Les rémunérations disproportionnées de certains grands patrons en question

Par : Autres

 

Les rémunérations
disproportionnées de certains grands patrons en question

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Le président du groupe
de BTP Vinci, Antoine Zacharias, le 16 mai 2006 à Paris

La démission du président du groupe de BTP
Vinci repose la question des rémunérations disproportionnées de certains
grands patrons, qui font l’objet de scandales récurrents et poussent dans
plusieurs pays à l’adoption de lois obligeant à plus de transparence.

 

Les sommes astronomiques versées à Antoine
Zacharias figuraient parmi les éléments du conflit qui l’opposait à son
directeur général, Xavier Huillard.

 

Dans une lettre envoyée aux administrateurs,
citée jeudi par Le Parisien, M. Huillard dénonçait notamment le salaire
“très élevé” de M. Zacharias, les “millions” de stock-options dont il aurait
bénéficié depuis plusieurs années – 250 millions d’euros selon lui- ainsi
que sa demande d’une prime de 8 millions pour le rachat des Autoroutes du
Sud de la France (ASF).

 

Le conseil d’administration de Vinci a tranché
en faveur de M. Huillard, qui a été confirmé à son poste. M. Zacharias, qui
demandait son départ, a démissionné.

 

Pour autant, M. Zacharias ne partira pas les
mains vides, car il a reçu en janvier une prime de 12,9 millions d’euros,
trois fois le montant de sa rémunération brute de 2005 de 4,29 millions,
pour avoir quitté sa fonction de directeur général. Une prime validée le 16
mai par l’assemblée générale du groupe.

 

La présidente Medef Laurence Parisot a jugé
“formidable” la décision des administrateurs de Vinci, et plaidé en faveur
d’une “bonne gestion” des rémunérations des dirigeants.

 

Ces révélations pourraient se multiplier en
France, après l’adoption en juin de la loi Breton qui soumet les
rémunérations exceptionnelles et différées des dirigeants au vote des
assemblées générales des actionnaires, a souligné vendredi le président du
cabinet Proxinvest, Pierre-Henri Leroy.

 

 

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L’ancien PDG de la
Bourse de New York, Dick Grasso, Richard Grasso, le 16 septembre 2003

Cette loi avait été adoptée après une
polémique, en mars 2005, sur les conditions du départ du PDG du distributeur
Carrefour, Daniel Bernard, avec une indemnité de 9,5 millions d’euros et une
rente de 29,5 millions.

 

Si le cas de M. Zacharias est jugé “rarissime”
en France par Mme Parisot, il n’est pas unique au monde.

 

Aux Etats-Unis, l’ancien PDG de la Bourse de
New York, Dick Grasso, avait été forcé de démissionner le 17 septembre 2003
après un tollé provoqué par sa rémunération astronomique de 140 millions de
dollars (109,5 millions d’euros), à laquelle pourraient venir s’ajouter 48
millions supplémentaires.

 

En Allemagne, le patron de la Deutsche Bank,
Josef Ackermann, le mieux payé du pays, avait révélé avoir perçu plus de 11
millions d’euros en 2003, alors que sa banque annonçait parallèlement un
bénéfice net de 2,5 milliards d’euros et la délocalisation de 10% des
effectifs.

 

Un projet de loi a été présenté prévoyant de
sanctionner les patrons allemands par des amendes s’ils ne publient pas leur
salaire.

 

Au Royaume-Uni, où la hausse de 25% du salaire
du directeur général des supermarchés Tesco a suscité une polémique, les
groupes justifient souvent la rémunération énorme de leurs dirigeants par la
nécessité de les fidéliser.

 

La contestation et l’activisme des actionnaires
sont cependant de plus en plus fréquents.

 

Les investisseurs plaident eux aussi en faveur
d’une plus grande transparence, affirmant être “beaucoup plus sensibles
aujourd’hui que par le passé aux problèmes de gouvernance d’entreprise”.

 

La Bourse de Paris a bien accueilli vendredi le
départ de M. Zacharias, avec une progression de l’action Vinci de 4,30% à
75,20 euros à 12H20 (10H20 GMT).

 

© AFP 2006

Photo : Jack Guez