Le développement de mécanismes de garantie des crédits, dans le cadre d’une approche de Partenariat-Public-Privé (PPP), pourrait être une piste à explorer par les décideurs pour faciliter l’accès des PME au financement et garantir à ces entreprises des conditions de croissance durables et inclusives, a affirmé le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi. Abassi, qui intervenait, à Tunis, à la 7e Conférence internationale des sociétés et programmes de garantie dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), a ajouté que “les solutions de marché ne peuvent, à elles seules, suffire et les interventions des pouvoirs publics ont atteint leurs limites”.

“Un niveau plus élevé de risque, l’indisponibilité d’une information de qualité et le manque de collatéral (garantie que l’on apporte en échange d’un prêt) sont autant de facteurs qui témoignent de l’existence d’un gap de financement pour les très petites entreprises (TPE) et petites et moyennes entreprises(PME), a encore souligné le gouverneur de la BCT, à ce conclave, organisé les 24 et 25 octobre 2023 à Tunis, sur la thématique “les Institutions de garantie , des décennies d’activité, réalités et défis”, à l’initiative de la SOTUGAR.

Il a rappelé, à cette occasion, que la crise du COVID a mis en exergue “l’importance des mécanismes de garantie de crédit en tant qu’amortisseur de chocs pour assurer la continuité des affaires et la préservation du tissu économique, malgré que l’apport de ces derniers s’avère encore limité pour booster la croissance et l’inclusion financière”. Marouane Abassi a mis l’accent, à cet effet, sur la nécessité de reconsidérer le modèle institutionnel et économique des mécanismes de financement de garantie de crédit et leur cadre de régulation et de gouvernance pour qu’ils assurent pleinement leurs rôles en tant que catalyseur de risques liés au financement des TPE et PME.

“Une institution de garantie de crédit doit être érigée en tant qu’une véritable institution financière, dotée d’un modèle économique d’impact et de ressources suffisantes. Elle devrait être assujettie à un cadre de gouvernance et de régulation. En effet, les mécanismes de garantie de crédit en place doivent faire l’objet d’une régulation et d’une supervision efficaces et adaptées en vue de garantir leur viabilité”, a encore indiqué le gouverneur de la BCT.

De son côté, le président directeur général de la société tunisienne de garantie (SOTUGAR), Tahar Ben Hatira a appelé à l’amélioration et l’assainissement du climat des affaires et à la garantie de la stabilité, car “en l’absence de ces conditions, l’investisseur ne peut pas investir, les bailleurs du fonds ne peuvent pas financer et même les institutions de garantie ne peuvent pas garantir quelque chose qui n’existe pas”. Il a rappelé que la SOTUGAR œuvre depuis sa création, à faciliter l’accès aux financements des TPE et PME dans le but de promouvoir le développement économique et l’inclusion financières globale. Pour la ministre des Finances, Sihem Nemsia, les sociétés de garantie jouent un rôle crucial dans l’appui et la facilitation de l’accès des TPE et PME aux financements nécessaires pour la réalisation des projets et investissements dans les divers domaines.

“Le ministère des finances en collaboration avec la Banque mondiale œuvrent à mettre en place un plan d’action pour mieux développer la SOTUGAR étant donnée l’importance de système de garantie dans l’objectif d’inciter à la croissance et assurer le financement des institutions économiques”, a-t-elle fait savoir. Elle a rappelé qu’une convention a été conclue en janvier 2023 entre le ministère des finances et la BCT pour améliorer les modes de gouvernance et de surveillance de la SOTUGAR. Cette convention témoigne, selon ses dires, de la volonté des pouvoirs publics d’adopter les meilleures pratiques en matière de gestion des risques et de booster l’apport de la société.

Ont pris part à la 7e Conférence internationale des sociétés et programmes de garantie dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), des hauts responsables, des dirigeants ainsi que des représentants d’institutions de garantie, dont la majorité provenant de pays arabes : Maroc, Algérie, Egypte, Jordanie, Libye, Qatar, Yémen, Liban, Arabie Saoudite…