L’Inde et la Chine rouvrent la route de la soie

 
 
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Des Chinois décorent le côté de leur frontière, avant son ouverture officielle, le 5 juillet 2006 à Nathu La

[06/07/2006 15:21:14] PASSE DE NATHU LA (AFP) La Chine et l’Inde ont rouvert jeudi la Route de la soie passant par un col frontalier himalayen fermé depuis 44 ans, permettant la reprise sur cette frontière des échanges commerciaux terrestres et témoignant du rapprochement entre les deux pays.

Une centaine d’hommes d’affaires de chaque pays ont traversé le col de Nathu La, entre le Tibet et l’Etat indien du Sikkim, fermé à la suite du conflit frontalier entre les deux pays de 1962 et par lequel 80% du commerce sino-indien transitait jusqu’au début de XXe siècle.

Auparavant, sous une pluie battante et un froid piquant, à plus de 4.500 m d’altitude, le président de la région autonome chinoise du Tibet, C. Phuntso, et le chef du gouvernement régional du Sikkim, Pawan Kumar Chamling, ont coupé ensemble le ruban rouge.

La réouverture du col, situé à 460 km de Lhassa et 550 km de Calcutta, témoigne du rapprochement économique et politique des deux géants asiatiques entamé il y a trois ans.

“La réouverture de la Route de la Soie, longue de 563 km, marque le début d’une nouvelle ère d’espoir et de prospérité et d’amélioration des (relations) bilatérales entre les deux nations”, a déclaré C. Phuntso devant responsables, soldats et hommes d’affaires.

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Joie d’une commerçante chinoise après avoir traversé la frontière de Nathu La, le 6 juillet 2006 (Photo : Deshakalyan Chowdhury)

“C’est un jour historique pour les deux pays”, a de son côté déclaré M. Chamling. “Cela va entraîner le développement économique et la prospérité sociale des peuples”, a-t-il ajouté.

Des soldats emmitouflés des deux pays bavardaient en prenant des photos, tandis que les commerçants indiens et chinois étaient à leur arrivée de l’autre côté drapés de foulards de soie et accueillis par des musiques et danses folkloriques.

La réouverture du col va permettre la reprise sur cette frontière des échanges commerciaux terrestres entre les deux géants d’Asie.

“Cela peut paraître une petit début mais il est certain que cela va entraîner de grandes choses”, a prédit Motilal Lakhotia, un homme d’affaires de Gangtok, capitale du Sikkim.

Inde et Chine, les deux puissances émergentes asiatiques, qui sont en outre les pays les plus peuplés du monde, tentent d’accroître leurs échanges.

Bien qu’en hausse de 37,5% en 2005 par rapport à l’année précédente, le commerce bilatéral est resté modeste, à 18,73 milliards de dollars. Il est aussi fortement dépendant du transport maritime, une situation à laquelle pourrait remédier l’ouverture de voies terrestres comme celle passant par Nathu La.

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Des hommes d’affaires chinois et indiens traversent la frontière le 6 juillet 2006 à Nathu La (Photo : Deshakalyan Chowdhury)

Nathu La verra passer une liste définie de produits, peu différents des marchandises échangées au temps des beaux jours de la Route de la soie.

L’Inde pourra exporter par ce passage 29 articles, textile, instruments agricoles, thé et autres herbes locales, cigarettes, huile végétale…

Les marchands chinois eux transporteront quinze types de produits ou animaux, chevaux, yacks, chèvres mais aussi queues de yacks, peaux de chèvres et soie.

Les échanges commerciaux se feront entre le 1er juin et le 30 septembre, date après laquelle fortes neiges et vents violents laissent la région impraticable.

Le principal centre commercial côté indien sera Sherathang, avec services de douanes, de sécurité, de télécommunications et bancaires. La monnaie utilisée sera le dollar US.

Au Tibet, ce sera Yadong (Chomo en tibétain), plus grand noeud commercial du sud-ouest chinois, que Pékin voudrait dans les 10 ans relier au tout nouveau chemin de fer reliant Lhassa et le reste de la Chine.

La réouverture du col a été rendue possible après, qu’il y a trois ans, Pékin a abandonné ses revendications territoriales sur l’Etat du Sikkim. New Delhi avait en retour reconnu que le Tibet faisait partie intégrante de la Chine.

Mais tous les différends frontaliers ne sont pas réglés, chaque pays revendiquant toujours un bout du territoire de l’autre.

 06/07/2006 15:21:14 – © 2006 AFP