Après le sauvetage, les banques espagnoles entrevoient une embellie

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ésident de la banque Santander Emilio Botin (droite) à Santander le 28 mars 2014 (Photo : Rafa Rivas)

[30/04/2014 15:03:29] Madrid (AFP) Profondément fragilisées par leur exposition au secteur immobilier, qui a poussé certaines d’entre elles au bord de la faillite et asphyxié même les plus solides, incapables de se financer sur des marchés méfiants, les banques espagnoles entrevoient désormais un “changement de tendance”.

Alors que l’Espagne, quatrième économie de la zone euro, confirme timidement sa reprise, le secteur bancaire, sorti en janvier d’un plan de sauvetage européen de 41,3 milliards d’euros, respire.

“2014 a démarré avec plus de revenus, moins de coûts et de provisions et plus de clients satisfaits, ce qui nous donnent de plus gros bénéfices”, proclamait mardi Emilio Botin, le président de Santander.

La première banque en zone euro par la capitalisation a engrangé au premier trimestre son profit le plus élevé depuis deux ans (1,3 milliard d’euros).

Si les deux autres plus grandes banques espagnoles, BBVA et CaixaBank, ont elles enregistré de nettes baisses de leurs bénéfices entre janvier et mars, souffrant de comparaisons défavorables, elles aussi décèlent, selon les mots de BBVA, “des signes clairs d’amélioration”.

Pourquoi un tel optimisme? L’immobilier, objet de leurs pires cauchemars depuis l’éclatement de la bulle en 2008 et à l’origine de la crise qui a secoué l’ensemble du pays, semble désormais envoyer de timides signaux positifs.

CaixaBank, première banque en Espagne par les actifs, constate ainsi “une réduction graduelle des crédits douteux et la stabilisation des actifs endommagés”, car exposés à ce secteur sclérosé.

Indicateur-clé de la santé des banques en Espagne, le taux de créances douteuses (principalement des crédits de promoteurs et particuliers dans l’immobilier risquant de ne pas être remboursés) reste certes proche du record historique.

Mais la plupart des banques affirment avoir enregistré au premier trimestre la première baisse de ce taux depuis plusieurs années (BBVA), voire depuis le début de la crise (Santander, CaixaBank, Banco Popular).

– Amélioration dans l’immobilier –

Devenues, à marche forcée, les premières agences immobilières du pays, leurs bilans gonflés par des milliers de logements et terrains saisis auprès de ces promoteurs et propriétaires insolvables, les banques ont accéléré les ventes depuis janvier, grâce à des prix cassés.

Après s’être saignées, depuis 2008, en destinant des dizaines de milliards d’euros aux provisions pour couvrir le risque immobilier, elles peuvent désormais lever, légèrement, le pied.

“L’amélioration du bénéfice vient d’une alliance importante de facteurs: les revenus augmentent alors qu’en même temps les coûts et les provisions pour couvrir les impayés diminuent”, se réjouissait Santander.

Sous le coup d’exigences de plus en plus strictes à mesure que la crise s’aggravait, les banques ont aussi dû renforcer leurs bilans. Un effort qui leur permet d’aborder avec une confiance prudente les prochains tests de résistance européens.

L’optimisme n’est pas circonscrit aux seules banques espagnoles. L’agence de notation financière Standard & Poor’s a ainsi annoncé mardi qu’elle comptait maintenir ou relever la note de plusieurs d’entre elles.

“Les banques espagnoles ont intégré la plus grande partie des pertes liées à la correction du marché immobilier et la double récession” qu’a vécue l’Espagne depuis 2008, estimait l’agence.

Après s’être heurtées aux “guichets” fermés des investisseurs internationaux, qui leur opposaient des taux d’emprunts mirobolants, les grandes banques espagnoles bénéficient désormais d’une meilleure disposition des marchés: elles ont relancé leurs émissions et réduit la dépendance aux prêts avantageux de la Banque centrale européenne.

Profitant aussi de ce regain d’appétit, l’Espagne a amorcé fin février la privatisation de Bankia, près de deux ans après le sauvetage public de la quatrième banque espagnole cotée, en vendant 7,5% de son capital presque entièrement auprès d’investisseurs étrangers.

Malgré l’embellie, la prudence reste toutefois de mise.

Si elle souligne la bonne position de Santander et BBVA, qui s’appuient sur une solide diversification géographique, l’agence de notation Fitch soulignait mercredi les difficultés persistantes: “De nombreuses banques espagnoles font encore face au défi de réduire un lourd stock d’actifs défaillants, d’améliorer leurs revenus directement liés à l’activité bancaire et leur capacité à absorber les pertes.”