La migration en Méditerranée : les médias face à leurs responsabilités

Les interventions des participants à la première journée du Colloque international sur le traitement médiatique des questions migratoires dans la région méditerranéenne, organisé par l’Agence Tunis Afrique Presse, jeudi 23 et vendredi 24 novembre courant, ont été axées sur la réalité et les moyens de promouvoir le traitement médiatique de ce phénomène.

Dans une intervention intitulée ” Les défis de la gouvernance des migrations dans l’espace euro-méditerranéen “, Ahlem Hammami, directrice générale de l’Observatoire national des migrations, a mis en exergue, l’augmentation significative des indicateurs de migration vers les côtes européennes, faisant savoir, que 2023, 151.301 personnes ont migré vers l’Italie, dont plus de 17.000 Tunisiens depuis le début de cette année jusqu’au 22 novembre courant, selon des informations rapportées par des sources officielles en Italie.

Elle a souligné la nécessité de mettre en place de standards professionnels pour traiter la question de la migration, afin que l’approche journalistique de ce phénomène, échappe au caractère saisonnier et au sensationnalisme.

Hammami a également évoqué la nécessité d’évaluer tout ce qui a été accompli par l’ONM, en vue d’élaborer une charte médiatique et un plan de communication moderne et intégré dans le but de mieux cerner le phénomène migratoire sous ses différents aspects.

De son côté, Wafa Hammami, chargée de l’information au ministère des Affaires sociales, a indiqué, dans son allocution, l’intention du ministère d’établir un nouveau plan de communication traitant des questions de la migration et des enjeux de la communauté tunisienne à l’étranger, dans l’objectif d’affermir leurs rapports avec leurs pays d’origine, à travers le Bureau des Tunisiens de l’étranger.

La journaliste et responsable à l’agence TAP Basma Chataoui a évoqué au cours de ce colloque les pratiques journalistiques pour assurer la couverture des questions migratoires, critiquant l’absence d’un traitement approfondi de ce phénomène en raison de l’insuffisance des sources précises, des documents et des chiffres actualisés.

Pour sa part, le chef du bureau de l’Agence de Presse Palestinienne à Tunis, Taher Al Sheikh, a appelé les médias à se focaliser sur les motifs qui couvent derrière l’accentuation du phénomène de la migration irrégulière et les risques auxquels les migrants sont exposés.

Dans son intervention intitulée ” La transparence et le non-dit dans le traitement du phénomène de la migration dans les médias ” Al Sheikh a souligné le rôle des médias dans le renforcement de l’esprit d’appartenance chez les jeunes, en parallèle avec l’approche sécuritaire, laquelle devrait être dirigée vers les réseaux d’intermédiaires et de traite des personnes impliqués dans les opérations de traversées clandestines.

Dans son intervention sur ” La Formation médiatique spécialisée dans les questions d’immigration “, Hamida El Bour, directrice de l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI), a indiqué que le phénomène de la migration irrégulière ne peut être abordé sans un effort de recherche et d’enquête.

Elle a expliqué que la lutte contre ce phénomène passe par l’association des médias, (radios communautaires et les influenceurs des médias sociaux) dans la diffusion d’informations actualisées et documentées sur la migration, ainsi qu’à travers la promotion des initiatives de recherche et de publications universitaires sur ce thème.

La directrice de l’IPSI a mis en avant le rôle de la TAP dans la production d’une information objective, diversifiée et actualisée sur les questions des migrations, appelant les médias à participer à la lutte contre les fausses informations diffusées sur cette question.