BS, la banque qui a encore du ressort !

Par : Autres


BS, la banque qui a encore du
ressort !

Par Khaled
BOUMIZA

 

logo_bs_140604.gif«Je l’ai dit
l’année dernière et je le répète cette année, la situation de la banque
n’est pas grave. Difficile, mais pas grave !
» C’est en ces termes que M.
Béchir Trabelsi résumait, il y a quelques jours devant les intermédiaires
boursiers, la situation de la Banque du Sud dont il est le PDG.


En quelques semaines de temps, du bilan provisoire à la situation définitive
des états financiers et à quelques semaines de l’annonce de l’identité de la
partie qui aura remporté l’appel d’offres de sa privatisation, tout a changé
à la Banque du Sud. Ces états financiers provisoires pour l’exercice 2003
avaient annoncé un résultat net de 10,7 MDT et même un résultat en
progression par rapport aux 10,5 MDT de l’exercice 2002. Ce résultat sera
finalement revu à la baisse; ainsi le résultat net de l’exercice 2003, passe
à 2,2 MDT seulement. Un réajustement qui s’est fait sous l’effet des agios
réservés et des provisions.
(Téléchargez
la présentation de la BS
)

La banque est certes toujours bénéficiaire, mais peu de professionnels
s’attendaient à un tel revirement. Cela est d’autant plus vrai, que l’on
découvre que la banque souffre d’insuffisance de provisions estimé à pas
moins de 120 MDT ! La banque a pourtant provisionné en 2003 un montant de 41
MDT, en hausse de 71% par rapport à l’exercice 2002. L’explication de cette
hausse réside dans la volonté manifeste d’assainissement financier de la
banque.


En 2002 déjà, l’exercice avait été clôturé avec un manque de provisions de
plus de 20 MDT, l’importante augmentation des provisions à constater, le
management de la banque l’explique par la perte de valeur des garanties
contractuelles accordées à la banque et par le fait que l’opération
d’évaluation du patrimoine de la banque et des garanties données, n’a été
terminée que depuis 2 mois.


2003 devrait donc être pour la BS, une année à oublier. Mais pas uniquement
pour la banque, pour ses actionnaires aussi. Pour l’année 2003, il n’y aura
pas distribution de bénéfices, ni probablement d’ailleurs pour 20004. La
chose a toutefois était comprise et acceptée par les actionnaires qui ont
manifesté leur appui à la direction de la banque, lors de l’Assemblée
générale qui s’est déroulée le 9 juin 2004. La bourse aussi semble avoir
repris conscience de la valeur de l’action au vu des perspectives présentées
par sa direction et compris le sens et la finalité de l’action de cession.
Après avoir chuté pendant plusieurs jours, l’action BS semble reprendre des
couleurs.

 

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472
MDT de crédits accrochés

L’autre problème de la banque, c’est les créances classées. Elles sont de
l’ordre de 472 MDT, sur un total d’engagements bruts de 2139 MDT. Un ratio
en augmentation (22,050% contre 21,86% en 2002), mais avec des niveaux de
concentration jugés «dangereux» par la direction de la BS (20% des créances
douteuses et litigieuses pour les 10 premiers clients); ajouté à un niveau
de concentration sectorielle tout aussi dangereux ! (100 MDT de crédits
accrochés dans le tourisme), M. Béchir Trabelsi reste pourtant confiant, la
banque a déjà entamé, selon lui, la dilution de cette concentration par la
réduction progressive de leurs engagements «mais sans casser la machine». Ce
qui explique la poursuite de l’augmentation des engagements d’une année à
l’autre (De 2011 MDT en 2002 à 2139 MDT en 2003).


Cette opération, est à relier à l’opération de «restructuration» qui a
touché l’ensemble des créances de la clientèle. «L’objectif
est de baisser l’encours des comptes débiteurs (252,451 MDT au 31 décembre
2003), une frange que je n’aime pas car difficile à cerner et de développer
le crédit par portefeuille
»,
générateurs de commissions pour la banque. En filigrane, il explique que
certaines entreprises utilisent les comptes d’épargnes, pour financer leurs
débits. Une certaine autre clientèle utilise de son côté les comptes
d’épargnes comme des comptes à vue. Cela nous ramène à la question des
ressources et de ses coûts qui deviennent chers pour la banque qui n’hésite
alors pas à «larguer
les dépôts institutionnels dont le coût est supérieur au taux du marché
»,
à mettre l’accent sur le démarchage et l’ouverture des comptes individuels,
pour stabiliser ses ressources. Les dépôts et avoirs de la clientèle
représentent, en effet, 76% du passif de la banque.

