Huiles essentielles : Le néroli sent bon à l’export

 

Huiles essentielles

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Par Abou Sarra

 

orange.jpgLe Cap
Bon, haut lieu de l’agrumiculture en Tunisie, vit, au mois d’avril de chaque
année, à l’heure du bigaradier (oranger) et de ses célèbres fleurs.

Les agrumiculteurs des villages de Beni Khiar, Ghardaya et Dar Chaabane El
Fehri s’adonnent au rite multi-séculaire de la distillation de cette fleur
pour en extraire une eau parfumée utilisée dans diverses préparations
alimentaires et médicinales, et surtout, une huile essentielle, le néroli,
servant en cosmétique pour la fabrication de parfums haut de gamme.

Rare et précieuse -puisqu’il faut 1000 kg de fleurs pour obtenir 1kg de
néroli-, cette huile essentielle recèle une fragrance sensuelle très prisée
par les grandes marques (Guerlain, Dior, etc.).

La Tunisie en exporte chaque année vers la France 700 kg de qualité
supérieure. Le reste de la production est exporté vers les Etats-Unis ou
utilisé sur le plan local à des fins médicinales (baisse de la fièvre,
régulation des battements du cœur). Tout en sachant également que le
kilogramme du néroli est vendu selon la demande à plus de 5 mille dinars.

Concernant la cueillette, elle est estimée, pour l’année 2006, à 1.200
tonnes de fleurs de bigaradier contre une moyenne annuelle de 1.500 tonnes
et à 1.000 kg de néroli distillés pour moitié selon des techniques
traditionnelles durant la 2ème moitié du mois d’avril.

Les superficies de bigaradier, localisées principalement au Cap Bon,
s’étendent sur 1.500 hectares. La distillation est assurée par 6 unités au
plan industriel et par 3.000 familles au plan artisanal.

Côté perspectives, les autorités tunisiennes encouragent la plantation de
bigaradiers et distribuent gratuitement les plants. A l’avenir, l’accent
sera mis sur l’intégration des orangeraies (bigaradiers) dans les cultures
irriguées, la promotion de la recherche sur cet arbre et l’amélioration des
techniques de distillation et d’extraction.

En outre, le développement du bigaradier est retenu dans le projet
euroméditerranéen de valorisation de la filière «plantes aromatiques et
médicinales». Ce projet est la 10ème composante du programme «savoir-faire
locaux, filières innovantes et partenariat euroméditerranéen».
Objectif du programme : mettre en valeur le patrimoine commun des pays
riverains du Bassin méditerranéen.

En 2005, la Tunisie comptait 20 unités de fabrication d’huiles essentielles
et se classe au 35ème rang des pays exportateurs. Selon des indications
fournies par le groupement interprofessionnel des fruits (GIF), les
principales essences produites dans le pays sont le romarin, le néroli et le
myrte qui totalisent 162 tonnes/an.

Les exportations ont connu une croissance constante en valeur au cours des 3
dernières années: 5,65 MDT en 2003, 6,72 MDT (4,2 millions d’euros) en 2004
et 7,68 MDT (4,8 millions d’euros) en 2005. La France vient en tête des
clients de la Tunisie avec 62% de ses exportations.
Enfin, le néroli vient du nom de la princesse Nerola, une aristocrate
française qui parfumait ses gants à cette huile essentielle.

Rappelons pour mémoire que l’introduction du bigaradier en Tunisie remonte,
comme pour le reste des variétés d’agrumes, à l’époque des conquêtes
islamiques, puisque cet arbre a été introduit par les conquérants arabes à
partir de son pays d’origine, la Chine.