Près de six entreprises tunisiennes sur dix se disent “insatisfaites” du degré de digitalisation de l’administration publique, certaines se disant même “très insatisfaites”. C’est ce que révèle une enquête intitulée “La perception des services digitalisés de l’administration publique tunisienne par les entreprises privées” publiée mardi 27 septembre 2022 à Tunis.

Commandée par le Centre des jeunes dirigeants (CJD), en collaboration avec la Fondation allemande Konrad Adenauer-Stiftung (KAS), cette enquête a été menée auprès de 1 201 responsables et chefs d’entreprise ayant un effectif de six employés et plus, durant la période du 9 mai au 17 juin 2022.

Selon Youssef Medded, DG de l’Institut de sondage “One to One” qui a questionné des entreprises opérant dans les secteurs de l’industrie (42,2%), des services (33,7%), du commerce (21,4%) et de l’agriculture (2,7%) réparties sur l’ensemble des régions du pays, plus de huit sociétés sur dix trouvent que le niveau d’information lié aux services digitaux fournis par les administrations tunisiennes est “insuffisant”.

D’autre part, l’infrastructure internet est perçue par une grande majorité (82,1%) comme un obstacle au moins modéré à la réussite des services digitalisés.

La suppression de la légalisation des signatures reste une priorité

A la question de savoir si “les entreprises sont satisfaites des services administratifs digitalisés durant les douze derniers mois”, Meddeb a déclaré que près de 78% des personnes sondées assurent être “satisfaites” de ces services, mais seulement 22% sont “très satisfaites”.

D’après lui, les principales raisons d’insatisfaction à l’égard de ces services sont le fait de devoir se déplacer à l’administration (42,7%), la lourdeur des plateformes offrant les services digitalisés (32,3%), le manque d’information (28,3%) et la difficulté d’utilisation (24,7%).

Pour améliorer ces services et réussir la digitalisation de l’administration publique tunisienne, les dirigeants des entreprises estiment qu’il est urgent d’installer une infrastructure technologique appropriée (43,5%), de sensibiliser à l’usage des services en ligne via des campagnes de communication (36,3%) et pallier ainsi le manque d’informations. Ils recommandent également d’instaurer le caractère obligatoire du service en ligne au sein des administrations (28,7%).

En leur demandant quel service devrait être digitalisé en priorité, la suppression de la légalisation des signatures et de la certification conforme à l’original viennent en tête avec 72,4%.

Pour la sixième année consécutive, cette enquête lancée depuis 2016, démontre que l’administration publique reste encore perçue comme un facteur principal dans la dégradation du climat des affaires et comme un obstacle entravant le développement des entreprises en Tunisie.

Les résultats de cette nouvelle édition montrent que près de 60% des entreprises sont encore insatisfaites des différents services de l’administration publique. Leur priorité reste la digitalisation pour 46,1% d’entre elles, l’amélioration de la qualité de prise en charge par le personnel (25,6%) et la clarification des procédures (12,3%).