certains réclament sa suppression, même au sein du Labour.

Elle impose, à hauteur de 40%, les biens laissés par une personne à son décès, au-delà d’un seuil non imposable de 285.000 livres (420.000 euros). La taxe a été payée par 37.000 héritiers en 2005, contre 18.000 en 1997 lors de l’arrivée des Travaillistes au pouvoir.

En huit ans, le prix moyen d’un logement de base en Grande-Bretagne a bondi de 150%, passant de 70.000 à 177.000 livres, selon la banque Halifax, numéro un du crédit immobilier dans le pays. Pour la région londonienne, le prix s’élève à 257.000 livres, soit pratiquement le seuil de la taxe.

Cette dernière doit rapporter 3,6 milliards de livres à l’Etat cette année. Malgré la hausse du nombre d’assujettis, elle ne concerne encore que 6% des fortunes léguées, contre 3% en 1997.

Nombre de montages financiers (donations à des proches ou à des oeuvres, fonds de fiducie) permettent d’y échapper. Et ce sont les plus riches qui manoeuvrent le mieux: la part des fortunes supérieures à 2 millions de livres dans les revenus de la taxe s’est réduite de 23 à 19% entre 1999 et 2004.

Mais des experts en fiscalité estiment que l’assiette de la taxe est désormais trop large. Tim Crawford, économiste de Halifax, a appelé mardi “le gouvernement à relever le seuil de la taxe à 430.000 livres, pour tenir compte de la hausse des prix de l’immobilier depuis dix ans”.

D’autres réclament la suppression pure et simple de l’impôt, à l’instar de l’ancien ministre des Transports Stephen Byers, un proche de Tony Blair.

Selon lui, l’IHT “pénalise le dur labeur, l’épargne et l’esprit d’entreprise”, et pourrait bientôt s’appliquer à des “millions” de personnes alors que les prix des maisons continuent d’augmenter.

Halifax estime que 20% des propriétés du pays auront une valeur supérieure au seuil de la taxe en 2020, contre 8% actuellement, si le seuil augmente parallèlement à l’inflation.

M. Byers souhaite que le prochain Premier ministre supprime l’IHT et augmente en retour les taxes environnementales, afin de “redonner tout son sens au Labour aux yeux de la classe moyenne”, ce qui n’a pas manqué de déclencher une vive polémique.

“Il est extraordinaire qu’un député du Labour en vienne à attaquer le gouvernement avec une proposition de droite, que même Margaret Thatcher avait jugée excessive”, a notamment rétorqué Chris Bryant, député travailliste de Rhondda (sud du pays de Galles).

Le Trésor, sous la coupe de Gordon Brown, le chancelier de l’Echiquier promis à la succession de Tony Blair, a rappelé que la taxe sur la succession était un moyen “juste et nécessaire” de financer les services publics, mettant au défi de trouver ailleurs l’argent qu’elle rapporte.

Le Parti conservateur, en pleine reconquête, propose pour sa part de supprimer quatre taxes particulièrement impopulaires –impôts locaux, taxe sur la succession, taxe sur les plus-values immobilières et redevance audiovisuelle– par un impôt unique de 1% prélevé sur la valeur des propriétés.

 22/08/2006 13:32:18 – © 2006 AFP