TunisAir : Des problèmes de gestion et des décisions, …

Par : Autres

    

TunisAir :  Des problèmes de
gestion et des décisions, …

   

Management &
Nouvelles Technologies – Magazine
On-Line : 16-07-2003 à
08:00

 

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Avec
la tenue, le lundi 30 juin 2003, de son AGO pour l’exercice 2002, Tunisair
aura finalement et définitivement (on l’espère pour elle et pour ses
actionnaires) tourné la page de deux années de tourmente, sociale,
financière et boursière, avec leur lot de rumeurs et de mouvements
erratiques.

 

Une
AGO qui a rassemblé 70,77 % des actionnaires dont peu représentant les 20 %
disséminés dans la bourse de Tunis. Mais une assemblée qui a salué le
“courage” des propos de Rafaa Dekhil dans le préambule qu’il a lu durant les
vingt minutes qui ont précédé l’ouverture des travaux, et qui a fait l’éloge
du travail de la direction générale de l’entreprise et lui a renouvelé sa
confiance. Et ce n’est pas peine perdue pour cette compagnie qui a été l’une
des premières entreprises nationales à ouvrir son capital au public; une
entreprise qui traverse sa plus importante crise.

C’est maintenant définitif, le résultat net de l’exercice 2002 est
déficitaire de 31,568 MDT, il est vrai contre un déficit de 59,638 MDT une
année auparavant. Mais un cumul de déficit, depuis l’année 2000, de 125,232
MDT. Et pour expliquer ce résultat, point d’appel à la conjoncture
internationale et nationale cette fois-ci. “Ces conjonctures
n’interviennent qu’à hauteur de 10 %, pas plus, corrige M. Rafaa Dekhil. “Le
reste, c’est des problèmes à l’intérieur de l’entreprise, des problèmes
structurels
” insiste-t-il. Et le Pdg d’ajouter que “nous nous
étonnons toujours de ceux qui disent que tout va bien à Tunisair
“.

Erreurs et réserves…

A l’appui, le rapport du premier ministère qui aurait relevé 1200 erreurs de
gestion. Le rapport du commissaire au compte n’a d’ailleurs pas été en
reste, il a, en effet, fait état de 11 réserves, qui sont autant de fautes
dans la gestion de ce mastodonte du transport aérien qu’est Tunisair. Des
remarques telles que “les états des stocks techniques présentent des
anomalies
“, “les créances clients libellés en monnaies étrangères
n’ont pas fait l’objet d’une actualisation aux cours de clôture (…) et des
encaissements anciens non identifiés, remontant à l’exercice 2000 et
antérieurs, sont comptabilisés dans des comptes d’attentes
” en disent
long sur la gestion.

 

Mais
il y a plus. Le rapport du commissaire aux compte signale, également, que “l’analyse
des comptes bancaires font ressortir des opérations non justifiées et
d’anciens suspens (…) certaines caisses de la société qui n’ont pas fait
l’objet d’inventaires physiques et l’analyse des comptes caisses qui dégage
des opérations non comptabilisées et des écarts de caisse non justifiées
“.
Toujours en ce qui concerne les anomalies de gestion qui affectent le
résultat de l’exercice, ledit rapport cite aussi le cas des redevances
portuaires. Autant d’anomalies et d’erreurs qui font actuellement l’objet de
toute l’attention de la direction générale qui lui consacrera une douzaine
de cadres financiers et qui seront réglés, M. Rafaa Dekhil l’a promis, en
l’espace d’une année.

Mais le bilan de l’exercice 2002, c’est aussi des rubriques en baisse
continue, comme les fonds propres (290,2 MDT contre 327,7 MDT en 2001 et
436,3 MDT en 1998), les dettes à moyen et long terme (581,4 MDT contre
225,128 MDT quatre année plus tôt ou capital et réserves (321,8 MDT contre
422,4 MDT en 2000). Le ratio de solvabilité n’a de son côté cessé de
baisser. De 1,9 en 1998, il est actuellement de 0,5. Le bilan présenté aux
actionnaires, fait aussi état d’un déséquilibre entre produits et charges,
en indiquant que les produits d’exploitation étaient en baisse de plus de 24
MDT (- 3,5 %), face à des charges d’exploitation qui n’ont baissé que de 2,2
%.

