L’Institut tunisien des études de la paix et des conflits a annoncé, jeudi 30 mars 2023, le lancement du programme sur les problèmes du climat à Kairouan, étalé sur plus d’un an (jusqu’à fin mars 2024), dans l’objectif de faire face aux défis des changements climatiques en Tunisie, en Afrique et dans le monde.

Le programme vise à renforcer la sensibilisation, la formation et l’appui des capacités de la société civile et du citoyen dans la région de Kairouan, en vue de permettre aux citoyens, notamment les femmes et les jeunes marginalisés, d’accéder aux compétences et aux connaissances nécessaires pour lutter contre les défis des changements climatiques.

Le programme, d’un coût estimatif de 100 000 euros, œuvrera à faire participer les différents acteurs, en vue d’identifier des solutions opérationnelles… à travers la participation des citoyens dans la formulation des politiques environnementales publiques dans la région de Kairouan en particulier et en Tunisie de manière générale.

Le directeur exécutif de l’Institut tunisien des études de la paix et des conflits, Mohsen Gharsallah, a précisé que l’institut exécutera le programme avec le soutien du ministère néerlandais des Affaires étrangères, le bailleur de fonds officiel et unique de la coalition internationale “Voices for Just Climate Action”.

Manque de justice climatique en Tunisie

Gharsallah met en garde contre les impacts des changements climatiques durant la prochaine période, affirmant qu'”il n’y a pas de justice climatique en Tunisie, à l’image de ce qui se passe dans le monde, et l’accès aux ressources en eau doit être équitable”.

Il s’agit d’un programme pilote à réaliser dans le gouvernorat de Kairouan en coopération avec les partenaires internationaux, a-t-il précisé.

Il porte principalement sur le renforcement des communautés locales dans la lutte contre les changements climatiques, soulignant que le gouvernorat de Kairouan était, durant les années 2019 et 2020, à la tête de la liste des gouvernorats ayant revendiqué leur droit à l’accès à l’eau.

En 2020, près de 55 mouvements de protestation ont été enregistrés pour revendiquer l’alimentation en eau potable sur un total de 77 mouvements enregistrés dans les 24 gouvernorats de Tunisie.

La pénurie d’eau à Kairouan, une menace

Gharsallah a souligné que la pénurie d’eau dans le gouvernorat de Kairouan constitue une réelle menace et pourra engendrer d’autres maladies dans les zones rurales, d’autant plus que les établissements d’enseignement en milieu rural ne bénéficient pas de leur droit à l’eau potable ni à l’éducation dans des conditions décentes.

A cet égard, il a fait savoir que le nombre d’écoles non raccordées au réseau national de l’eau potable à Kairouan est estimé, au cours de la période 2018-2019, à 175 sur un total de 313 écoles, contre 179 écoles au cours des années 2014-2019.

La plupart des habitants de Kairouan souffrent de difficultés d’accès à l’eau et même de soif, alors que la région compte une dizaine d’unités de conditionnement d’eau minérale, et que ces usines exercent une pression sur la nappe phréatique, ce qui cause une baisse progressive en ressources en eau.