Chômage : l’Allemagne se prend à espérer une amélioration durable

 
 
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Une agence de l’emploi à Bernau au nord de Berlin, en septembre 2005 (Photo : Michael Urban)

[01/08/2006 10:52:45] FRANCFORT (AFP) Pour la première fois depuis quinze ans, le chômage en Allemagne a diminué au cours du mois de juillet, une divine surprise qui alimente les espoirs d’un vrai virage sur le marché de l’emploi de la première économie de la zone euro.

Le nombre de chômeurs en Allemagne a légèrement baissé en données brutes au mois de juillet, tombant à 4,386 millions, soit 12.000 de moins qu’en juin, a annoncé l’Agence pour l’emploi mardi.

Cela ne s’était pas produit depuis la réunification allemande. Pendant l’été, l’activité économique tourne au ralenti, ce qui ne favorise pas l’embauche. “C’est un chiffre impressionnant, car très inhabituel: le nombre brut de chômeurs n’a jamais baissé en juillet au cours des quinze dernières années”, souligne Sylvain Broyer, analyste chez IXIS.

Le taux de chômage brut reste à 10,5% de la population active, comme en juin. Il y a un an à même époque, il culminait encore à 11,7%.

“Les données actuelles du marché de l’emploi confirment que le regain de la conjoncture a bien atteint le marché du travail”, estime Frank-Jürgen Weise, président de l’Agence. Le nombre des emplois vacants augmente, celui des emplois soumis à cotisations sociales aussi.

Pour lui, il est clair que le retournement tant attendu du marché du travail est enfin là. Avis partagé par le ministre du Travail Franz Müntefering.

“Les nouvelles en provenance du marché du travail restent porteuses d’espoir. Les données favorables de ces derniers mois sont devenues une tendance” à l’amélioration, juge-t-il dans un communiqué.

Le chômage, souci numéro un des Allemands, reste un défi majeur du gouvernement de grande coalition mené par la conservatrice Angela Merkel, ajoute le vice-chancelier social-démocrate. Il ne s’agit pas de se reposer sur ses lauriers, mais la performance de juillet offre tout de même des “raisons de se réjouir”, estime Franz Müntefering.

En données corrigées des variations saisonnières (CVS), jugées plus représentatives par les économistes de l’évolution du marché du travail, le nombre de chômeurs a diminué de 84.000 personnes, largement plus que prévu. Le taux CVS descend à 10,6% -son plus bas niveau depuis juillet 2004- contre 10,8%, selon la Bundesbank.

L’amélioration profite de nouveau davantage à l’ouest du pays qu’à l’ex-RDA communiste.

Pour les économistes, il est plus sage d’attendre que l’effet Coupe du monde de football se soit complètement dissipé avant de parler de réel retournement du marché. Les chiffres du mois d’août devraient “faire la lumière” sur ce point, estime notamment Sylvain Broyer.

De nombreux contrats à durée déterminée sont arrivés à échéance à la fin du Mondial-2006, qui s’est terminé le 9 juillet, et les économistes s’attendaient de ce fait à une nouvelle vague d’inscriptions au chômage. Cette dernière pourrait se reporter sur le mois d’août.

La grande question est de savoir si l’embellie du marché de l’emploi va durer, soulignent-ils.

Sur ce point, le président de l’Agence a quelques doutes. “D’après ce que nous entendons, il y aura moins de croissance économique l’an prochain”, a déclaré M. Weise. Ce ralentissement va sans aucun doute se répercuter aussi sur le nombre des chômeurs, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Nuremberg (sud).

Berlin table officiellement sur une croissance de 1,6% cette année, et un coup de frein l’année suivante à 1% environ, en raison de l’entrée en vigueur d’une forte hausse de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui devrait provoquer une stagnation du Produit intérieur brut au premier trimestre.

 01/08/2006 10:52:45 – © 2006 AFP