Les jeunes Tunisiens adoptent de plus en plus le « Black Friday », événement importé des États-Unis et synonyme de promotions massives en ligne et en magasins. Cette frénésie d’achats séduit les consommateurs, mais soulève des questions environnementales et sociales.

Impacts environnementaux et pression sur les ressources

Les pics de consommation entraînent une augmentation des émissions de CO2 liées à la fabrication et au transport des produits. La multiplication des emballages et des livraisons rapides accroît également les déchets électroniques, textiles et plastiques. Cette dynamique pèse sur des ressources déjà surexploitées. En Tunisie, ces pratiques s’ajoutent à un contexte de pouvoir d’achat fragile. Selon l’OTIC, l’inflation a reculé à 4,9 % en octobre 2025, mais les prix des denrées et des services restent élevés.

Journée mondiale sans achat : questionner les habitudes

L’Organisation tunisienne pour informer le consommateur (OTIC) appelle les citoyens à adopter des comportements responsables et à distinguer besoins réels et achats de confort. « Nous vivons dans une dynamique de marketing qui impose au consommateur de décider rapidement. Il doit remettre en question cette avalanche de publicités et contrôler son envie d’acheter pour mettre fin au chantage émotionnel », explique Lotfi Riahi, président de l’OTIC. L’organisation préconise également de budgétiser les achats et d’évaluer l’impact des promotions.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la « Journée sans achat », initiée au début des années 1990 par le magazine canadien Adbusters pour sensibiliser aux excès de consommation. L’événement, qui se déroule dans plus de 60 pays, vise à contrer le « Black Friday » et à alerter sur les effets climatiques, environnementaux et sociaux de la production de biens.

Déchets textiles et consommation excessive

Le secteur textile illustre particulièrement les dérives de la surconsommation. La fast fashion génère près de 83 millions de tonnes de déchets textiles par an, soit l’équivalent d’un camion de vêtements jetés chaque seconde. Ces produits, souvent portés quelques fois, représentent environ 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En Tunisie, l’ONUDI estime que plus de 31 000 tonnes de déchets textiles sont produits chaque année, dont 6 300 tonnes provenant de la surproduction industrielle.

Déchets ménagers et initiatives locales

Le pays génère également près de trois millions de tonnes de déchets ménagers annuels, principalement des emballages. Des initiatives pilotes de tri et de recyclage ont été mises en place, mais leur impact reste limité par le manque d’infrastructures et de sensibilisation. L’OTIC propose d’encadrer la taille des emballages pour réduire leur coût sur les prix et encourager une consommation plus durable.