Axis Capital : «Petit poucet» deviendra grand

 

Axis Capital

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Par
Moncef
MAHROUG

 

 


axis0206.jpg Présente en Tunisie à
travers une entrée dans le capital d’Axis à hauteur de 50%, la Banque
marocaine du commerce extérieur (BMCE) a l’ambition de faire à terme d’Axis
Capital, fruit de cette alliance, une banque d’affaires.

«Depuis quelques années, plusieurs textes de lois sont venus appuyer la
réforme en cours visant à encourager le développement du marché financier.
L’architecture technique et un contexte favorable étant déjà réunis, il
fallait trouver un partenaire : ça a été la Banque marocaine du commerce
extérieur (BMCE Bank) avec laquelle nous nous associons en vue de mettre sur
pied un opérateur capable d’offrir une gamme de services de qualité aux
entreprises». C’est ainsi qu’Ahmed Benghazi résume la genèse d’Axis Capital, né de
l’association entre Axis, opérateur depuis 2001 dans le conseil financier
aux entreprises, la gestion d’actifs et l’intermédiation en Bourse, et de la BMCE, l’une des plus importantes banques marocaines.

Rachetée par le groupe Othman Benjelloun en 1995, à l’occasion de sa
privatisation, la BMCE –«la première banque créée au lendemain de
l’indépendance du Maroc (en 1956)», rappelle Jaloul Ayed, directeur général
de la banque et président du Directoire de BMCE Capital- est le deuxième
opérateur bancaire marocain (avec 300 agences, 3.000 employés et un bilan de
près de 8 milliards de dollars), très présent à l’international (en Afrique,
en Europe et la seule banque africaine présente en Chine), «le plus grand
groupe d’assurance (au Maroc à travers la Royale Marocaine d’Assurance), et
l’un des plus grands en Afrique».


Banque universelle depuis 1995, la BMCE s’est positionnée sur de nouveaux
créneaux, notamment en se dotant d’une banque d’affaires créée par Jaloul
Ayed à qui Othmen Ben Jelloun a proposé de rejoindre le groupe «Finance
Point Com» en 1998. Créée en 1999, BMCE Capital est aujourd’hui «la plus
grande banque d’affaires de la région maghrébine et l’une des plus grandes
en Afrique».

BMCE exerce l’ensemble des activités d’une banque d’affaires, «avec des
composantes de marché, comme change, taux, intermédiation boursière,
conseil, gestion d’actifs, fonds d’investissement –la BMCE a lancé le
premier fonds immobilier au Maroc» et «espère faire la même chose en
Tunisie-, private equity –c’est-à-dire tout ce qui est accompagnement
d’entreprises dans la phase de transmission, à travers les opérations de
MBO-LBO», confie Jaloul Ayed.

Le succès de l’expérience de BMCE Capital a amené les dirigeants de la BMCE
«à penser qu’il y avait une opportunité réelle d’un positionnement au niveau
régional».

La mise en œuvre de cette stratégie a commencé en Afrique Sub-saharienne,
“avec la création de BMCE Capital Dakar, qui couvre l’Afrique de l’Ouest et
l’Afrique centrale», rappelle Jaloul Ayed. Cette première expérience «était
très édifiante, puisque BMCE Capital Dakar est réellement devenue la banque
de référence pour l’Afrique centrale et de l’Ouest». Cette banque a
participé à des opérations de privatisation, de portefeuille, d’émission
d’obligations pour des entreprises publiques et privées.

En Tunisie, aussi, les entreprises sont le cœur de cible d’Axis Capital.
«Nous avons comme cible les entreprises installées en Tunisie, cherchant des
opérations de partenariat et qui sont dans une phase de restructuration de
leurs activités», analyse Ahmed Benghazi. En effet, «le tissu des
entreprises tunisiennes est aujourd’hui exposé à plusieurs évolutions, du
fait de la libéralisation de l’économie qui amène une plus grande
concurrence», provoquant éventuellement le désengagement de certains groupes
de certaines activités ; du passage de témoin à une nouvelle génération de
dirigeants «puisque les pères fondateurs ne sont pas éternels».

Au total, cette dynamique de restructuration, incontournable, fait des
entreprises concernées une «cible» qu’Axis Capital se propose d’aider «au
niveau de la réflexion stratégique, de l’accompagnement dans la recherche de
partenaires étrangers, soit en vue d’une entrée dans le capital, de la vente
ou de l’achat d’une entreprise».

Entrée en vigueur il y a une année, l’association Axis-BMCE et l’entrée de
la banque marocaine dans le capital de l’opérateur financier tunisien a été
médiatisée mercredi 31 mai, avec l’inauguration du nouveau siège du groupe
(composé d’Axis Bourse, Axis Conseil et Axis Gestion). Et pour l’occasion,
la BMCE a envoyé à Tunis la quasi-totalité de son staff dirigé
par M. Othmen Benjelloun, président du groupe qui a été reçu par le Premier
ministre, M. Mohamed Ghannouchi –pour un entretien «plus que protocolaire»,
d’après le mot de Jaloul Ayed- puis s’est entretenu avec le ministre des
Finances, Mohamed Rachid K’chich, avant de recevoir le gouverneur de la
Banque Centrale, Taoufik Baccar, pour l’inauguration du siège d’Axis
Capital.

Ailleurs, c’est son activité bancaire que la BMCE est en train de
développer. D’abord, en «reconfigurant sa présence en Europe», avec la
création d’une banque d’affaires à Londres, dotée d’un capital de 110
millions d’euros. L’ambition de cette banque est de servir la région
maghrébine «à partir du plus grand marché financier du monde», souligne
Jaloul Ayed. Ensuite en introduisant une demande en vue d’ouvrir une banque
universelle en Algérie.

En Tunisie, la BMCE exclut pour l’instant un positionnement sur le créneau
bancaire. Explication de Jaloul Ayed : «A la différence de l’Algérie, la
banque a connu un développement significatif en Tunisie. Par conséquent, le
niveau de la concurrence bancaire en Tunisie est certainement un élément
qu’il faut prendre en considération si on devait étudier un positionnement
dans ce pays. Cela ne veut pas dire pour autant que le marché tunisien n’est
pas porteur. Mais si on liste les priorités en termes de potentiel existant,
il est certain que l’Algérie a aujourd’hui le plus grand potentiel. Le
timing est bon aujourd’hui pour que des banques maghrébines s’y intéressent”.

Toutefois, Axis Capital n’est qu’un premier pas de la BMCE en Tunisie.
D’ailleurs, la filiale tunisienne de la banque marocaine «donnera
certainement lieu à l’avenir à des nouveaux développements». Après le
«rehaussement» de l’agrément d’Axis Capital à celui de SVT, «d’autres étapes
vont suivre», dont celui de la transformation de cette société en banque
d’affaires.