Les journées de l’oasis de Gabès “Oasis Days 2024”, organisées par l’association Focus Gabès, en partenariat avec la société civile locale, se tiendront du 31 octobre au 3 novembre 2024. L’accent y sera mis sur les grands enjeux écologiques que confronte cet héritage environnemental et culturel de la région.
Depuis des siècles, l’oasis de Gabès est au cœur de l’histoire et de l’économie de la région. À travers une série d’événements culturels, scientifiques et artistiques, les participants à ces journées essayeront de sensibiliser tous les acteurs concernés sur les enjeux qui menacent son écosystème unique.
D’après les données du Réseau associatif de développement durable des oasis (RADDO), les oasis tunisiennes permettent à environ 900 000 Tunisiens de vivre (10% de la population) et les gouvernorats concernés représentent le quart du territoire national. Elles comptent environ 5 millions de palmiers et sont localisées dans le sud du pays, principalement dans les gouvernorats de Tozeur, Kébili, Gabès et Gafsa avec quelques oasis de faible superficie dans les gouvernorats de Médenine et Tataouine.
Le dernier recensement national à identifié 267 oasis dont 141 oasis dites “modernes” (palmiers alignés de variété Deglet nour, parcelles productivistes entre 1 et 5ha, aménagement moderne) sur 40 000 ha et 126 oasis dites “classiques” ou “traditionnelles” (structure en 3 étages, moins de 1ha, riche en biodiversité, fonction d’autoconsommation) sur 15 000 ha.
Les oasis modernes prédominent dans les zones continentales (Kébili et Tozeur). Les oasis classiques se trouvent dans les zones littorales (Gabès) et montagneuses (Gafsa) où les limites du territoire restreignent leur expansion. Ces deux types d’oasis coexistent et ne rentrent pas dans une dynamique de compétition. Le type classique a pour vocation principale d’assurer la sécurité alimentaire alors que le type moderne à une dimension purement économique.
La dégradation des ressources en eau, la réduction de la rentabilité de l’agriculture oasienne, le morcellement excessif des exploitations et la faiblesse des niveaux d’investissement dans le domaine de l’artisanat et du tourisme oasien représentent autant de défis qui nécessitent une intervention urgente de tous les acteurs. Par ailleurs, l’absence d’une vision intégrée pour le développement des oasis et de leur environnement a toujours entravé l’efficacité des différents programmes de développement engagés.
Toujours selon le RADDO, le gouvernorat de Gabès connaît, depuis la fin des années 80, une perte de 10ha par an d’espaces cultivables au profit de l’urbanisation. Dans cette région, la pollution industrielle est particulièrement importante au niveau littoral et dans l’air (rejets de gaz multiples et de phosphogypses dans la mer). Le groupe chimique tunisien installé à Gabés rejette 5000 tonnes/an de phosphogypse dans la mer. Ces rejets polluants ont eu pour effet l’altération de la faune aquatique du Golf de Gabès. Par ailleurs, le rejet des déchets ménagers, très répandu à l’intérieur et l’extérieur des oasis, joue un rôle important dans la dégradation des écosystèmes oasiens.
En 2015, une stratégie nationale de sauvegarde des oasis, à travers un “Plan pour la Gestion Durable des Oasis” a été mise en place dans le cadre du projet “Gestion Durable des Ecosystèmes Oasiens en Tunisie”, avec un appui de la Banque Mondiale et du Fonds pour l’Environnement Mondial, mais la mise en œuvre de cette stratégie se fait toujours attendre.