L’économie chinoise poursuit son insolente croissance

Par : Autres

 

L’économie chinoise poursuit son insolente croissance

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Une employée de la
Banque de Chine compte des billets de cinq yuans, le 19 novembre 2002
à Pékin.

L’économie chinoise a démarré l’année sur les
chapeaux de roue, affichant au premier trimestre une croissance de 10,2% qui
dépasse les prévisions et n’est pas sans danger, de l’aveu même du
gouvernement.

 

Le PIB a totalisé 4.330 milliards de yuans (540
mds USD) au cours des trois premiers mois, progressant à un rythme supérieur
à l’ensemble de l’année 2005 (+9,9%, bien 9,9%) et alors que l’objectif fixé
par le gouvernement pour 2006 est d’environ 8%.

 

Une nouvelle fois, ce sont surtout les
investissements qui ont tiré la croissance de la quatrième économie mondiale
au premier trimestre 2006, avec un bond de 27,7% en glissement annuel, a
précisé le Bureau national des statistiques (BNS) en dévoilant jeudi les
principaux indicateurs économiques pour la période janvier-mars.

 

“Ces chiffres montrent que le développement
économique et social est rapide, avec une croissance élevée et stable, une
meilleure performance des entreprises, une hausse des revenus en ville et à
la campagne, des prix stables et une demande intérieure et extérieure
soutenue”, a déclaré le porte-parole du BNS, Zheng Jingping.

 

“Il faut toutefois souligner qu’il y a des
problèmes qui nous interpellent, comme la hausse rapide des investissements
et du crédit, la difficulté à maintenir une production agricole élevée et à
accroître les revenus des paysans”, a ajouté M. Zheng.

 

Soucieux d’éviter une surchauffe de l’économie,
le gouvernement chinois souhaite limiter la hausse des investissements à 18%
cette année.

 

“L’augmentation des investissements en capital
fixe est trop rapide”, déclarait encore la semaine dernière le Premier
ministre Wen Jiabao, ajoutant: “il nous faut renforcer les contrôles sur
l’investissement”.

 

Le porte-parole du BNS a souligné jeudi les
dangers que faisait courir cette situation : “Si l’économie se développe
trop vite à cause d’une poursuite aveugle de la croissance, nous serons
punis par les lois de l’économie et les lois de la nature”, a estimé Zheng
Jingping.

 

La forte hausse du PIB chinois en ce début
d’année, révélée dimanche par le président chinois Hu Jintao avant son
départ pour les Etats-Unis, est aussi illustrée par la performance de la
production industrielle qui a enregistré une progression de 16,7% au premier
trimestre et celle de son commerce extérieur (+26,6% pour les exportations).

 

Les analystes n’ont pas été surpris outre
mesure par les chiffres publiés jeudi et considèrent aussi que des
investissements non maîtrisés demeurent le principal risque pour une
économie chinoise dynamique mais déséquilibrée.

 

“Une croissance de 10% est inévitable, c’est
comme un bébé qui grandit, c’est nécessaire (…) je ne vois pas de
ralentissement dans un avenir proche”, a estimé Chen Xingdong, économiste
chez BNP Paribas Peregrine.

 

Pour Huang Yiping, de Citigroup à Hong Kong,
“ce ne sont pas les 10,2% qui sont un problème mais la hausse des
investissements et le bond de 70% des prêts bancaires au premier trimestre”.

 

Parallèlement, la consommation ne décolle
toujours pas, malgré les encouragements des autorités et la progression
officielle du pouvoir d’achat. Les ventes de détail ont crû de 12,2% de
janvier à mars, après inflation. Elles avaient augmenté de 12,5% au cours
des deux premiers mois.

 

Les revenus des particuliers ont augmenté de
10,8% en zones urbaines et de 11,5% en zones rurales, selon le BNS, des
résultats qui semblent aller dans le sens d’un développement plus
égalitaire, credo de l’actuel gouvernement, inquiet du fossé économique qui
se creuse inexorablement depuis plusieurs années et des tensions sociales
qui montent et menacent la stabilité politique.

 

La bonne nouvelle pour les autorités chinoises
réside dans leur capacité à contrôler l’inflation. Les prix à la
consommation ont augmenté de 1,2% entre janvier et mars (1,2% en ville et
1,1% à la campagne).

 

La Banque centrale a prévu pour 2006 une
inflation de 3% contre 1,8% en 2005.

 

 

 

©
AFP 2006

Photo : Frederic J. Brown