Beaucoup de gens nous le disent, la Tunisie est attirante par l’accueil de ses habitants, sa culture, la beauté de sa nature et de ses paysages. Cependant, pour les investisseurs qui sont obligés de passer par la case administration, c’est une autre paire de manche : ils y trouvent souvent une Tunisie répulsive. C’est le cas notamment dans le secteur des hydrocarbures. Et ce contrairement à tout bon sens.

Oui, nous devons l’admettre, le secteur des mines en général, ici ou à ailleurs, est très complexe, mais vu la situation par laquelle passe notre pays, l’administration devrait être moins tatillonne en matière de permis pour les compagnies pétrolières, notamment les moyennes et petites, car ce sont elles qui s’intéressent à notre sous-sol. Certaines d’entre elles beaucoup par la proximité de notre pays avec l’Europe.

Nous avons eu vent des difficultés administratives auxquelles fait face la société pétrolière canadienne Zenith Energy en Tunisie.

Il faut juste rappeler au passage que, depuis 2011, la Tunisie est confrontée à deux phénomènes majeurs : une instabilité politico-sociale et une rigidité du pouvoir législatif dans la gestion du secteur énergétique – avec son lot de grèves et de blocages anarchiques de la production. Mais contre tout bon sens, ceci se produit au moment même où la rentabilité des petits gisements n’a jamais été aussi faible, ce qui du reste a conduit à la fuite des grandes compagnies pétrolières internationales, les unes après les autres. Elles ne nomment ENI, EnQuest, Shell, Petrofac, MEDCO, Gulfsands Petroleum, parce que le secteur des hydrocarbures n’est plus rentable pour elles.

Les petites et moyennes compagnies à la rescousse

Cependant, leur départ est certes une perte en termes financiers et d’emplois pour le pays, mais pas catastrophique si notre administration se montrait souple, car d’autres moyennes et petites compagnies s’intéressent justement au sous-sol tunisien. Elles considèrent le départ des grandes compagnies “peut“ faire leur bonheur.

Loin de nous faire un cadeau, elles estiment pouvoir rentabiliser leur investissement à travers les moyens ou petits gisements qui existent en Tunisie. Et même socialement, nous dit-on, elles ne sont pas mal loties.

C’est le cas entre autres de la canadienne Zenith Energy qui a déjà opéré, en l’espace de quelques mois, plusieurs acquisitions stratégiques en Tunisie, avec une forte ambition : devenir un producteur de premier plan d’hydrocarbures pour les prochaines années en Tunisie. Il s’agit d’une compagnie pétrolière respectable, d’autant plus qu’elle est cotée à la prestigieuse Bourse de Londres, avec un rating international B.

Beaucoup d’acquisitions

Dans cette optique, nous apprenons que Zenith Energy a acquis la totalité des actions détenues par le Groupe Candax dans le capital de la compagnie Ecumed Petroleum Zarzis, titulaire de la concession d’exploitation Ezzaouia, conjointement avec l’Entreprise tunisienne des activités pétrolières (ETAP) à hauteur de 45%.

Par la suite, Zénith Energy a acquis la totalité des actions détenues par le Groupe Candax dans le capital de la société Ecumed Petroleum Tunisia Ltd, titulaire de deux concessions d’exploitation, en l’occurrence Robbana (Djerba) et El Bibibane (au large du port de Zarzis dans le golfe de Gabès) à hauteur de 100%.

Et ce n’est pas tout. La compagnie a également acquis 100% du capital social de la CNPCI Tunisia, une filiale du China National Coorporation qui a été renommé entretemps “Canadian North Africain Oil. and Gaz“ (CANOG), titulaire de la concession d’exploitation Sidi El Kilani, conjointement avec l’Entreprise tunisienne des activités pétrolières et KUFPEC, ainsi que d’une participation à hauteur de 22,5% dans le permis de Kairouan-nord.

Jusque-là tout semble se dérouler normalement. Sauf que cet engagement massif et consistant d’investir dans des moyens de gestion technique en vue de la réhabilitation de son champ de Sidi-Kilani, et de la réalisation de nouveaux forages pour dynamiser progressivement sa production, Zenith Energy ferait face, selon nos informations, et depuis de nombreux mois à la bureaucratie et à la rigidité de l’administration tunisienne qui, nous dit-on, bloque son évolution et ses investissements dans notre pays.

Voilà un autre non-sens de notre administration qu’on évoquait plus haut, alors que le bon sens, lui, commande que, par ces temps de crise de tout genre, tout devrait être fait et même accéléré non seulement pour retenir les investisseurs qui sont sur place en Tunisie mais en attirer d’autres.

Attention au diagramme de Pareto

Très justement, si l’on parlait du diagramme de Pareto, graphique représentant l’importance de différentes causes d’un phénomène ? En effet, l’intérêt que portent à la Tunisie les petites et moyennes compagnies pétrolières va en diminuant si elles ne peuvent pas rentabiliser leur mise plus ou moins rapidement, si la délivrance de leur permis dure des mois voire des années, dans ces conditions elles n’auront plus une raison d’investir en Tunisie.

Car malheureusement, Zenit Energy n’est pas la seule compagnie qui soit confrontée à ce problème de rigidité de l’administration et des délais d’attente qui découragent plus d’un. Or, les investisseurs étrangers dans le domaine de l’énergie ne demandent ni plus ni moins que les process soient simplifiés pour encourager les petites et moyennes entreprises énergétiques à venir s’installer en Tunisie.

Du reste, il y va de l’intérêt de la Tunisie qui a plus que jamais besoin de toutes ses ressources naturelles pour augmenter sa production nationale de pétrole et de gaz et diminuer ainsi son déficit énergétique qui ne cesse de s’aggraver avec tout ce que cela engendre comme conséquence sur l’économie du pays.

Face à cette rigidité de l’administration tunisienne qui décourage tout investisseur dans quelque domaine que ce soit et qui souhaite s’établir en Tunisie, une prise de conscience politique s’impose, notamment au sommet de l’Etat, à savoir la présidence du gouvernement et la présidence de la République.

Tallal BAHOURY