Après l’insistance du président sur la nécessité de “prendre des mesures urgentes pour sauver la Société Tunisienne du Sucre” lors de sa réception de la ministre du Commerce et du Développement des Exportations ainsi que du directeur général de ladite société, et compte tenu de l’absence de données sur la situation de la société et des raisons précipitant son sauvetage dans le communiqué présidentiel.

Société Tunisienne du SucreL’Observatoire Raqabah tient à éclaircir certains éléments essentiels concernant le système sucrier en Tunisie :

  • L’Observatoire travaille depuis un moment sur une étude approfondie du système sucrier en Tunisie. Il estime qu’évoquer des mesures urgentes de sauvetage sans un diagnostic précis n’est pas réaliste, en raison du manque de rapports financiers et d’activité fiables. Les derniers rapports approuvés datent de 2019, lors de la réunion du conseil d’administration en juin 2023. Aucun auditeur n’a été désigné pour les années 2020, 2021 et 2022 jusqu’à cette date, signalant un déficit de gouvernance parmi d’autres indicateurs.
  • Les années passées ont vu la détérioration de la situation de la société, accumulant des pertes de 46,5 millions de dinars en 2019, rendant les capitaux propres et la situation comptable nette négatifs, atteignant respectivement 21,5 millions de dinars, confirmant la situation d’insolvabilité de la société.
  • L’Observatoire nie les rumeurs selon lesquelles la société réalisait des profits avant la révolution, soulignant que les pertes accumulées atteignaient 31,6 millions de dinars en 2010. La société a enregistré des pertes respectives de 17,5 millions, 7,2 millions, 5 millions et 8,2 millions de dinars pendant les années 2006, 2008, 2009 et 2010, la crise s’aggravant après la décision ministérielle de 2009 restreignant l’activité de la société sucrière tunisienne.
  • La dette croissante de la société envers les fournisseurs a atteint 21,8 millions de dinars, les dettes à court terme dépassant 50 millions de dinars, dont 22,3 millions de dinars en paiements et excédents de prêts non remboursés, ainsi qu’un découvert bancaire de 3,2 millions de dinars.
  • Les indicateurs d’activité compilés par l’Observatoire Raqabah pour les années 2010 à 2019 confirment la nature structurelle de la crise. La capacité maximale de production de sucre blanc ne dépasse pas 160.000 tonnes annuelles dans les meilleurs cas (selon le ministère du Commerce). Même si la société atteignait sa capacité maximale, elle enregistrerait finalement des pertes estimées à 5 millions de dinars.
  • La gouvernance déficiente, la mauvaise gestion et la corruption sont parmi les principales causes de la situation catastrophique de la société, détaillées dans le rapport de l’Observatoire sur le “système sucrier en Tunisie” couvrant tous les aspects des opérations, des contrats et des irrégularités.

(Source: Observatoire Raqabah)