General Motors : Renault et Nissan d’accord pour discuter d’une alliance

 
 
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Les PDG de GM, Rick Wagoner le 9 janvier 2005 à Detroit (g), et de Renault, Carlos Ghosn le 28 mai 2006 à Monaco (d) (Photo : Stan Honda)

[03/07/2006 21:10:22] PARIS (AFP) Le groupe automobile français Renault et son allié japonais Nissan ont donné leur feu vert lundi à des discussions sur un éventuel mariage à trois avec le géant aux pieds d’argile General Motors, ouvrant la voie à des négociations avec l’américain.

Le conseil d’administration de Renault a dit lundi soir avoir “approuvé la position proposée par Carlos Ghosn: des discussions avec General Motors, concernant une alliance potentielle, pourraient être engagées dès lors que General Motors en ferait la proposition”.

Celui de Nissan avait dit auparavant souhaiter la poursuite “des discussions exploratoires concernant une possible alliance avec General Motors, à condition que GM appuie et entérine les propositions faites par ses actionnaires”.

Les administrateurs ont délégué “tous les pouvoirs nécessaires” à M. Ghosn, PDG de Renault et Nissan, pour “conduire toute discussion et négociation sur ce sujet”.

Les deux groupes répondaient à la proposition du milliardaire américain Kirk Kerkorian, actionnaire de General Motors à 9,9% via son fonds d’investissement Tracinda, sur une entrée de GM dans l’alliance Renault-Nissan.

A la veille du jour férié du 4 juillet aux Etats-Unis, une porte-parole de GM jointe par l’AFP à New York a refusé de réagir aux propos des conseils d’administration de Nissan et Renault, affirmant ne “pas (disposer) de nouvelles informations à ce stade”.

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Les chiffres-clés de Renault, Nissan et GM

“Comme nous l’avons dit vendredi, la requête (de Kirk Kerkorian suggérant une alliance à trois) va être prise en considération par le conseil d’administration”, a ajouté cette porte-parole, Gina Proia.

Renault et Nissan, liés depuis 1999 par des participations croisées, songeraient à prendre à parts égales jusqu’à 20% du capital de GM, selon l’agence de presse japonaise Kyodo.

“Carlos Ghosn ne se lancerait pas dans une opération où il n’y aurait pas de bénéfices pour l’ensemble des partenaires”, a martelé la porte-parole de Renault ce week-end.

De son côté, la CGT s’est dite “préoccupée” de voir “l’émergence d’un tel monstre en termes de concentration de capital, de pouvoir et d’influence sur l’avenir de l’industrie automobile mondiale”.

Financièrement, Renault et Nissan ont assez d’argent en caisse pour acheter une part de GM, dont la capitalisation boursière a fondu. “Prendre 10% dans GM représenterait 1,3 milliard d’euros pour Renault (autant pour Nissan)”, ce que le groupe “peut largement encaisser” alors que son endettement est “modeste”, selon un analyste parisien.

Mais il reste à déterminer ce que Renault et Nissan gagneraient à s’allier avec un groupe en crise et en passe de perdre sa place de n°1 mondial au profit de Toyota.

“Il serait risqué de disperser la direction de l’Alliance à un moment où Renault et Nissan ont promis beaucoup au marché malgré des temps difficiles”, prévient Thierry Huon, d’Exane BNP Paribas.

Autres inconvénients d’un mariage à trois, le ralentissement attendu de la croissance et du marché automobile américains, et une exposition accrue aux risques de GM. Or “les problèmes de GM en Amérique du Nord sont largement liés au chiffre d’affaires et à des problèmes de marque, pour lesquels ni Nissan ni Renault ne peuvent aider”, selon la Deutsche Bank.

Sans compter que “les alliances précédentes de GM ne sont pas vraiment convaincantes”, a rappelé Thierry Huon, évoquant les cas de Fiat, Suzuki et Subaru.

Pour Renault en particulier, “les défis pourraient dépasser les avantages au moment où Renault est en pleine restructuration et apparaît beaucoup moins en forme qu’en 1998”, ont jugé les analystes d’une maison de courtage parisienne.

“Les ingrédients nécessaires pour bénéficier d’un investissement dans GM sont les mêmes qui présentent des risques pour les actionnaires de Renault: le temps et l’attention de Carlos Ghosn”, artisan du sauvetage de Nissan, selon la banque d’affaires américaine Morgan Stanley.

Pour M. Huon, il “n’est pas exclu” que Kirk Kerkorian “utilise Renault-Nissan pour accroître la pression sur le conseil d’administration de GM pour accélérer la restructuration”.

A la Bourse de Paris, l’action Renault a terminé en légère hausse de 0,24% à 84,20 euros, après avoir perdu jusqu’à 1,66% en début de journée. Dans la matinée à la Bourse de New York, le titre GM prenait 0,34% à 29,89 dollars.

 03/07/2006 21:10:22 – © 2006 AFP