La Tunisie vient de franchir un nouveau pas sur la voie de l’éradication totale de l’utilisation des sacs en plastique. A partir du 23 mars 2023, les sacs en plastique sont totalement interdits dans les 5.000 boulangeries que compte le pays et dans les commerces qui vendent du pain.

En vertu de cette décision, les boulangeries du pays sont tenues de fournir à leurs clients des options alternatives, à l’instar des sacs réutilisables ou des sacs en papier. Pour le moment, ces nouveaux sacs en papier sont payables, soit 200 millimes l’unité. Le client peut en faire l’économie au cas où il amène, avec lui, son propre couffin ou sac « biodégradable ».

Cette décision, immédiatement saluée avec éclat par la WWF Tunisie, ong internationale vouée à la protection de l’environnement et au développement durable, intervient après l’interdiction, en 2017, des sacs plastique dans les supermarchés lesquels sont tenues, depuis, de proposer à leur clientèle sacs et cabas biodégradables payables, soit deux dinars environ l’unité, ce qui est loin d’être négligeable.

A rappeler que les pharmacies d’officine ont adhéré à cette situation sans pour autant faire payer les clients des nouveaux sacs pour les médicaments.

Des décisions limitées et insuffisantes

Néanmoins, ces deux initiatives écologiques demeurent limitées et insuffisantes au regard de l’ampleur de la pollution générée par l’utilisation des sacs en plastique dans d’autres secteurs.

La Tunisie, qui a pourtant promulgué, en 2020, une loi fixant les types de sacs plastique dont la production, l’importation, la distribution et la détention sont interdites sur le marché intérieur, accuse un net retard par rapport à d’autres pays africains.

En effet, un pays comme la Mauritanie a interdit, depuis 2013, la fabrication, l’usage, la commercialisation des sacs plastiques. Les autorités mauritaniennes ont prévu des peines de prison ferme pouvant aller jusqu’à un an de prison et une amende de 2 500 euros pour tout contrevenants.

Le Kenya a interdit, depuis 2011, la manufacture et l’importation de sacs plastiques légers et a introduit une taxe de 120% sur les sacs plastiques plus épais ; cette mesure a été reprise de pays avoisinants (Tanzanie et Rwanda).

Morale de l’histoire : la Tunisie a encore du chemin à faire sur la voie de la suppression des sacs plastiques classés par les écologistes comme des produits industriels extrêmement polluants pour l’environnement.

L’éradication totale des sacs en plastique n’est pas pour demain

Ces mêmes écolos adorent rappeler cette vérité : « S’il ne faut qu’une seconde pour fabriquer un sac plastique, il sera utilisé seulement 20 minutes en moyenne mais polluera les écosystèmes pendant des siècles ».

Autre nuisance occasionnée par les sacs plastiques, ils entraînent de gros problèmes pour la biodiversité marine : dans la mer, ils ressemblent beaucoup trop aux méduses et sont donc mangés, entre autres, par les cétacés (dauphins, tortues marines et oiseaux) qui s’étouffent ou s’étranglent.

En Tunisie, les sacs en plastique jetés anarchiquement dans la nature présentent le désavantage d’enlaidir les paysages, mais surtout d’aggraver les inondations parce qu’ils bouchent les conduits d’évacuation d’eaux pluviales dans les villes.

Pour y remédier, l’industrie mondiale a mis au point des sacs plastiques fragmentables, bio fermentables, oxodégradables ou des sacs en plastique EPI, plus simplement des sacs en plastique biodégradables pour aliments frais.

Avec le temps, cette solution s’est avérée à son tour insuffisante. En se fragmentant en millions de particules sous l’effet des vagues, du vent et du soleil, puis se concentrent au gré des courants marins pour former d’imposantes “soupes de déchets”, ces corpuscules sont avalés par les animaux marins (oiseaux, poissons, crustacés…) qui les confondent avec le plancton. Les toxines et plastiques ainsi ingérés finissent, par ricochet, dans nos assiettes et nous empoisonnent la vie, à notre tour.

Au final, on peut dire que la fin tant attendue de « la pandémie des sacs en plastique » n’est pas pour demain. Dans l’attente d’une solution définitive, c’est le consommateur qui est en train de payer les frais en consacrant un nouveau budget pour payer des sacs « eco friendly ».