[07/07/2006 06:51:39] WASHINGTON (AFP) L’avionneur américain Boeing est en passe de rattraper son rival européen Airbus grâce au succès de son modèle 787 mais les deux groupes devraient continuer à s’affronter sur la question des subventions publiques, estiment des analystes américains. Distancé ces dernières années par Airbus, “Boeing a commencé de nouveau à regarder vers l’avenir en 2004 avec le 787 et récolte maintenant les bénéfices”, a souligné jeudi Richard Aboulafia, analyste pour le Teal Group lors d’un débat organisé par l’American Enterprise Institute (AEI) à Washington. L’entrée en service du 787, appelé le “Dreamliner”, est prévue pour 2008. Le programme a connu ces derniers mois des problèmes techniques mais qui ne remettent pas cette date en question. Cet appareil, dont la capacité varie de 250 à 300 passagers selon les modèles, affiche un total de 363 commandes depuis son lancement commercial en 2004. Annoncé comme très économe en carburant, il a su séduire les compagnies aériennes confrontées à l’envolée des prix du kérosène. Le modèle concurrent d’Airbus, l’A350, doit lui retourner sur la planche à dessin après des critiques des clients potentiels. Il pourrait en conséquence être rebaptisé A-370 avec une entrée en service en 2013 au lieu de celle prévue en 2010-11, indique Richard Aboulafia. L’A350 dans sa version initiale a déjà reçu une centaine de commandes.
“Des commandes approchant les 400 exemplaires avant même le lancement de l’appareil c’est du jamais vu”, indique l’analyste en commentant le succès du 787. Plus grave pour l’avionneur européen, son avion géant A-380 rencontre aussi des problèmes et sa mise en service sera retardée de six à sept mois par rapport à la date initialement prévue (fin 2006). L’A380, qui pourra emporter jusqu’à 850 passagers, a été commandé à 159 exemplaires mais n’a encore reçu aucune commande cette année. Le directeur commercial d’Airbus, John Leahy, a toutefois estimé jeudi qu’une vingtaine de nouvelles commandes pourraient arriver avant la fin de l’année. “Les clients lui gardent leur confiance et c’est ce qui est vraiment important pour Airbus maintenant”, souligne l’analyste du Teal Group. La lutte entre les deux constructeurs ne se limite pas au seul succès de leurs gammes respectives mais s’étend aussi aux relations commerciales internationales par le biais du conflit sur les subventions publiques. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont déposé chacun de leur côté en 2004 des plaintes devant l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) sur les aides accordées à Airbus et Boeing.
Washington conteste les aides directes accordées sous forme d’avances remboursables à Airbus par les gouvernements de quatre pays européens –la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Espagne. De son côté, Bruxelles reproche aux Etats-Unis l’octroi d’aides indirectes à Boeing. L’impasse actuelle des discussions engagées au sein de l’OMC sur la libéralisation du commerce international dans le cadre du cycle lancé à Doha (Qatar) en 2001 pourrait venir encore compliquer la situation. “Si Doha échouait, les Etats-Unis et l’Union européenne pourraient utiliser ce dossier pour régler leurs comptes”, a estimé Bruce Stokes, un spécialiste des questions commerciales internationales, lors de ce même séminaire de l’AEI. “Il n’y a pas beaucoup de sympathie entre Peter Mandelson (le commissaire européen au Commerce) et Susan Schwab (la représentante américaine pour le commerce)”, ajoute-t-il. “Je pense sincèrement que les deux parties perdraient” à s’engager dans un conflit prolongé, estime toutefois Richard Herzstein, un avocat spécialisé dans les questions commerciales internationales. “Près de la moitié des composants de l’A380 sont fabriqués aux Etats-Unis et la quasi-totalité de la voilure du 787 au Japon”, souligne-t-il pour montrer que le conflit dépasse le simple aspect des relations américano-européennes. |
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