Production El Téatro 2022, la pièce ” Ad libitum ” de Taoufik Jebali dans la conception, la dramaturgie et la mise en scène présentée hier en première et à guichets fermés à l’ouverture de la 56ème édition du Festival international de Hammamet (FIH) en présence de la ministre des Affaires culturelles, Hayet Guettat Guermazi, a porté au plus haut tout l’univers de l’aventure d’El Teatro avec son hommage à la mémoire de sa co-fondatrice Zeyneb Farhat, décédée le 18 mai 2021.

Et après son œuvre ” Trente ans déjà, avec laquelle il a signé l’ouverture de la 53ème édition du festival, Jebali revient pour cette 56ème avec ” Ad Libitum ” en choisissant cette expression latine qui signifie littéralement “Jusqu’à ce que (je) sois pleinement satisfait”, ou “A volonté”. L’expression se réfère aux partitions et figure souvent sous sa forme abrégée ” ad lib “.

Se voulant innovant, le spectacle met en valeur les composantes de la scène dans ses moindres détails où voix, instruments, gestes, jeu, décors, costumes et lumières, sans prendre leur autonomie sémiologique, s’entremêlent étroitement au cours d’une évolution commune.

Ce travail réalisé avec la collaboration artistique de Naoufel Azara, Amel Laouini et Walid Ayadi a réuni pour acteurs et actrices Naoufel Azara – Issam Ayari – Med Saber Oueslati – Yasmine Dimassi – Walid Ayadi Amel Laouini – Syrine Ben Yahia – Ichrak Matar – Ahmed Aliouine – Mahmoud Essaidi Mehdi Midani – Mohamed Amine Harbaoui – Badri Mimouna – Wassim Trabelsi- Fatma Sfar- Badii Boussaidi.

Avec la participation spéciale du musicien Adel Bouallegue, le spectacle a donné à voir du théâtre instrumental, où les récits en mouvements et gestes vont s’enchaîner, les histoires s’entremêler et s’assembler comme un puzzle, à faire éclater la réalité, dépeindre la vie et mettre en relief le désarroi dans les ronces inextricables de la vie et de son croisement avec les chemins du théâtre.

Dans cette nouvelle pièce, Taoufik Jebali se base sur l’art de raconter comme un jeu sans fin. Profitant du théâtre de plein air de Hammamet, le metteur en scène a déployé ses protagonistes pour envahir tous les espaces en rembobinant un passé pas très lointain mais que le temps semble peaufiner, faisant dialoguer passé perdu et présent solitaire, dans une stupéfiante économie de mots et de gestes.

Dans cette création où la musique est l’écho d’un langage universel, Jebali livre toujours une interprétation d’une justesse et d’une subtilité à couper le souffle de sujets politiques, sociaux… le tout présenté dans un jeu déroutant, poétique mais aussi drôle, émouvant, palpitant où l’on assiste à un bilan morose dans un climat oppressant baigné d’un jeu de lumière captivant et où seule la musique peut contenir la douleur et la blessure sacrée.