Tunisair : Zones d’ombres d’un bilan provisoire

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Tunisair : Zones d’ombres d’un bilan
provisoire

Par
Khaled BOUMIZA

 


ta180404.jpgComme on
l’avait déjà annoncé, Tunisair a drastiquement diminué son déficit. Celui-ci
passe, en effet, de 31,5 millions de dinars à seulement 11,7 MDT. Derrière
cela, la croissance se précise, même si elle n’est pas très importante ; 20
MDT en produits d’exploitation et une importante baisse des charges
d’exploitation.

Dans ce bilan, qui reste en général largement positif au vu des changements
intervenus en si peu de temps (deux années), il reste cependant quelques
ratios à observer et quelques choix à commenter.

Il y a ainsi cette rubrique «clients et comptes rattachés» qui augmente
abruptement de 34,6 MDT à 47,5 MDT en une année. Cette rubrique renferme le
compte des «clients douteux» qui augmente d’un peu moins de 2 MDT
(25,5 MDT contre 23,8 MDT une année auparavant). Il faut donc convenir qu’un
plus grand effort de recouvrement aurait pu être déployé. Et aussi qu’une
meilleure évaluation des risques clients aurait du être développée au sein
de la compagnie.


Remarques du Commissaire aux
comptes

Il y a ensuite les remarques du Commissaire aux comptes. Si certaines
peuvent sembler d’ordre purement réglementaire et pourraient être facilement
levées, d’autres méritent que l’on s’y attarde. Il en est ainsi, par
exemple, de cette remarque qui pourrait évoquer des opérations non précises
: «les comptes de virement interne anormalement débiteurs de plus de 1
MDT
». Remarque qui pousse le commissaire aux comptes à dire qu’il ne
peut se prononcer sur l’exhaustivité des enregistrements des opérations
financières, des flux de trésorerie et de l’exactitude des soldes bancaires
!

Il y a aussi cette remarque relative aux redevances aéroportuaires
collectées auprès des passagers et devant normalement être reversées aux
entreprises concernées. Ces redevances sont «comptabilisées en compte
produit à l’émission des billets et sont ensuite constatées en charges à la
facturation
». Cela affecte indéniablement le résultat de l’exercice et
le Commissaire aux comptes ne manque pas de le dire, et d’ajouter que les
informations à ce propos sont insuffisantes.

On se rappelle aussi cette information, jamais démentie ni confirmée qui
expliquait, en 2003, le changement du résultat 2002 par une erreur dans le
calcul de l’influence des taux de change. Lorsqu’on sait qu’une grande
partie des recettes de Tunisair se fait en euro et une très grande partie de
ses dépenses se fait en dollars américains, on comprend mieux ces deux
autres réserves du commissaire aux comptes. La première attire l’attention
sur un problème d’actualisation des créances clients libellées en monnaies
étrangères. L’autre remarque concernant les dettes fournisseurs, libellées
en monnaies étrangères, semble être dans le même cas.

Deux autres remarques concernent l’achat en leasing de matériel de transport
de la société et qui ne serait pas exactement conforme, ni à la loi
réglementant le leasing, ni aux normes comptables en usage.


Programme d’investissement

Par ailleurs, de nouvelles déclarations du ministre des Technologies de la
communication et du Transport donnent de nouvelles perspectives à l’activité
de Tunisair. Lors d’une conférence de presse, M. Sadok Rabah a annoncé un
nouveau programme d’investissement pour le transporteur aérien national. Un
nouveau programme pour l’acquisition de nouveaux avions (le nombre n’a pas
été précisé) et qui devrait démarrer en 2005, l’année qui devrait voir le
compagnie entrer dans une phase de distribution de bénéfices après une année
2004, annoncée par M.Rafaa Dékhil, comme étant l’année de l’équilibre.

La compagnie compte actuellement 30 avions en exploitation (12 Boeings et 18
Airbus). Mais Tunisair détient aussi, selon les propres documents qu’elle a
tout dernièrement publiés, quatre avions Boeing en hors exploitation !
Pourquoi donc ce nouveau programme d’investissement qui va certainement
alourdir les charges de la compagnie ?

Le ministre affirme, également, que Tunisair ne fera partie d’aucun
groupement maghrébin, mais qu’elle pourrait conclure des accords bilatéraux
avec des pays européens, africains et arabes pour étendre ses lignes à de
nouvelles destinations. Le ministre, qui avait à plusieurs reprises affirmé
que Tunisair restera une compagnie nationale, annonce cette fois-ci que
l’Etat interviendra à chaque fois que le rendement commercial fera défaut !
 

(c)
Webmanagercenter – Management & Nouvelles Technologies –
18
/ 04 / 2004 à 07:00