Vive l’heure d’été

 

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Par R.B.H.

 

montre1310306.jpgL’heure
d’été est entrée en application depuis le dimanche 26 mars. A voir les
réactions de certains de mes concitoyens ou encore de certains de mes
confrères et consoeurs journalistes, je remarque une certaine tension, une
certaine morosité, une certaine lassitude. Éternels mécontents ! Moi, au
contraire, je n’arrête pas d’applaudir cette décision, oh combien
extraordinaire ! Non pas parce que je suis un éternel content qui applaudit
tout ce qui se décide, mais plutôt parce que j’estime que, dans notre pays,
nous n’avons pas à réinventer la roue. Il y a une politique qui marche
ailleurs, il suffit de l’adapter tout en tenant compte des spécificités
locales.

Et trois jours à peine après son application en Tunisie, l’heure d’été me
ramène son lot d’avantages. Je parle à titre personnel, parce que tout le
monde n’est pas de mon avis, loin s’en faut. Quels sont ces avantages ?

En rentrant le soir chez moi, il fait encore jour ! Joli paradoxe, car
normalement le soir il fait nuit et ce jusqu’à la semaine dernière. Eh bien,
non, le soir désormais et au mois de mars, il fait encore jour ce qui me
donne le temps de m’occuper de mes enfants, de les faire sortir au manège,
de me balader sur l’avenue Habib Bourguiba, de siroter un café sur une
terrasse …

Le fait de profiter de ces quelques moments de vie après le boulot n’a, à
mon avis, aucun égal ! Après tout, on travaille bien pour vivre, on ne vit
pas pour travailler ! A quoi sert-il de travailler tout au long de la
journée et de gagner bien sa vie si on ne vit pas bien cette vie ? Grâce à
l’heure d’été, désormais on a plus de temps libre.

Contrairement à certains mécontents, je n’ai pas changé mon rythme de vie en
rentrant chez moi. Après le dîner et le 20 heures du téléjournal, dodo vers
22 heures. Certains ont commis la gaffe de retarder de 60 minutes l’heure
d’aller au lit. Pas moi. Avantage : une consommation d’électricité
inférieure ! J’espère que la STEG en tiendra compte. Mais au vu de ses
factures toujours croissantes, malgré mes investissements en lampes
halogènes et mon harcèlement continu aux membres de ma famille pour qu’ils
éteignent la lumière, je doute que l’heure d’été va se
reflétée sur ma douloureuse facture. Cela dit, et d’après les échos
officiels (je dis bien écho faute d’une étude publique), on dit que cette
heure va faire des économies au pays en termes de consommation d’énergie !
C’est toujours cela de gagné !

Le matin, dernier avantage observé en ces trois jours d’heure d’été, je me
lève à 7 heures comme d’habitude, et c’est là où je me rends compte du
bonheur de cette heure. Le soleil vient à peine de se lever et ces premières
heures du jour (dont je ne profitais pas) sont réellement agréables à vivre.
Il y a une certaine fraîcheur (sur Tunis du moins), cette fraîcheur
matinale, qui vous donne une joie comme pas possible ! Indescriptible !

J’abandonne la voiture et je profite du beau temps pour une marche à pied
afin de remplir mes poumons d’air frais et d’oxygéner mon cerveau. C’est
clair, je me sens inspiré et j’ai envie d’aller rapidement au boulot rédiger
mes papiers ! La productivité et les avantages sur le pays seront palpables,
si tout le monde ressent ces impressions de bon matin, crois-je.

Seulement voilà, en rentrant au boulot et en regardant la tête de mes
collègues, j’ai vite fait de déchanter.

Avec leur gueule de bois, ils me parlent d’une heure de sommeil de moins.
Ils sont toujours réglés sur l’ancienne heure. «On ne peut pas changer
l’heure biologique», me disent-ils. Je leur parle de ces balades du soir
après le boulot. Ils n’acquiescent pas ! C’est que leur chère épouse a
profité de cette heure de lumière supplémentaire pour aller faire du
shopping. Cette balade imprévue leur a coûté cher, m’ont-ils
dit profitant pour me signaler que les soldes ne sont pas aussi respectés
qu’au début de la campagne !

Arguments solides et suffisants pour que je perde toute l’inspiration que
j’avais de bon matin ! Avec des éternels mécontents qui ne voient que la
moitié vide du verre, on ne peut rien faire décidément !