Dans un récent rapport sur les indicateurs (au nombre 80) de gouvernance en Afrique, la fondation Mo Ibrahim croit savoir qu’est-ce qui freine le développement économique du continent africain.

On y lit entre autres que «… les progrès dans le développement humain et économique en Afrique sont freinés par un recul généralisé de la démocratie, et une situation sécuritaire de plus en plus tendue ».

Et ce n’est pas tout. Tout en reconnaissant « le niveau moyen atteint par la gouvernance globale sur le continent est meilleur en 2021 qu’en 2012 », mais celui-ci « stagne depuis 2019 », souligne le rapport. « La majeure partie du continent est moins sûre et moins démocratique en 2021 qu’elle ne l’était en 2012 ». La faute également à la pandémie du Covid-19, accusée d’avoir accentué ces tendances préoccupantes.

Il faut rappeler que l’IIAG –pour Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique- compte plus de 80 indicateurs classés en quatre sous-catégories : “sécurité et Etat de droit“, “participation, droits et inclusion“, développement humain“ et “fondements des opportunités économiques“.

L’étude déplore que près de 70 % de la population du continent vivaient, en 2021, dans un pays où les conditions en matière de sécurité et Etat de droit se sont dégradées depuis 2012, qui s’ajoute à “un fort recul de la liberté d’association et de réunion“.

Le plus grave, c’est que durant la dernière décennie, on est revenu au phénomène des coups d’Etat des années 70-90. En effet, le rapport rappelle qu’entre 2012 et 2021, pas moins de 23 coups d’Etat ont été opérés sur le continent africain. Et ce contre 6 dans le reste du monde.

Ceci étant, quelques indices positifs ont été enregistrés sur le continent durant cette décennie : «… plus de 90% de la population du continent vit dans un pays où le niveau de développement humain (qui prend en compte les accès à la santé, l’éducation, la protection sociale et un environnement durable) est supérieur à celui de 2012 ».

Les bons et les mauvais

Et les cinq pays les plus performants en matière de gouvernance, si on considère l’ensemble des indicateurs, sont par ordre l’île Maurice, les Seychelles, la Tunisie, le Cap-Vert et le Botswana. La Gambie a été le pays dont la gouvernance a le plus progressé depuis 2012, alors que la Libye est le pays où elle a le plus reculé.

En revanche, le Soudan du Sud, la Somalie et l’Erythrée sont les pires élèves de la classe “gouvernance“ en Afrique.

Mo Ibrahim est un homme d’affaires soudanais naturalisé britannique. En 2006, il crée sa fondation, dont le siège est à Londres avec pour mission de « promouvoir la bonne gouvernance sur le continent africain ».

Est-ce que la fondation, par son existence et son indice, a fait avancer les critères de démocratie et de bonne gouvernance sur le contient ? On est un peu perplexe.