Sommet de Djerba 2022 : Vers la Francophonie 4.0 ?

A n’en pas douter, le sommet numérique tient lieu de troisième poumon pour la Francophonie. Il traduit son souci de devenir. De même qu’il préfigure sa physionomie, à l’avenir.

Quand on prend sa lunette “Longue vue“ pour scruter l’avenir, on ne voit que du 3D, de l’IA, de l’IOT et tutti quanti. Donner un souffle à la Francophonie revient à lui trouver un codage numérique. Hors la digitalisation, point de salut. Tel serait l’esprit du Sommet numérique, un point culminant du 18ème Sommet de la Francophonie 2022. Djerba insuffle une nouvelle ambition au projet.

Francophonie
(c)Photo Anis MILI/webmanagercenter

 

Le Cogito numérique

Il y a eu, dès les premiers instants du Sommet numérique, cette adhésion unanime à la création d’un fonds des fonds francophone pour les IT. Désormais, les pays membres sont appelés à impulser une dynamique de digitalisation collective. Pour exister dans la sphère numérique et asseoir une identité propre, le moins serait de reproduire un GAFAM (entendez Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ou quelque chose qui lui ressemble.

En soi, le pari est surdimensionné. Cependant, la partie tunisienne suggère de commencer à faire de la “Digitalisation comparée“ à partir des expériences nationales. Ce serait un préalable pragmatique pour réaliser le basculement collectif. On y puiserait de la matière et y décèlerait de la méthode.

Un panel a été dédié à la question. Et l’expérience tunisienne en matière de rééquilibrage du marché du travail y fut exposée. Réanimer le marché du travail, notamment à l’adresse des diplômés de l’IT, formés à des connaissances non en ligne avec les exigences du marché, réanimerait l’embauche de cette catégorie de demandeurs d’emploi. Cela donnerait de l’espoir aux jeunes, mais aussi de l’expansion aux entreprises et du tonus à la croissance.

L’engagement de transversalité

Trois ministres ont participé au panel dédié à la question d’optimiser le rapport de l’enseignement, de la recherche et du développement à la conditionnalité de l’employabilité. Il s’agit du ministre des Technologies de la communication, celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et celui de l’Emploi et de la Formation professionnelle, lesquels se sont concertés avec des représentants de l’université, des start-up et des chefs d’entreprise lors de ce panel.

Une coordination au niveau des ministères a été amorcée, et cette transversalité est jugée incontournable. Le privé ainsi que l’associatif, ajoutera la cheffe du gouvernement, Najla Bouden qui a rejoint le panel en cours, y seront en permanence rattachés.

“Take it Easy“

Au cours de l’année 2020, rappelait la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, les jeunes en Francophonie ont émis, lors d’un large sondage, un vœu unique, à savoir que la Francophonie doit leur procurer un emploi.

Le meilleur levier qui donnerait du punch au marché du travail serait l’accélération de la digitalisation. Et son “Numéri-Code“ serait 4.0, point barre. Y a-t-il éventualité plus crédible qui activerait un nouvel ordre mondial partageux ? Avec un espoir pour la Francophonie de tirer son épingle du jeu.

On prévient que cela nous mettrait en compétition frontale avec les GAFAM et la suprématie de l’anglophonie. La partie n’est pas aisée. Et c’est là où il convient de rajouter, avec un zeste de perfidie, tel un cri de guerre : “Francophonie… Try your Best“, et cela quoi qu’il en coûte. Ce qui signifie en français courant “What ever it Takes“. “Reconquérir la langue française’’, selon le souhait du président français, Emmanuel Macron, n’est pas un pari gagné d’avance. Autant rester optimiste et “Take it Easy“.

De notre envoyé spécial à Djerba