Tourisme local : Les difficiles relations


Le débat se
poursuit autour de l’article de M.BOUSSABAH intitulé “Mon cher Kamel”; le
sujet semble, en effet, provoquer des réactions assez vives parmi nos
lecteurs; ce qui nous a poussé à publier les différentes interventions à
l’espace

forums.

 

bateau2.gifJ’ai
rarement lu un aussi bon article et une analyse aussi profonde sur le
tourisme tunisien et sur les rapports hôteliers consommateurs.

Je suis très étonné de l’absence de réactions de la part des
professionnels : Hôteliers, FTH, ODC, ministère de tutelle, qui ont
pourtant l’habitude d’exceller dans l’art de la communication.

 

Les
accusations sont-elles vraies ? L’analyse est-elle pertinente, qu’il est
préférable de passer sous silence des fait et des réalités ?

On est très heureux pour la notre pays et pour le tourisme que le secteur
retrouve sa vigueur, sa vitalité et puisse commencer à sortir de la crise.
On préfère des hôtels pleins et une activité débordante, avec même un
surbooking que des hôtels vides, des hôteliers aux grises mines, même si
c’est à nos dépends; nous consommateurs tunisiens , car les enjeux sont
d’importance nationale et dépassent notre confort personnel. On espère que
cela puisse continuer.

Cette situation montre aussi les limites de notre capacité hôtelière et de
notre infrastructure; 5 millions de touristes à comparer aux 70 millions
de l’Espagne ou aux 50 millions de la France; il reste encore du chemin à
faire au niveau de l’infrastructure, au niveau du nombre d’hôtels, routes
et aéroports. On découvre aussi qu’il y a des régions qui sont
sous-développées en capacité hôtelière, comme Bizerte, Tabarka, Mahdia,
Zarzis etc.. Il faut continuer à développer l’offre “Tunisie”, entretenir
la cadence et porter le nombre de touristes à 10 millions voire 15
millions d’ici 2010, surtout que dans les 5 millions, il y a 2 millions de
maghrébins.

La limite de notre capacité hôtelière est aggravée par une nouvelle donne
dont on ne tient, apparemment, pas compte dans la stratégie du secteur
touristique. Avec un marché intérieur tunisien de 2 millions de clients et
4 millions de touristes de voisinage; qui se caractérise, entre autre, par
sa permanence sur l’ensemble de l’année et plus particulièrement les week
end; il suffit de voir les zones frontalières les jeudi vendredi (Ce qui
correspond à la fin de semaine chez nos voisins Algériens et Libyens).


Ce nouveau flux, ce nouveau marché et l’émergence d’un vrai marché
intérieur due à l’importance d’une forte couche moyenne dont le pouvoir
d’achat a été multiplié par 10 depuis 15 ans. Cette population mérite à
notre avis une nouvelle vision et la mise en place d’une nouvelle
stratégie “Tourisme local”.

La nouvelle approche commerciale doit prendre en compte les besoins du
client Tunisien et de ceux de nos voisins : tourisme de santé , tourisme
de shopping les week end, besoin en appart hôtels plutôt qu’en hôtels,
facturation à la chambre et non par personne etc…


Il est curieux de voir nos hôteliers vous facturer :

– La chambre ou 10 chambres au même prix,
– Le week end comme le milieu de semaine,
– 1 jour ou 15 jours au même prix,
– Juillet et août au même tarif.

Il y a lieu d’être imaginatif et développer une politique permettant de
pousser le client Tunisien vers des créneaux de dates plus allégées, comme
juin ou septembre; de lui proposer des prix par semaine plutôt que par
journée, des prix par chambre, de l’habituer à passer par les agences de
voyages etc..


La politique commerciale linéaire de tarification est désavantageuse au
client Tunisien et finit par le pousser à l’optimisation en optant pour la
formule LPD, en le poussant à consommer hors de l’hôtel pour ses repas, à
réduire le nombre des nuitées, à limiter son séjour aux week ends.

Au cours de ces dernières vacances, nos chers hôteliers ont refusé l’accès
de leurs hôtels aux Tunisiens pour cause de manque de places, mais
regardez qui anime Yasmine Hammamet ? qui sont les meilleurs consommateurs
? qui occupe les meilleures tables dans les restaurants et dans les cafés,
qui remplit les festivals de Tabarka et Hammamet, qui rentre le plus à
l’espace Médina ?


Il faut être aveugle et dénué de sens commercial pour passer à côté d’une
telle aubaine, nos hôteliers ont tout intérêt à canaliser ce marché, à
l’éduquer, à s’y intéresser et à répondre à ses attentes.


Pour moi un hôtel n’est pas uniquement un espace d’habitat, mais un espace
commercial avec des restaurants, des cafés et des activités payantes,
pourquoi s’en priver ?


Instituer un droit d’entrée, ou une formule journée payante sont des
solutions à étudier, ça pourrait contribuer à mieux rentabiliser des
investissements lourds et coûteux.

Le but de ces observations n’est certainement pas de culpabiliser les
professionnels du secteur; mais d’attirer leur attention sur le fait
qu’ils continuent à sous-estimé un marché intérieur important; il suffit
de voir le nombre de Tunisiens qui voyagent de plus en plus à l’étranger :
Malte, Maroc, Egypte, Liban, France, Espagne… Attirés par des offres
alléchantes et des prix attractifs, pour se rendre compte qu’un client
délaissé, maltraité, ira voir ailleurs et à l’ère d’Internet ce n’est pas
un vain mot.

Que nos étés et nos vacances soient toujours des fêtes

A.B

30 – 08 – 2004 :: 07:00

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