Le rapport de la Commission pour l’Afrique : Est-ce la voie royale ?

Par : Autres

Le rapport de la Commission pour l’Afrique : Est-ce la voie royale ?

 


une_04062005.jpgAprès Tunis et Alger, Michel
Camdessus, ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI)
et Sir John Holmes, viennent de présenter le rapport de la Commission à
Paris.

La Grande Bretagne a lancé, mercredi 1er juin 2005, dans les locaux de son
ambassade parisienne, la version française du rapport de la Commission pour
l’Afrique initiée par Tony Blair. Cela en présence de Michel Camdessus,
ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) et de la
rock star Bob Geldof qui ont participé à son élaboration.


Parmi les recommandations, il est notamment prévu un doublement de l’aide
aux pays d’Afrique subsaharienne […], ce qui représente une augmentation
de 25 milliards de dollars par an au cours des trois à cinq prochaines
années. Il faut rappeler que, sous l’initiative du Premier ministre
britannique, Tony Blair, qui en a assumé lui-même la présidence, la
Commission pour l’Afrique a produit, en mars dernier, un rapport invitant
les pays les plus riches à accroître leur aide au développement. Cela après
une analyse des paramètres sociopolitiques de la situation du continent
africain à laquelle nombre d’experts africains et internationaux ont
contribué. A noter que M. Blair, hasard du calendrier, assure la présidence
du G8 et qu’il accèdera à celle de l’Union européenne en juillet prochain.
De quoi réveiller les espoirs de quelques afro optimistes. Toutefois, les
réalités africaines sont complexes et multiples… Alors faut-il attendre
beaucoup de cette Commission ? Non, et ce pour plusieurs raisons.


A la question de savoir si la mise en place de cette Commission pour
l’Afrique marque un tournant dans la politique africaine de la
Grande-Bretagne, Sir John Holmes a répondu : «Je pense effectivement que
c’est un tournant pour la politique britannique en ce qui concerne l’Afrique
parce qu’elle reflète sa nouvelle détermination à donner une impulsion
définitive et décisive au développement de ce continent. Mais la question
fondamentale, ce n’est pas tant de savoir si c’est un tournant pour nous,
les Britanniques. C’est plutôt un tournant pour le monde. Il faut que toute
la communauté internationale travaille ensemble afin de donner cette
impulsion essentielle au développement du continent Africain. Et bien sûr,
le changement économique et la mise en place des politiques nécessaires pour
y parvenir reste du ressort des Africains eux-mêmes».


Et quand on lui demande à quoi tient cet intérêt soudain de la
Grande-Bretagne pour l’Afrique, surtout dans un domaine où la France, par
ailleurs associée au projet comme en témoignent les intervenants invités à
cette rencontre et la présence de Jack Lang, s’est toujours fortement
impliquée, le représentant de Sa Majesté s’étonne : «Intérêt soudain ? Pas
tout à fait, nous sommes là depuis un certain temps. Je pense que c’est une
combinaison de facteurs objectifs mise en exergue par une situation
difficile, un peu partout dans le monde certes, mais désastreuse en Afrique.
Notamment quand on le compare aux autres régions du monde qui sont plus ou
moins sorties du cercle vicieux de la pauvreté. Cette initiative résulte
également de l’engagement personnel de Tony Blair qui pense qu’il est
moralement inacceptable que les choses continuent ainsi et qu’il est de
notre intérêt d’y mettre fin. Sinon les problèmes de l’Afrique finiront par
devenir les nôtres comme ils le sont déjà dans certains domaines».


Ceci dit, plusieurs questions sont à soulever, notamment est-ce que le
Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) a été
suffisamment associé au travail de la Commission pour l’Afrique ? Où bien si
cette action ne constitue pas une duplication quand on considère l’existence
du Nepad…


Selon Sir John Holmes, effectivement, la Commission pour l’Afrique a
travaillé de façon étroite avec le Nepad, puisque le rapport est
complémentaire aux efforts du Nepad. Mais il regrette que les gens le
perçoivent comme une duplication, parce que ce n’est vraiment pas le cas.
«Nous cherchons plutôt à renforcer les efforts du Nepad et de l’Union
Africaine. Dupliquer ou remplacer n’est absolument pas le propos de la
Commission pour l’Afrique parce que justement le Nepad est une initiative
africaine».


Il faut reconnaître que ce qui fait la particularité de ce dernier projet
par rapport à toutes les initiatives antérieures, c’est le fait qu’on trouve
tous les aspects de la crise dans un seul rapport : politique, culture,
économie, financement, dette, commerce, gouvernance, etc. Aujourd’hui, il
est question de mener une politique d’ensemble et coordonner
toutes les actions pour faire un effort massif. C’est cette politique
d’ensemble que le rapport essaie d’encourager.

 


Tallel Bahoury


 

  
07 –
06 – 2005 :: 06:00  –  ©webmanagercenter