Pour une bonne nouvelle, c’en est vraiment une. La loi de finances 2023 a prévu une enveloppe budgétaire de 1,3 milliard de dinars pour la mise en place d’une Banque postale. Cette enveloppe est en fait une composante d’un budget global de 125,6 MDT visant à moderniser l’écosystème postal et à développer des services postaux à haute valeur ajoutée.

De ce fait, la future banque postale évoluera dans un environnement favorable. Car, abstraction faite de l’établissement bancaire postal, il est prévu d’allouer, également, d’autres enveloppes pour financer la modernisation de l’infrastructure postale (54,4 MDT), programme de rénovation du réseau informatique de la Poste (17,6 MDT), développement de systèmes d’information, de production et de gestion (17,5 MDT) et logistique dédiée au e-commerce (3,4 MDT).

Au regard de l’ampleur des préparatifs projetés, tout indique que la Banque postale tunisienne, dont la création était prévue pour fin 2021, ne sera probablement opérationnelle que vers la fin de l’année 2023. Qu’à cela ne tienne, l’essentiel réside dans l’engagement sur la voie de sa concrétisation.

Naissance d’une banque inclusive

Inspirée d’expertises française, italienne et japonaise réussies, la nouvelle Banque postale tunisienne est un projet national fort attendu. Son principal objectif est de fournir des services de proximité aux communautés enclavées, c’est-à-dire dans les contrées où les banques classiques n’existent pas ou peu.

Concrètement, la future banque postale, adossée à plus de 1 200 bureaux postaux répartis sur tout le territoire, de plus de 4 millions de détenteurs de comptes d’épargne représentant 25% de l’épargne du pays et de 2 millions de comptes courants, a tous les atouts pour réussir.

Avec cette nouvelle banque, la Poste tunisienne va enrichir son offre par l’octroi de crédits, service qu’elle ne pouvait pas assurer auparavant. Le nouvel établissement bancaire est une véritable ambition nationale en ce sens où elle va permettre à des pans entiers de la population -et même des entreprises localisées à l’intérieur du pays- d’accéder à des financements appropriés pour lancer leurs projets. Elle pourrait même être une sorte de “banque inclusive“.

Les bailleurs de fonds soutiennent le projet

Le projet est soutenu par des bailleurs de fonds, lesquels y ont perçu un besoin réel. Certains d’entre eux se sont constamment préoccupés, à la lumière des enquêtes qu’ils font, des difficultés que rencontrent, à l’intérieur du pays, simples citoyens, PME/TRE, régions et secteurs, pour accéder à un financement bancaire.

C’est d’ailleurs en prévision de la création de cette banque que l’Union européenne (UE) avait mis à la disposition de la Poste tunisienne, en 2016, un don de 1 million d’euros. Ce financement est dédié au cofinancement de plans d’action visant la promotion des différents métiers de la Poste et l’amélioration de leur management.

Pour sa part, la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) soutient cette nouvelle banque même s’il s’agit, pour ses responsables néolibéraux, d’une banque publique.

La raison serait simple. En dépit d’éventuels problèmes de gouvernance qu’elle pourrait générer, à l’instar des établissements financiers publics, la Banque postale répond à un véritable besoin, celui de faire accéder d’importantes communautés, régions et secteurs non bancables à des financements appropriés.

Espérons seulement que les banques de la place ne verront pas dans cette nouvelle banque une concurrente soutenue par l’Etat mais plutôt une entreprise chargée d’une mission, à savoir celle de financer des PME, TPE et particuliers localisés dans les zones reculées du pays.

Ce même établissement financier qui, par l’effet de l’avantage du progrès technologique (Fintech) et de la proximité dont il pourrait jouir, va à coup sûr appâter une nombreuse clientèle.