L’action Iliad, maison-mère du fournisseur d’accès à Internet Free, s’est envolée jeudi à la Bourse de Paris, les analystes saluant la nouvelle version de son produit-phare, la Freebox, destinée à utiliser un téléphone portable en passant par le réseau Internet.
L’action Iliad a gagné jeudi 11,95% à 80,10 euros, un nouveau record qui porte sa progression sur les douze derniers mois à +186%.
Free a annoncé mercredi le lancement de sa nouvelle Freebox. Ce modem permettra, outre la réception de la télévision haute définition et de la TNT, d’utiliser son téléphone portable en passant par le réseau Internet plutôt que par celui d’un opérateur mobile, grâce à une liaison sans fil, de type wi-fi.
Pris par surprise par cette décision, très attendue mais pas si tôt, les analystes des grandes banques ont applaudi la bonne nouvelle, jeudi, dans les notes de conseils boursiers envoyés à leurs clients investisseurs.
Le loup rentre dans la bergerie” du téléphone mobile, estime Ixis Securities, tandis qu’Exane BNP Paribas voit dans cette nouvelle Freebox un “cheval de troie dans la téléphonie mobile”.
“Iliad ouvre une brêche et le marché boursier est en train de dire aux opérateurs mobiles que c’est un acteur avec qui il faut compter”, résume Arnaud Riverain, responsable de la recherche à la société de gestion Arkéon Finance.
“En même temps, tout va dépendre des développements technologiques et de l’approche marketing, le match n’est pas joué, nous sommes sur des terrains encore vierges”, rappelle l’investisseur.
La nouvelle Freebox est pour la première fois composée de deux boitiers, l’un pour la télévision, l’autre pour la connexion ADSL. Ce dernier a trois antennes et permet d’utiliser le wi-fi Mimo, une liaison sans fil très puissante, qui franchit des obstacles comme les murs.
“Quelques téléphones mobiles hybrides”, permettant d’appeler aussi bien sur Internet que sur le réseau mobile, existent déjà et “quelques grands fabricants vont lancer de nouveaux modèles d’ici la mi-2006”, observe Exane BNP Paribas.
Toutes les communications seront centralisées sur une seule facture et l’avantage sera de bénéficier des tarifs de Free sur la téléphonie (gratuité vers les fixes de France et de nombreux pays, et prix plus bas d’un fixe vers un mobile), soulignent les analystes d’Ixis.
Selon eux, Free est maintenant en position de force pour devenir aussi opérateur virtuel de téléphone mobile.
Même hors de chez lui, l’abonné pourra recevoir sur son portable un appel lancé d’une Freebox, s’il est lui-même proche d’une autre Freebox, note BNP Paribas, qui table sur le gain de nouveaux clients, “dans les 3 ou 4 mois”.
“Iliad démontre aux utilisateurs et aux actionnaires sa détermination à rendre le téléphone mobile plus attractif et moins cher”, conclut la banque.
Le bond de l’action Iliad permet au groupe d’afficher une capitalisation boursière de 4,4 milliards d’euros, dépassant celle du groupe Thomson, et lui ouvrant la perspective d’une entrée au CAC 40.
“Iliad atteint une capitalisation boursière qui le place sur le radar des gérant de portefeuille des grandes sociétés de gestion étrangères” et il sera suivi par des analystes plus nombreux, observe Arnaud Riverain.
“Pour les français, c’est encore une grosse PME mais son chiffre d’affaires dépassera très probablement le milliard d’euros dès 2007. Iliad vaut très cher en Bourse (60 fois ses bénéfices 2005, contre une moyenne de 12 pour le CAC 40), mais cela peut se justifier compte tenu de sa croissance”, juge-t-il.