… et de bonnes
décisions aussi

tunisairdk.jpgA l’actif de
l’actuelle direction, on se doit quand même de noter le relèvement, au cours
de l’exercice 2002, du ratio de liquidité générale à 1,2 contre 1,1 une
année auparavant, l’amélioration du ratio de gestion à 54,31 contre 53 % en
2001, la hausse de la trésorerie nette de plus de 16,7 MDT et du fonds de
roulement de 17,7 MDT en l’espace d’une seule année.

Toujours dans le chapitre des bonnes décisions de l’année, il faut noter le
plan de restructuration dont la partie visible a été le premier plan social
de 500 agents dans des conditions approuvées par le syndicat. Le reste sera
constitué par la compression des coûts qui devrait générer une épargne de 40
MDT, l’externalisation de plusieurs activités comme le catering, la
maintenance et autres et l’étude stratégique qui devrait déterminer plein de
choses dans le futur commercial de Tunisair. A noter que l’externalisation
des activités, devrait aboutir à la création d’un ensemble de sociétés où
Tunisair est actionnaire majoritaire et regroupé au sein du Groupe Tunisair.
On notera aussi l’annonce de discussions en cours pour l’entrée de Tunisair
dans des alliances “profondes et internationales” selon l’adjectif
employé par le Pdg de l’entreprise qui nous annonce du nouveau pour les
semaines à venir.

Comme attendu, l’action Tunisair à la bourse a été au cœur de la grande
majorité du débat qui s’est installé entre R. Dekhil et les actionnaires
présents à l’AGO. Là encore, c’est le premier responsable du staff financier
qui prend la parole pour répondre que l’entreprise n’a pas l’intention
d’intervenir pour soutenir son action, avec cependant la “possibilité
d’un contrat de régulation, après la fin du programme d’assainissement
financier
“.

Tunisair,
l’Etat et la Bourse

Certains actionnaires se sont demandés pourquoi l’Etat se limite-t-il à
prélever les bénéfices et ne pas prendre part aux pertes ? Plus précis
encore, un autre actionnaire s’est demandé sur l’incidence des résultats
reportées, sur la distribution des bénéfices, lorsque Tunisair reviendrait,
en 2005 comme le soutient M. R. Dekhil après un premier palier de
stabilisation des résultats en 2004, au bénéfice.

 

De
notre côté, nous croyons savoir que Tunisair et son principal actionnaire ne
sont pas restés insensible à cette requête des petits actionnaires, pour
lesquels une cellule d’écoute spéciale a été mise sur pied. Il semblerait en
effet qu’on étudie sérieusement la possibilité que l’Etat éponge une partie
des pertes de Tunisair et qu’un dividende pourrait bien être distribué en
2005.

L’AGO a par ailleurs été l’occasion de glaner certaines informations, comme
ces deux crédits, le premier d’un montant de 4,5 MDT accordée à sa filiale
immobilière à Paris (la société Assafa dont on découvre par la même occasion
l’existence) et cet autre crédit de 6 MDT accordé, toujours par Tunisair, à
Batam. On apprend aussi que le commerce électronique (la vente des billets
on-line) tente sérieusement Tunisair. Pour cela, elle serait entrain de
renégocier avec la Ftav (Fédération tunisienne des agences de voyage) le
montant de la commission qui leur est accordée et ce afin que les voyagistes
ne soient pas lésés par le “booking on-line” que Tunisair compte introduire.
 

 

06-07-2003


Khaled
BOUMIZA

 

site web:

www.tunisair.com.tn