Une
situation qui s’améliore

Voici donc l’état actuel de la banque. Ce n’est pourtant qu’un instantané,
un flash d’une situation conjoncturelle à un instant « T », qui est la date
du 31 décembre 2003. Le PDG lui, reste confiant quand à l’avenir de la BS. «Il
est prometteur et extraordinaire
»,
dit-il, en affirmant que «la
banque est capable d’aspirer à plus que les 8% de part de marché réalisés en
2003
».
Un regard à la loupe, sur les résultats des 5 premiers mois de l’année 2004,
aurait tendance à confirmer ses dires. A y voir de plus près, en effet, on
remarque une progression de plus de 6% du chiffre d’affaires, une baisse de
plus de 50% des impayés et la proportion des actifs classés par rapport à
l’ensemble des engagements en baisse de 2 points et une meilleure maîtrise
des charges d’exploitation. Tout cela dénote, de l’avis des analystes
financiers, une dynamique soutenue de recouvrement et d’amélioration des
différents ratios financiers.


Quand au manque de provisions, il faut peut-être rappeler que ce n’est pas
l’apanage de la BS. Des banques nationales et privées, sont dans ce cas et
pour certaines, le montant dépasse celui de la BS. Peu de banques
tunisiennes peuvent donc se targuer de ne pas en connaître et les instances
de contrôle le savent. «
(…) Les pratiques le plus couramment utilisées et particulièrement par les
banques semblent avoir pour but de combler partiellement ou totalement les
insuffisances de provisions requises
» note un communiqué du CMF !
La dynamique de l’activité de la banque et les résultats attendus, vont
certainement permettre de résorber, «dans de fortes proportions» nous
confient des connaisseurs du secteur et de la banque, l’insuffisance de
provisions constatée au 31 décembre 2003. Certains n’excluent pas la
résorption, en 2004, d’au moins 45 MDT, car elle sera le résultat du
règlement de la question des créances accrochées et de l’effort de
recouvrement

La
short liste de la cession

La privatisation de son côté va bien et se fait dans le cadre de la
transparence la plus complète. L’opération est suivie et pilotée par la BAT
(Banque d’Affaires de Tunisie). Six soumissionnaires se sont présentés, en
réponse à l’appel d’offres. Il s’agit des italiens Monte Dei Paschi di Siena
(déjà actionnaire à presque 17%), Intesa et le fonds Portfolio, la BNP
française, la BMC marocaine et la Santander Central Hispano Bank (Cliquez
ici pour visualiser les profils des 3 soumissionnaires
).
Seuls trois candidats se sont présentés au Data Room (Monte Pasque, de la
BNP et de l’alliance BCM&Santander Bank). Le management de la banque assure
que tout s’est très bien déroulé et que tous les documents demandés ont été
présentés. Le nom de l’acheteur devrait être connu d’ici fin juillet 2003.
Deux choses à retenir, les personnes physiques tunisiennes déjà actionnaires
à hauteur de 29% (probablement Mrs. M’hamed driss, Mohamed Ali Mabrouk et
Mzoughi Mzabi entre autres, d’après la liste publiée sur le site Web de la
BVMT), auraient décidé de ne pas vendre. La seconde chose à retenir, c’est
que le CMF aurait aussi clairement signifié aux banques étrangères
intéressées par le rachat de la BS que si elles dépassent le seuil de 51% du
capital, elles seront astreintes à une OPA ou à une procédure de maintient
des cours, comme l’oblige la loi. Rien d’encore officiel ne leur aurait
cependant été donné dans ce sens, selon des sources du CMF.


En attendant, le plan final d’assainissement de la banque, ne devrait pas
être étudié qu’après et avec l’investisseur qui remportera les enchères de
cession des actions publiques. La banque sera donc cédée sur la base de la
situation financière arrêtée au 31 décembre 2003, et sur la base des
évaluations effectuées par les banques intéressées elles-mêmes.
 

 

Tunisie :
14 -06 –
2004 à 09 :00

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