La Tunisie a relevé sensiblement son ambition climatique à l’horizon 2035, selon le projet préliminaire de sa prochaine Contribution déterminée au niveau national (CDN 3.0) publié sur le site de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Ce document, encore au stade de draft, actualise la dernière CDN de la Tunisie mise à jour et remise à la CCNUCC en 2021. Il redéfinit la stratégie climatique du pays alors que la communauté internationale se réunit à Belém, au Brésil, pour la 30e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP30).

Le texte du document propose une réduction de 62 % de l’intensité carbone d’ici 2035 (avec un objectif intermédiaire de réduction de 46,2 % d’ici 2030), ce qui marque un saut ambitieux comparé à la CDN 2021, qui tablait sur une baisse globale de 45 % à l’horizon 2030. Sans soutien extérieur, la Tunisie avance un objectif de 31 % (avec un objectif intermédiaire de 28 % d’ici 2030), contre 27 % dans la CDN précédente.

En ce qui concerne les émissions nettes, le pays cherche à les réduire à 24 MtCO2e (tonnes métriques d’équivalent dioxyde de carbone) en 2035 (contre 35 MtCO2e en 2010), évitant ainsi environ 152 MtCO2e d’émissions nettes cumulées sur la période 2026-2035 (par rapport à un scénario de statu quo), dont 81 % devraient provenir du secteur de l’énergie et 14 % du secteur de l’agriculture, de la foresterie et des autres utilisations des terres.

Autre évolution majeure : l’extension de la période de mise en œuvre, désormais fixée à 2026–2035. Le pays marque, ainsi, l’entrée du pays dans une planification climatique de plus long terme. Si la couverture sectorielle reste identique (énergie, procédés industriels, agriculture et terres, déchets, ainsi que les principaux gaz à effet de serre), le draft introduit pour la première fois une trajectoire d’atténuation structurée jusqu’en 2035, intégrant des volumes cumulés d’émissions évitées.

La dimension “adaptation ” est également renforcée. Alors que la CDN 2021 ciblait l’eau, l’agriculture, le littoral ou encore la santé, la nouvelle version élargit le spectre aux enjeux de biodiversité, de formation, d’inclusion sociale et de jeunesse, avec l’intention d’établir des objectifs chiffrés à 2030 et 2035.

Cependant, le scénario le plus ambitieux dépend d’un soutien international massif, financier comme technologique.

Par rapport à la CDN précédente, qui évaluait les besoins à près de 19,4 milliards USD pour 2021–2030, le financement total nécessaire prévu par la version actualisé du plan climat de la Tunisie, y compris les besoins en matière de renforcement des capacités, de transfert de technologies et de soutien (domaines complémentaires et transversaux), est estimé à environ 28, 220 milliards USD d’ici 2035.