Parce que l’histoire de l’économie éclaire toujours le présent, WMC lance une nouvelle rubrique rétrospective : « C’était en… ». Chaque semaine, nous replongerons dans les archives de Webmanagercenter, pour revisiter des événements économiques, sociaux et politiques marquants d’il y a 10, 20 ans ou plus. Avec cette rubrique, WMC se transforme aussi en mémoire vivante de l’économie tunisienne, en donnant une seconde vie à ses archives.

C'était en 2003Avril 2003 s’ouvre dans un climat économique international tendu. La guerre en Irak secoue les marchés, le transport aérien mondial traverse sa plus grave crise depuis le 11 septembre 2001 et, en Tunisie, les acteurs financiers se réunissent pour diagnostiquer l’état du marché. Plus de vingt ans plus tard, ces constats résonnent étrangement familiers: entre fragilités persistantes et transformations inachevées, ce retour en arrière éclaire les défis de notre présent.

La Bourse de Tunis face à ses paradoxes

“La bourse vue par les intermédiaires : Facteurs exogènes et endogènes, mais pas de mea-culpa”

Réunis discrètement à Hammamet, les intermédiaires boursiers tirent la sonnette d’alarme : volume d’échanges en baisse de 32 %, chute du Tunindex de 11,6 %, émissions réduites de 32 %. Le diagnostic pointe deux causes : des facteurs externes liés à l’instabilité internationale, mais aussi des facteurs internes comme l’absence d’épargne longue et de titres de qualité.

Le paradoxe est alors souligné : une infrastructure “aux standards internationaux” mais une contribution au financement de l’économie “en deçà des attentes minimales”.

👉 Vingt ans plus tard, le constat reste partiellement valable : la Bourse de Tunis peine toujours à attirer de nouveaux investisseurs, avec une capitalisation limitée face aux besoins d’investissement national.

TunisAir et ses consœurs dans la tempête

“Transport aérien : Les compagnies tunisiennes sur la brèche”

La compagnie nationale affiche un déficit d’environ 30 MDT pour 2002, malgré une rectification par rapport aux pertes initialement annoncées (59,6 MDT). Le PDG Rafaa Dkhil admet que “le cumul de pertes pourrait atteindre 370 MDT en 2006”.

La guerre en Irak amplifie les difficultés : réservations annulées, appareils retirés, liaisons supprimées. NouvelAir enregistre une baisse de trafic de 23 % et Tuninter chute de 54 % sur ses lignes internationales.

👉 Aujourd’hui, TunisAir reste engluée dans des déficits chroniques, avec une flotte vieillissante et des plans de restructuration sans cesse repoussés. Les difficultés d’hier préfiguraient celles d’aujourd’hui.

Banques de développement : l’opération sauvetage

“Les mesures qui aideront les banques de développement à devenir commerciales”

Un projet de loi propose d’accorder des privilèges fiscaux aux cinq banques mixtes tunisiennes (Stusid, BTKD, BTQI, BTEI et BTL). L’objectif : leur permettre de se transformer en banques commerciales et de faire face à la concurrence des banques classiques, alors qu’elles sont plombées par des créances accrochées et des participations difficiles à céder.
Ce plan marque le début d’une mutation qui mènera, quelques années plus tard, à l’effacement progressif de ces acteurs.

👉 Deux décennies après, la consolidation bancaire tunisienne reste inachevée, mais la logique de concentration et de sauvetage par l’État est toujours d’actualité.

Le bricolage, nouveau terrain de bataille commerciale

“Exclusif : Les bricoleurs débarquent”

Le marché tunisien du bricolage attire les grandes enseignes françaises. Bricorama signe avec le groupe Abdennadher, tandis que Mr Bricolage discute avec le Souissi Home Center. Le secteur, encore embryonnaire, s’ouvre aux standards internationaux.

👉 Aujourd’hui, le bricolage et la grande distribution spécialisée sont dominés par de grandes enseignes locales et internationales, mais le secteur reste limité en taille, à l’image d’un pouvoir d’achat contraint.