“L’amélioration de la gestion et la rationalisation de la demande en eau, afin de maximiser les ressources en eau conventionnelles existantes en Tunisie” a été préconisée par la Banque mondiale dans son “Rapport national sur le climat et le développement” sur le pays publié, mercredi.

“La régulation de la demande en eau y compris par des mesures telles que la tarification, les quotas et les compteurs doit être une priorité”, selon la BM.

Et de relever que l’ensemble des institutions nationales de l’eau opèrent ” en situation de déficit financier “, et ce, en raison des tarifs de l’eau “nettement inférieurs” aux coûts de production.

Malgré plusieurs augmentations des tarifs de l’eau potable et de l’assainissement au cours des dernières années, les tarifs restent ” insuffisants ” pour couvrir les coûts opérationnels, entraînant ainsi une augmentation des déficits financiers, estime l’institution financière internationale.

Il en est de même pour les prix des eaux usées traitées facturés par l’Office national de l’assainissement (ONAS), lesquels sont ” insuffisants ” pour soutenir la maintenance du réseau et les traitements complémentaires. En conséquence, “seulement environ 2 % des terres irriguées de la Tunisie, peuvent être directement arrosées avec des eaux usées traitées”.

En outre, l’insuffisance des augmentations tarifaires a entraîné une ” forte dépendance ” des entreprises publiques vis-à-vis des subventions de l’Etat pour couvrir partiellement, les dépenses opérationnelles.

Pour la BM, la gestion de la demande devrait être accompagnée de campagnes de sensibilisation ciblées sur la valeur de l’eau et les méthodes de conservation. Elle a ainsi, plaidé en faveur de la numérisation du système national de gestion de l’eau, afin d’améliorer le suivi du réseau.

Instaurer un système de surveillance de l’eau

Par ailleurs, la banque a souligné l’importance de mettre en place un système de surveillance de l’eau et d’alerte précoce, afin de renforcer davantage la gouvernance et la gestion de l’eau et aider les populations à se préparer à la pénurie d’eau et à l’augmentation des sécheresses.

Elle a également recommandé d’investir dans les services hydrométéorologiques et d’alerte précoce, de mettre en œuvre le nouveau Code de l’eau et de “donner un rôle plus important au Conseil de l’eau”. En outre, “le dessalement comme solution combinée à la réutilisation des eaux usées” pourrait “augmenter l’approvisionnement en eau de 693 Mm³, selon la stratégie Eau 2050″.

En 2021, la disponibilité d’eau par habitant en Tunisie, était de seulement 395 mètres cubes (m³), bien en-deçà du seuil de pénurie d’eau absolue de 500 m³, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

La BM a rappelé qu’après quatre années consécutives de sécheresse depuis 2019, le stress hydrique est devenu encore plus grave. En avril 2023, le gouvernement a commencé à mettre en œuvre des coupures nocturnes de l’approvisionnement en eau dans les foyers et à interdire l’utilisation de l’eau pour l’irrigation ou l’arrosage des espaces verts et d’autres zones publiques”.