Le continent entend aller du digital à l’intelligence Artificielle, en toute souveraineté. Il s’agit d’une course d’obstacles. L’Afrique doit déjà se réapproprier sa Data logée à 85 % sur cloud hors de ses frontières.
Le parcours que doit effectuer le Continent pour aller du digital, qu’il ne maitrise pas totalement, vers l’IA qu’il découvre à peine, est au cœur de sa transformation. Et c’était l’une des priorités figurant à l’agenda de TABC.
FITA 8 a réservé à cette thématique deux panels. Le premier évoque la manière ‘’d’exploiter le numérique pour stimuler l’innovation et la compétitivité’’. Le second s’intéresse à la façon d’aller ‘’vers un nouveau modèle de développement agile et résilient’’. Deux exercices de méthodologie portant sur l’art et la manière de triompher du défi de la Tech’.
L’Etat de l’art sur le continent
L’affaire se présente mal pour l’Afrique, les classements internationaux, ne lui sont pas favorables. L’île Maurice, en pointe du Continent arrive 169 ème sur 193 pays ! Nous occupons les derniers wagons. C’est sans surprise diront certains panélistes. Ils y voient la résultante du retard de nos universités et de la faiblesse de notre tissu économique.
Misère ! Encore un domaine où nous ne dérogeons pas à la malédiction du statut post colonial : Preneurs de solutions et non entrepreneurs de Tech’. Le plus rageant est que la formation en IA est en open source. C’est-à-dire qu’elle est accessible et gratuite. Réveillons-nous il va falloir en mettre un coup ! D’autant que le temps de maturité des nouvelles technologies se raccourcit, creusant davantage la fracture numérique. Il faut se hâter.
Pas d’IA sans Data !
Des préalables à la conquête de l’IA, il n’en manque pas. Le premier est la disponibilité de la Data. Or celle-ci est faiblement collectée et peu traitée. Un handicap de taille. Pire que tout le cloud sur le continent est à 85 % entre les mains d’opérateurs internationaux.
Le Continent a de quoi s’inquiéter pour sa souveraineté si cette première ressource lui échappe en grande majorité. Pour s’en sortir, les états africains, doivent lancer les registres publics essentiels tel le registre d’état civil, le cadastre, le Registre des Entreprises, pour ne citer que ceux-là.
Et dans tous les cas de figure il faudra y aller méthodiquement en lançant les use cases indispensables en entreprises. Et hâter le ‘’e-Gov’’ ainsi que ‘’l’open-Gov’’ pour les services publics. La décision est d’ordre stratégique. C’est l’affaire des premiers dirigeants. Aux DSI de transformer l’essai.
Une autorité continentale pour la Tech’ ?
L’on voit qu’il y a un peloton d’une dizaine de pays qui s’activent sur la voie de transformation numérique. Toutefois, les performances en la matière ressemblent à nos classements internationaux.
Le Continent compte 54 pays mais si peu de licornes. Votre serviteur est bien incapable d’en citer une en dehors d’Insta Deep, laquelle a d’ailleurs été raflée par Bion’Tech. Les observateurs sévères soutiennent que le continent traine, à ce jour, les séquelles de sa politique inappropriée en matière d’électrification de ses territoires. Gare à ne pas reproduire la même faille. C’est un challenge existentiel.
Tous les pays peuvent se doter de stratégies numériques. Le tout est de savoir les optimiser sur terrain. La maitrise d’œuvre est une chose redoutable. En la matière SMART Africa logée au Ruwanda, a été d’un bel apport de discipline et de convergence pour les normes technologiques. Elle sert de coach aux pays africains. Ne faut-il pas lui conférer un statut d’autorité continentale pour harmoniser la transformation numérique du Continent ?
- 85 % : part des données africaines hébergées hors du continent.
- 169ᵉ/193 : classement de l’île Maurice en matière de numérique (meilleure performance africaine).
- 54 : nombre de pays africains, mais très peu de licornes technologiques.
- 0 € : coût d’une formation en IA en open source, pourtant encore sous-utilisée.
- 10 : nombre de pays africains vraiment engagés dans la transformation numérique.