Une expérience pilote de contrôle à distance des incendies de forêts sera lancée, et ce, suite à l’identification de dizaines de points noirs, a fait savoir le directeur général des forêts au ministère de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, Mohamed Naouefel Ben Haha.

La direction des forêts œuvre, également, au reboisement de 5500 hectares, au cours de la saison 2023/2024, soit la même superficie perdue l’année dernière, suite à plus 436 incendies déclenchés.

Dans un entretien accordé à l’Agence TAP, Ben Haha a mis l’accent sur l’importance de la sensibilisation du citoyen quant à la nécessité de respecter les forêts, ajoutant que les autorités ont mis en place des plans détaillés pour préserver les forêts et les récoltes des grandes cultures.

La Direction générale des forêts a lancé une campagne de nettoyage. Quelles sont ses grandes lignes ?

Ben Haha: Au niveau de la direction générale des forêts, nous avons entamé une campagne de nettoyage qui se poursuivra jusqu’à fin mai. Elle a démarré à partir du Belvédère et devra toucher plusieurs gouvernorats. Nos équipes ont identifié des dizaines de points noirs où des incendies ont été déclenchés à maintes reprises, même pendant la même saison, au cours des cinq dernières années.

Ces zones sont concentrées dans le Nord-ouest, notamment, à Tabarka, Ain Drahem, Siliana, Kesra, Bargou et Sejnane. Il s’agit de zones qui abritent des forêts denses et habitées.

Contrôler et protéger les forêts nécessitent des ressources humaines. Est-ce vous disposez des capacités nécessaires et quelles sont les causes des incendies ?

Ben Haha: Les ressources humaines relevant actuellement de la Direction générale des forêts représentent 30 % des besoins, et ce, à travers une simple comparaison entre les superficies surveillées par l’agent forestier en Europe, et qui s’élèvent à 5 mille hectares alors qu’en Tunisie ces superficies sont d’environ 17 mille hectares. C’est pour cette raison que nous œuvrons, actuellement, à adopter des outils et des technologies de surveillance à distance.

Nous nous préparons, à l’heure actuelle, à signer un accord avec une jeune startup qui a mis en place un système de surveillance à distance des forêts, grâce à des équipements capables de mesurer plusieurs données comme la température et l’humidité. Un projet pilote sera réalisé, au cours de cet été, dans l’une des forêts qui sera choisie dans le cadre de ce projet.

L’utilisation des équipements intelligents permettront d’envoyer des données en temps réel à la Direction Générale des Forêts pour les avertir avant le déclenchement d’un incendie. Dans ce contexte, un centre de veille et d’alerte précoce contre les incendies entrera en service, au cours de cet été, au niveau de la Direction Générale des forêts.

Ce centre, qui assure des séances de travail d’une manière continue, surveille les différentes régions du pays et intervient en cas de nécessité avec la participation de plusieurs autres parties (les autorités sécuritaires…).

Je tiens à ajouter que la Direction Générale des Forêts œuvre, dans le meme cadre, à achever les travaux de rénovation du Centre de protection des forêts contre les incendies à Rades.

Il convient de rappeler que la plupart des incendies ont été déclenchés, selon les enquêtes, de manière involontaire, ce qui nécessite une plus grande sensibilisation. Nous coordonnons, également, avec les autorités et la société civile pour sensibiliser toutes les parties sur ce sujet. De plus, nous œuvrons à établir des politiques participatives pour bénéficier des forêts d’une manière durable, tout en s’engageant à protéger ces espaces.

Le secteur forestier a besoin de nouvelles législations et de campagnes de sensibilisation. Quels sont vos plans dans ce domaine ?

Ben Haha : Au niveau de la Direction Générale des Forêts, nous sommes en train de réviser certains articles du code forestier qui date de 1966, mais le plus important est de travailler et de coopérer avec le Centre de recherche et d’études juridiques et judiciaires relevant du ministère de la Justice pour entreprendre la révision totale du code forestier.

Cette révision est basée sur le principe de la protection des forêts, le développement des ressources et la valorisation de la production forestière durable, d’autant plus que le secteur forestier fournit environ 40% des revenus des habitants de ces zones.

Nous comptons sur la société civile ainsi que sur le dialogue avec les habitants de ces régions pour assurer la protection de l’espace forestier et garantir la rationalisation de l’utilisation des ressources disponibles.

Dans ce contexte, nous encourageons la création de groupements de développement, de sociétés de développement ou d’entreprises communales, qui fournissent une plateforme légale pour l’exploitation des produits forestiers et un mécanisme pour assurer l’utilisation efficace et durable des ressources forestières.

La récolte céréalière est parfois exposée aux incendies. Quels sont les plans des autorités dans ce domaine ?

Ben Haha : Dans le cadre de la protection de la récolte céréalière contre les incendies, nous avons adopté une stratégie visant à mobiliser des patrouilles conjointes pour suivre ce dossier au niveau des points convergents entre la forêt et l’espace agricole.

Dans ce contexte, je tiens à souligner que la Commission mixte chargée du suivi du dossier a décidé de prendre des mesures liées au contrôle du matériel de récolte afin d’éviter les facteurs de déclenchement des incendies et d’obtenir l’approbation technique, ainsi que le contrôle intensifié sur la récolte. Tous les groupes sont équipés et prêts en cas d’alerte.

Nous œuvrons à consentir davantage d’efforts par le biais d’équipes mobiles et permanentes pour protéger les cultures et les céréales d’une part et l’espace forestier d’autre part pour empêcher tout incendie affectant la transition d’un espace à l’autre.

Je voudrais également appeler les municipalités ainsi que les citoyens à ne pas jeter les déchets dans des décharges anarchiques qui se trouvent dans les forêts, ce qui pourrait entraîner des incendies. Il convient de rappeler que la Direction Générale des Forêts est récemment intervenue pour fermer une des décharges anarchiques située à Aïn Drahem (Nord-Ouest).