Le changement climatique a un impact majeur et croissant sur le cycle de l’eau, parcours de l’eau sur l’ensemble de la planète. L’augmentation globale de la température moyenne sur la terre a des impacts directs sur le cycle de l’eau, en particulier en ce qui concerne l’évaporation et les précipitations.

Pour s’adapter à ce contexte climatique, la Tunisie, pays classé pauvre en eau avec une moyenne de 430 m3 par habitant/an, et où les effets des changements climatiques sont de plus en plus perceptibles, doit opter pour des solutions qui aideraient à réduire les pertes d’eau à travers l’évaporation et aussi les pertes des eaux de ruissellement (eaux vertes), recommande Raoudha Gafrej, experte en eau et en adaptation au changement climatique.

Gafrej, qui intervenait, jeudi, 16 décembre 2021, à une rencontre sur la thématique de l’eau, organisée par le “Club ATUGE durable”, a aussi appelé à mieux gérer les ressources en eaux renouvelables dites “bleues”, c’est-à-dire celles dans les barrages et les nappes, dont la plus grande quantité est utilisée en Tunisie pour satisfaire les besoins en eau potable, en industrie, et dans le tourisme.

L’eau et la sécurité alimentaire indissociables “En Tunisie, la plupart des terres agricoles qui assurent la production alimentaire, est irriguée par la pluie, d’où provient la menace de notre sécurité alimentaire pendant les années de sécheresse”, a développé Raoudha Gafrej, relevant que seulement 8% des ressources en eaux renouvelables dites “bleues”, est utilisée pour irriguer l’agriculture.

Elle prévient, par ailleurs, que le cycle d’eau dans le pays est perturbé par l’activité humaine, l’urbanisation et la création des périmètres irrigués et des ouvrages de mobilisation de l’eau.

“La solution ne réside pas dans le dessalement des eaux de mer, mais plutôt dans la gestion de la situation hydrique dans le cadre d’une vision globale qui prend en considération le compte global de l’eau, c’est à dire l’eau verte, l’eau bleue (eau renouvelables), et l’eau échangée en termes d’importation et d’exportation”, estime l’experte.

A titre d’exemple, la Tunisie exporte l’huile d’olive pour acheter des céréales (60% des besoins du pays en céréales sont importés). “Une éventuelle disparition de ce capital d’huile d’olive engendrera des problèmes et même une crise alimentaire”, avertit Gafrej, estimant que “le problème n’est pas de trouver de l’eau à boire, mais d’assurer la sécurité alimentaire en garantissant des quantités énormes en eaux vertes, en assurant une bonne gestion des ressources disponibles et en utilisant uniquement l’eau renouvelable (eau bleue) car elle se renouvelle chaque année avec la pluviométrie.

Dans sa Contribution déterminée au niveau national (CDN) actualisée (2021), la Tunisie prévoit dans son plan de résilience hydrique, trois priorités. Il s’agit d’améliorer la gestion quantitative et qualitative des ressources eaux conventionnelles face aux impacts du changement climatique, rendre massive l’utilisation maîtrisée des eaux non conventionnelles pour faire face à la raréfaction de la ressource sous effet du changement climatique et renforcer les capacités techniques, scientifiques et institutionnelles des acteurs de l’eau à s’adapter au changement climatique.

Plus de huit (8) programmes sont prévus dans ce cadre, dont notamment le programme de mobilisation et de gestion des eaux de surface, de collecte de l’eau pluviale et de recharge artificielle des nappes, le programme de préservation et reconquête de la qualité des ressources en eaux face aux impacts du changement climatique et aux différentes formes de pollution, le programme national de mise en place de réseaux intelligents d’eau potable et un projet pilote pour l’équipement de 140 Systèmes d’approvisionnement en eau potable et de Groupements de développement agricole (SAEP/GDA) par de l’énergie solaire, soit l’équivalent de 700 Kw.