Quatre films majeurs de l’oeuvre de la cinéaste libanaise Heiny Srour, considérée comme l’une des premières femmes cinéastes dans le monde arabe, sont au programme du cycle intitulé “L’heure de la libération a sonné” qui se tient en présence de la réalisatrice du 25 au 29 avril 2023 à la Cinémathèque Tunisienne.

Ce programme, organisé par la Cinémathèque tunisienne avec la contribution de l’Association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique (ATPCC), permettra de découvrir l’oeuvre de Heiny Srour qui avait pratiqué un cinéma engagé et nettement ancré dans les préoccupations historiques de son époque.

Un contexte qu’elle scrutait avec les yeux d’une militante de gauche et d’une féministe convaincue. Dans ce sens, les films qu’elle a réalisés depuis le milieu des années soixante-dix du siècle dernier, étaient en résonance avec les événements qui marquèrent l’actualité politique et sociale dans le monde arabe.”

Le cycle prévoit ce mardi à 18H30 la projection de son premier film “L’heure de la Libération a sonné” réalisé en 1974. Les cinéphiles auront ainsi l’occasion de voir un film qui est considéré le seul et unique témoignage tourné au plus profond de l’ex “Zone Libérée” du Dhofar, Sultanat d’Oman, sur une expérience sociale totalement laïque, démocratique et féministe en terre arabe et musulmane. Et c’est ce qui lui donne aujourd’hui une actualité brûlante.

Le mercredi 26 avril (18h30), c’est son film sorti en 1991 “The Singing Sheikh” qui est proposé et qui tourne autour de l’histoire de Cheikh Imam Mohammad Ahmad Eissa, né en 1918, et considéré comme la voix des opprimés: ses chants ont accompagné leurs luttes et leurs combats. La projection sera suivie d’un autre film “Femmes du Vietnam” (1995) qui suit la participation des femmes dans la guerre du Vietnam terminée en 1975, sachant qu’une deuxième projection est prévue samedi 29 avril à 16h00.

Le jeudi 27 avril, la salle Sophie El Gouli accueille à partir de 10h30 la réalisatrice libanaise Heiny Srour autour d’une rencontre.

L’après midi à 18h30, une projection du film “Leila et les loups” (1984) est au programme. Ce film, le deuxième dans sa carrière, et qu’elle n’a pu le réaliser que dix-ans plus tard, en 1984, tourne autour de Leïla qui fouille 80 ans d’histoire du Moyen-Orient pour en réfuter la version masculine et coloniale. programmé pour une deuxième projection le samedi 29 avril 2023 à 18h30 ” Leila et les loups ” est un film d’autant plus important qu’il embrasse, d’un point de vue féminin, huit décennies d’événements socio- historiques (1900-1980) qui avaient façonné la société arabe et empêché l’éclosion des libertés individuelles, notamment celles de la femme.

Le film, qui a adopté un style expérimental rompant avec les codes de la narration classique ou linéaire, brosse un tableau saisissant de la situation de la femme arabe et le rôle qu’elle a joué en Palestine et au Liban dans le combat pour son émancipation tant sur le plan national qu’individuel. Là, l’histoire est observée, captée, scrutée par une silhouette féminine qui traverse l’espace et le temps, en tant qu’une force oculaire et une redoutable machine de témoignage.

Le vendredi 28 avril à16h30, place à des lectures à la bibliothèque spécialisée “Mohamed Mahfoudh” autour de la thématique “Cinéma, Femmes, Résistance” suivie d’une autre projection à 18h30 du film “L’heure de la libération a sonné”, un documentaire reportage sur la résistance du front FPLOGA (le Front Populaire de Libération d’Oman et du Golf arabe), dans la zone de Dhofar où la population s’est soulevée contre la présence britannique et son protégé, l’autorité du sultan.

L’adhésion de la cinéaste à cette cause était dictée surtout par le fait que le Front de libération défendait des valeurs et des idéaux en parfaite harmonie avec ses propres convictions : un mouvement laïque et démocratique et surtout, chose rare dans le monde arabe à cette époque, farouche partisan de l’émancipation de la femme.

Pour l’intérêt de son message et sa subtile approche alternant le film d’archives et le reportage de guerre, l’opus a été sélectionné au festival de Cannes en 1974.