Trois accords d’assistance et de coopération visant la promotion de l’adoption des meilleures pratiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) en Tunisie, ont été signés mercredi à Tunis, entre la Société financière internationale (IFC), membre du Groupe de la Banque mondiale et trois partenaires tunisiens.

Ces accords de partenariat signés avec la Bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT), l’Institut Tunisien des Administrateurs (ITA) et l’Université Centrale, membre d’Honoris United Universities, visent à promouvoir l’adoption des meilleures pratiques ESG dans ces institutions, lesquelles concernent pour l’instant le secteur bancaire, et à faciliter l’accès au financement pour les entreprises du pays.

” Les trois accords signés aujourd’hui ont pour objectif de faire adopter les standards ESG, à travers un partenariat technique, d’une durée de 18 mois, qui met à disposition des partenaires tunisiens des experts qui pourront par la suite répondre aux besoins de leurs clients, a indiqué Sarah Morsi, représentante résidente du bureau IFC pour la Tunisie, dans une déclaration à l’Agence TAP.

Les réglementations en Europe et ailleurs exigent, aujourd’hui la mise en œuvre des normes ESG, a expliqué Morsi, faisant remarquer que cette exigence devient de plus en plus nécessaire, notamment avec les risques environnementaux de plus en plus présents en Tunisie, d’où l’impératif pour les entreprises tunisiennes d’être outillés pour y faire face.

L’IFC compte dans l’avenir renforcer sa présence en Tunisie, à travers des projets d’investissement qui mobiliseront une enveloppe de 100 millions de dollars pour cette année, dans des entreprises opérant dans le secteur de l’agroalimentaire.

De son côté, Moez Miaoui, responsable des activités ESG en Afrique de l’Ouest et en Afrique du Nord au sein de l’IFC, a précisé que la signature de ces accords est la première action du programme intégré ESG pour la Tunisie, mis en œuvre par IFC en février 2023, avec le partenariat financier du Secrétariat d’Etat suisse à l’économie (SECO).

Etalé sur quatre ans, ce programme vise à encourager l’adoption des pratiques ESG dans les secteurs financier, manufacturier et agroalimentaire du pays.

” Les pratiques ESG permettent aux entreprises tunisiennes d’assurer leur pérennité et leur développement, d’autant plus les questions environnementales constitueront une barrière au développement, et ce pour deux raisons”, a-t-il indiqué. Et d’expliquer qu’il s’agit des impacts des changements climatiques sur certains secteurs, notamment l’agroalimentaire, ainsi que de l’obligation pour les exportateurs tunisiens de se soumettre désormais aux normes et aux standards pour pouvoir exporter.

Lilia Bouchnak, directrice exécutive à l’université centrale, membre d’Honoris United Universities, premier réseau panafricain d’enseignement supérieur privé, a, pour sa part, précisé que ce partenariat permettra de renforcer ses activités déjà lancées à travers l’Observatoire Tunisien des Femmes Administrateurs.

” L’IFC va nous aider à développer davantage les activités de formation en gouvernance et en soft skill, destinées au développement des compétence des femmes qui cherchent à occuper des postes de hautes responsabilités, ainsi que sur la publication d’un rapport annuel sur les statistiques de présence des femmes dans les postes de décision “.

L’appui de l’IFC concernera également d’autres activités qui concernent la création d’un vivier de femmes compétentes formées pour accéder à des postes de hautes responsabilités, la sensibilisation sur la présence des femmes aux sein des conseils d’administration, ainsi que le plaidoyer pour un texte de loi qui impose un quota de femmes dans les postes de décision. Actuellement, les conseils d’administration des entreprises en Tunisie comptent moins de 15% de femmes administrateurs.

Moez Joudi, président de l’Institut tunisien des administrateurs (ITA) a mis l’accent sur l’importance des critères ESG, précisant que les entreprises et les banques doivent se conformer par rapport à ces critères.

Selon Joudi, cet accord permettra à l’ITA de bénéficier de l’appui de l’IFC afin d’accompagner les entreprises et les banques tunisiennes à se mettre à niveau par rapport à ces critères ESG, et ce à travers les administrateurs qui vont devenir un vecteur de transmission de ces critères dans les banques et les entreprises, par leur présence et leur pouvoir au sein des conseils d’administration.

Pour sa part, Bilel Sahnoun, Directeur général de la BVMT a mis l’accent sur l’accompagnement de l’IFC qui a élaboré un guide de reporting ESG contenant 32 critères d’appréciation et d’évaluation. Il s’agit de mettre en place un programme d’accompagnement dédié, dans une première étape à 15 sociétés cotées appartenant à plusieurs secteurs d’activité.

L’objectif de ce programme est la structuration d’une politique de divulgation de l’information extra financière basée sur les critères ESG, a-t-il conclu.

En Tunisie, l’adoption de ces pratiques par les banques et les entreprises reste encore limitée. Selon une étude d’IFC, la majorité des banques du pays ne sont pas dotées des capacités internes pour gérer les risques ESG.

IFC est un leader mondial dans la mise en place de critères ESG et de gouvernance d’entreprise, notamment, par le biais de la mise en œuvre de standards et de normes de performance, ainsi que par l’élaboration d’outils et de documents d’orientation.

Au cours des cinq dernières années, IFC a mobilisé plus de 140 millions de dollars en soutien aux secteurs agroalimentaire, manufacturier, financier et énergie renouvelable en Tunisie.