La couche d’ozone est en passe de se reconstituer d’ici quatre décennies. En effet, l’élimination progressive des substances chimiques qui l’appauvrissent au niveau mondial a conforté les efforts déployés pour atténuer les impacts du changement climatique.

C’est en tout cas le constat d’un rapport d’un groupe d’experts soutenu par les Nations unies, qui a été présenté lundi 9 janvier 2023 à Nairobi au Kenya, lors de la 103e réunion annuelle de l’American Meteorological Society (AMS).

Protocole de Montréal…

Publié tous les quatre ans, le rapport confirme l’élimination progressive de près de 99 % des substances appauvrissant la couche d’ozone interdites. Le groupe d’experts se penche sur l’évaluation scientifique du Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone, en utilisant pour la première fois de nouvelles technologies telles que la géo-ingénierie.

Le Protocole de Montréal est l’accord international qui assure la protection de la couche d’ozone par l’élimination graduelle à l’échelle mondiale des substances appauvrissant la couche d’ozone (SACO). Tous les pays membres des Nations unies ont signé le Protocole de Montréal et tous ont l’obligation d’éliminer graduellement les SACO, qui sont utilisées en réfrigération, en climatisation, dans le gonflement de la mousse, dans les aérosols, dans les solvants et dans d’autres applications.

Le protocole de Montréal a donc réussi à sauvegarder la couche d’ozone, ce qui a permis une reconstitution notable dans la haute stratosphère et une diminution de l’exposition humaine aux rayons ultraviolets (UV) nocifs du soleil.

“Si les politiques actuelles restent en place, la couche d’ozone devrait retrouver les valeurs de 1980 (avant l’apparition du trou d’ozone) vers 2066 dans l’Antarctique, vers 2045 dans l’Arctique et vers 2040 dans le reste du monde. Les variations de la taille du trou dans la couche d’ozone de l’Antarctique, en particulier entre 2019 et 2021, ont été largement déterminées par les conditions météorologiques. Néanmoins, la superficie et la profondeur du trou d’ozone antarctique s’améliorent lentement depuis l’an 2000 “, indique le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), dans un communiqué.

“Le fait que la reconstitution de l’ozone soit en bonne voie selon le dernier rapport quadriennal est une nouvelle fantastique. On ne saurait trop insister sur l’impact du protocole de Montréal sur l’atténuation du changement climatique. Au cours des 35 dernières années, le protocole est devenu un véritable champion de l’environnement”, a déclaré Meg Seki, secrétaire exécutive du secrétariat de l’ozone du PNUE.

“Les évaluations et les examens entrepris par le groupe d’évaluation scientifique restent une composante essentielle du travail du Protocole qui contribue à informer les responsables politiques et les décideurs”.

Amendement de Kigali au protocole de Montréal

La 10e édition du Groupe de l’évaluation scientifique réaffirme l’impact positif que le traité a déjà eu sur le climat. Un accord supplémentaire de 2016, connu sous le nom d’amendement de Kigali au protocole de Montréal, exige la réduction progressive de la production et de la consommation de certains hydrofluorocarbures (HFC).

Les HFC n’appauvrissent pas directement l’ozone, mais sont de puissants gaz à effet de serre. Selon le groupe d’évaluation scientifique, cette modification devrait permettre d’éviter un réchauffement de 0,3 à 0,5 °C d’ici 2100 (ce chiffre ne tient pas compte des contributions des émissions de HFC-23).

“L’action sur l’ozone crée un précédent pour l’action sur le climat. Le succès de l’élimination progressive des produits chimiques destructeurs d’ozone nous montre ce qui peut et doit être fait – de toute urgence – pour abandonner les combustibles fossiles, réduire les gaz à effet de serre et limiter ainsi l’augmentation de la température”, a déclaré le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Petteri Taalas.

La dernière évaluation a été réalisée sur la base d’études, de recherches et de données approfondies compilées par un vaste groupe international d’experts, dont de nombreux membres de l’OMM, du PNUE, de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des Etats-Unis, de la National Aeronautics and Space Administration (NASA) des Etats-Unis et de l’Union européenne.

Pour la première fois, le groupe d’évaluation scientifique a examiné les effets potentiels de l’ajout intentionnel d’aérosols dans la stratosphère sur l’ozone, connu sous le nom d’injection d’aérosols stratosphériques (SAI), qui favorisent la reconstruction de l’ozone.

Il s’agit d’une intervention humaine via la géo-ingénierie, qui permet d’augmenter la quantité de lumière solaire déviée et renvoyée vers l’espace, en augmentant la quantité de particules d’aérosols réfléchissantes dans la basse stratosphère, ce qui permet de diminuer la température planétaire.

L’injection d’aérosols stratosphériques a été proposée comme une méthode potentielle pour réduire le réchauffement climatique en augmentant la réflexion de la lumière solaire.

Cependant, le groupe d’experts met en garde contre les conséquences involontaires de l’injection d’aérosols dans la stratosphère qui “pourraient également affecter les températures, la circulation et les taux de production et de destruction de l’ozone ainsi que son transport dans la stratosphère”.